Conflit au Proche-Orient Au Liban, l'armée israélienne combat sur un terrain très difficile

ATS

12.10.2024 - 18:24

Israël lance sa quatrième offensive terrestre dans le sud du Liban en cinq décennies. Ses troupes sont de nouveau confrontées à un terrain accidenté, piégé et parsemé de caches.

Après plus de onze mois d'affrontements transfrontaliers, l'armée israélienne a intensifié ses frappes aériennes contre le Hezbollah et est désormais engagée dans une offensive terrestre, différente de celle menée dans l'environnement urbain plat de Gaza (image d'illustration).
Après plus de onze mois d'affrontements transfrontaliers, l'armée israélienne a intensifié ses frappes aériennes contre le Hezbollah et est désormais engagée dans une offensive terrestre, différente de celle menée dans l'environnement urbain plat de Gaza (image d'illustration).
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Après avoir pilonné la bande de Gaza pendant près d'un an, les forces israéliennes ont entamé le 30 septembre ce qui a été initialement présenté comme des incursions terrestres ciblées pour repousser les combattants du mouvement islamiste Hezbollah au Liban.

Affirmant agir en soutien au Hamas, le Hezbollah pro-iranien a ouvert un front contre Israël à partir du sud du Liban le 8 octobre 2023, au lendemain de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël ayant déclenché la guerre à Gaza.

Après plus de onze mois d'affrontements transfrontaliers, l'armée israélienne a intensifié ses frappes aériennes contre le Hezbollah et est désormais engagée dans une offensive terrestre, différente de celle menée dans l'environnement urbain plat de Gaza.

Selon Jonathan Conricus, qui a combattu au Liban et servi d'officier de liaison israélien auprès des forces de maintien de la paix de l'ONU de 2009 à 2013, la zone de combat est «bien plus vaste» et «la topographie est très difficile pour une force d'invasion».

Un «enfer pour votre armée»

«La capacité de manoeuvre est limitée aux routes existantes et tous les chemins traversent un milieu urbain. Le terrain permet également à l'ennemi (...) d'utiliser des missiles antichars et des EEI (engins explosifs improvisés)», ajoute pour l'AFP M. Conricus, qui travaille aujourd'hui pour la Fondation pour la défense des démocraties à Washington.

Miri Eisen, ex-officière de renseignement israélien au Liban, se souvient de collines escarpées et de ravins lors de l'invasion israélienne en 1978.

«Dès que vous traversez la frontière, vous descendez et vous remontez brutalement», raconte-t-elle à l'AFP.

«Il y a des rochers qui peuvent être utilisés comme des cachettes et il y a des zones que l'on ne peut pas traverser avec des véhicules. Il est également difficile d'y marcher», se rappelle Mme Eisen, désormais à l'Institut de lutte contre le terrorisme de l'université israélienne Reichman.

Le Hezbollah aurait aussi construit un réseau de tunnels souterrains creusés dans les collines et créé des ouvertures cachées dans des maisons, selon des experts israéliens.

Les guerres menées par Israël au Liban ont toujours eu le même objectif: assurer la sécurité à sa frontière nord.

Après une première opération contre l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1978, les troupes israéliennes ont envahi le pays quatre ans plus tard dans le cadre d'une offensive qui visait à nouveau l'OLP, et durant laquelle elles ont brièvement assiégé Beyrouth. Elles sont ensuite restées 18 ans dans le pays.

C'est au cours de cette période d'occupation que le Hezbollah est né et il n'a cessé depuis de combattre Israël.

En 2006, l'armée israélienne a lancé une offensive terrestre contre le Hezbollah, une guerre considérée comme un échec pour Israël, qui a recensé 160 morts, majoritairement des militaires.

Quelques jours avant son assassinat dans une frappe israélienne le 27 septembre dernier, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait mis en garde son ennemi juré contre toute tentative de création d'une zone tampon dans le sud du Liban.

«Cette ceinture de sécurité se transformera (...) en enfer pour votre armée», avait-il averti.

«Embuscades, pièges, explosifs»

L'armée israélienne et le Hezbollah se sont transformés depuis leur dernière confrontation ouverte, estiment des experts.

Les spécialistes militaires israéliens se sont penchés sur les échecs de 2006 pour en tirer des leçons.

«L'armée israélienne surveille la menace du Hezbollah depuis des années et avec les combats contre le Hamas (à Gaza), elle a eu onze mois supplémentaires pour se préparer contre le Hezbollah», a déclaré Miri Eisen.

Le Hezbollah bénéficie depuis plusieurs années de transferts d'armes en provenance d'Iran, notamment de missiles balistiques, et nombre de ses troupes sont aguerries par les combats menés en Syrie pour soutenir le régime de Bachar al-Assad.

Le mouvement libanais opère «de manière décentralisée», comme une armée de guérilla, ce qui lui permet de riposter dans le sud, estime Rabha Saif Allam, du Centre d'études stratégiques du Caire.

«L'hypothèse selon laquelle frapper les dirigeants et les communications (du Hezbollah) paralyserait le mouvement est erronée», a-t-elle déclaré à l'AFP.

Mounir Chehada, ancien coordinateur du gouvernement libanais pour la Force intérimaire des Nations unies au Liban, a affirmé à l'AFP que le Hezbollah disposait d'un stock important de missiles antichars et d'autres armes.

«Il ne les utilise pas encore. Il compte sur les embuscades, les pièges et les explosifs contre les forces qui avancent», a-t-il dit.

ATS