En retrait depuis la mort de son père début janvier, la cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen se dit «fauchée par le chagrin» et peine à retrouver pleinement la lumière, ses proches craignant pour elle l'échéance du 31 mars, lorsque la justice décidera en partie de son avenir politique.
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Elle avait choisi Hénin-Baumont, sa terre d'élections du nord de la France, pour sa première apparition publique depuis la messe parisienne d'hommage à Jean-Marie Le Pen, dix jours plus tôt.
Mais dimanche, Marine Le Pen est apparue tout en noir et le visage affecté. «Face aux épreuves, l'énergie (du peuple) est mon bien le plus précieux», a-t-elle lancé lors de cette cérémonie de vœux, sans s'attarder.
«C'est pas facile. Elle ne dit rien. Et revenir, pour elle, c'est difficile», observe un proche, quand un député notait à l'issue d'une réunion en début de semaine qu'"aujourd'hui, ça avait l'air d'aller un peu mieux... mais c'est compliqué". Jugée pour des soupçons de détournement de fonds publics européens, elle sera fixée le 31 mars sur son sort et son éventuelle inéligibilité.
A l'Assemblée nationale, tout le monde a remarqué qu'elle est «ailleurs». «J'ai essayé de faire des blagues. Ça ne prenait pas», raconte un député. Le même, après un long silence: «Dans les jours à venir, il ne faudra pas ne rien faire. Il ne faudrait pas qu'elle ne s'en remette pas».
«Culpabilité»
La mort du fondateur de l'extrême droite française moderne avait toujours été un tabou, au sein des troupes du parti Rassemblement national (RN), qui s'interdisaient d'aborder le sujet.
Lorsque Jean-Marie Le Pen succombe, le 7 janvier, à l'âge de 96 ans et après plusieurs alertes de santé, Marine Le Pen apprend la nouvelle incidemment par une dépêche de l'AFP dans un avion qui la ramène de Mayotte, lors d'une escale technique à Nairobi.
«Un point commun avec la reine d'Angleterre», tente-t-elle d'en sourire lors d'un entretien au JDNews quelques jours plus tard - Elisabeth II avait été informé du décès de George VI alors qu'elle se trouvait au Kenya.
Dans cette même interview, Marine Le Pen explique surtout qu'elle «ne (se) pardonnera jamais» la décision d'avoir exclu son père du Front national (ex-RN) en 2015, «parce que je sais que cela lui a causé une immense douleur».
Réhabilitation politique de celui dont la carrière a été jalonnée de provocations racistes ou antisémites condamnées par les tribunaux? «Pas du tout, elle se situait sur le terrain personnel», jure l'un de ses conseillers.
Sans dissiper l'embarras: «Dès lors qu'il y a un flou, je me suis dit qu'on aurait dû mieux préparer l'interview: il aurait été préférable d’éviter tout ambiguïté», déplore un député.
Mercredi soir, lors d'une émission sur LCI enregistrée le matin dans son bureau de l'Assemblée nationale, celle qui avait pris les rênes du FN en 2011 a répété que s'il était «utile» d'exclure son prédécesseur, «je me poserai toujours la question de la légitimité qui était la mienne».
«Je conserverai toujours cette forme de culpabilité et de tristesse. Est-ce que mon père me manque? Oui», ajoute-t-elle, en se disant «fauchée par le chagrin».
«Fatalité»
«Elle se refait le film, parce que pendant plusieurs années ils ne sont pas parlé. Maintenant il est mort, c'est du temps perdu, humainement, c'est pas simple», tente de décrypter un intime, rappelant l'alternance «des périodes de haine et d'amour» entre les deux.
Si les obsèques et la cérémonie d'hommage de Jean-Marie Le Pen se sont déroulées sans anicroche, «la préparation a été compliquée», atteste par ailleurs un proche.
La prise de parole de la petite-fille Marion Maréchal lors de la messe au Val-de-Grâce, aux accents de discours politique, a été peu appréciée par la tante. Encore moins les applaudissement qui ont suivis. «Indigne: on était dans une église catholique en France, pas chez des protestants aux Etats-Unis», cingle un «mariniste».
Mais c'est surtout une autre épreuve annoncée que redoute la garde rapprochée de Marine Le Pen, la décision du tribunal correctionnel de Paris, attendue le 31 mars.
«Comme pour la mort de Le Pen, le procès a été un sujet tabou, ça n'a pas été préparé, et on n'a pas su raconter une histoire. Et c'est pareil avec le jugement qui va arriver», désespère un député. Lequel, «superstitieux», dit ne s'en remettre désormais qu'à la «fatalité».
C'est qui Marine Le Pen ?
Marine Le Pen, figure marquante de la politique française, a repris les rênes du parti fondé par son père. Depuis, elle tente de réinventer le mouvement pour le rendre plus accessible, tout en restant une voix forte et controversée sur des sujets com
24.09.2024