«Enorme tristesse» Polnareff, Bruni, Attal: ils rendent hommage à Françoise Hardy

ATS

12.6.2024 - 06:59

La chanteuse Françoise Hardy est décédée à l'âge de 80 ans, a annoncé mardi soir son fils Thomas Dutronc. Avec son départ, c'est une artiste discrète, icône des sixties et figure de la chanson française à l'aura internationale, qui disparaît. Les hommages commencent à affluer.

Thomas Dutronc a annoncé son décès sur ses réseaux sociaux. «Maman est partie», a-t-il mis en ligne, avec une photo de lui enfant, auprès de sa mère.

«Comment lui dire adieu?» a posté sur ses réseaux sociaux Rachida Dati, ministre de la Culture, saluant une «légende de la chanson française». «Enorme tristesse. Elle m'a beaucoup inspiré...», a écrit le chanteur Michel Polnareff, tandis que la chanteuse Carla Bruni s'est fendue d'un «Bonjour tristesse. Repose en paix...»

«Icône française, voix singulière à la tranquillité farouche, Françoise Hardy aura bercé des générations de Français pour qui elle restera ancrée dans des moments de vie. Pour moi, c'est toute mon enfance»,a écrit sur X le Premier ministre français Gabriel Attal.

L'actrice Véronique Genest écrit: «Merci Françoise Hardy pour tout le bonheur que vous nous avez donné durant tant d’années . Reposez en paix». Patrick Bruel a écrit « Dans ces moments-là, les mots ont peu de sens mais toutes mes pensées Thomas».

Pour sa part, Anouchka Delon a écrit « Tout mon amour fort fort fort», quant à David Hallyday, il pense à la douleur de son ami Thomas et le soutient. «En ce moment inconsolable, je t'envoie par la pensée tout l'amour et le courage possible», ajoute le fils de Johnny Hallyday.

Pascal Obipo rappelle, en référence à son premier tube Tous les Garçons et les Filles, «Françoise, c'était le temps de l'amour». Jean-Michel Jarre a le même air en tête quand il rappelle: «Françoise, l'élégance de tes chuchotements harmonieux résonnera pour toujours dans le cœur des garçons et des filles de tout âge».

Etienne Daho, un proche de la chanteuse, a lui aussi oublié les longues phrases pour n'écrire, en majuscules, que FRANCOISE sur une photo en noir et blanc de l'artiste, datant des années 1960.

Julien Clerc, à côté d'une photo de lui et de Françoise Hardy, déclare: « Quelqu'un que j'aimais infiniment vient de partir. Repose en paix chère Françoise tu vas me manquer beaucoup.»

L'hommage de Julien Clerc à son amie Françoise Hardy.
L'hommage de Julien Clerc à son amie Françoise Hardy.
Capture d'écran Instagram/Julien Clerc

Didier Varrod, de Radio France, qui fut à l'origine d'un spectacle hommage en début d'année, lui adresse un message personnel: «Tu as fini par prendre le large... Tristesse infinie!! Toutes ces années passées ensemble... Comment te dire Hardy la beauté et l'immensité de ton œuvre. Je suis fier et ému d'avoir pu te rendre cet hommage de ton vivant».

Nagui est «tellement triste d'apprendre le départ de Françoise Hardy à jamais dans nos cœurs». Philippe Manœuvre a une formule définitive: «Françoise Hardy nous quitte. La pop est morte. Nous, les gamins des sixties, on avait tous la grande Françoise au cœur...»

Hors de France, où la chanteuse avait des fans parmi les plus grandes stars, de Bob Dylan à Mick Jagger en passant par Iggy Pop, les réactions arrivent. L'acteur américain Elijah Wood a écrit, en français, «Au revoir Françoise Hardy», de même que le chanteur britannique des Charlatans, Tim Burgess. Graham Coxon, du groupe Blur avec qui Françoise Hardy avait chanté, a partagé une simple photo en noir et blanc datant des sixties de la chanteuse, le sourire aux lèvres.

Qu'ils émanent de personnes célèbres ou anonymes, les hommages affluent du monde entier pour celle qui fut une icône pop et un symbole de l'élégance à la française.

Cancer

Françoise Hardy était l'unique représentante de la France dans le classement des 200 meilleurs chanteurs de tous les temps publié en 2023 par le magazine américain Rolling Stone,

Le cancer était apparu dans sa vie dès 2004, prenant plusieurs formes et lui faisant vivre un cauchemar. L'artiste avoue ainsi à Paris Match en 2023 qu'elle veut «partir bientôt et de façon rapide, sans de trop grosses épreuves, comme l'impossibilité de respirer».

Elle s'affichait pro-euthanasie, comme auprès de l'AFP en 2021: «Laisser quelqu'un d'incurable avoir des souffrances insupportables jusqu'à ce que mort s'ensuive est inhumain».

Quels souvenirs resteront? Son tube «Tous les garçons et les filles», sa voix délicate, le couple people intriguant qu'elle forma avec le chanteur Jacques Dutronc... Mais pas seulement. C'était aussi l'ambassadrice d'une élégance française et pop à l'international, un «idéal féminin» pour Mick Jagger, figure fantasmée pour Bob Dylan ou David Bowie.

Contradictions

Tout a commencé pour l'artiste en 1962 avec «Tous les garçons et les filles», qu'elle a écrit et composé, fait rare à l'époque. Ce titre devient instantanément un hit, avec plus de 2 millions d'exemplaires vendus. Elle a alors 18 ans, c'est son premier disque.

Elle a 18 ans, c'est son premier disque. Françoise Hardy, toute en contradictions, est là: elle perce en pleine vague yéyé mais ne correspond pas vraiment à cette étiquette. Dans cette période insouciante, sa mélancolie tranche: «Oui mais moi, je vais seule par les rues, l'âme en peine/oui mais moi, je vais seule, car personne ne m'aime».

Son physique androgyne et sa retenue sont également loin des formes et de l'exubérance d'une Brigitte Bardot. Mais elle préfigure les mannequins longilignes qui envahiront bientôt les podiums. Et elle fait rapidement la Une des magazines, photographiée en France par son petit ami de l'époque, Jean-Marie Périer, et à l'international par William Klein.

Elle a les cheveux longs, une frange – qu'elle gardera plus tard avec sa coupe à la garçonne – et porte à merveille les robes à lamelles, futuristes, signées Paco Rabanne.

«Message personnel»

Sa grande histoire d'amour s'appelle donc Dutronc, qui vient lui aussi de secouer les charts avec «Et moi, et moi, et moi» (1966). Ils auront un enfant, Thomas, lui même devenu chanteur. Mais leur relation est source de désillusions entre les infidélités de l'auteur des «Playboys» – liaison avec Romy Schneider – et la distance qu'il impose à celle qui devient sa femme.

Dans leur immeuble parisien, avant la séparation (sans divorce) ils vivent ainsi dans deux étages distincts... Cette vie conjugale douce-amère imprègnera toute son oeuvre, de «Message personnel», immense succès de 1973, composé avec Michel Berger, à «Personne d'autre», titre du dernier album éponyme en 2018.

Parmi les autres pépites, on peut, entre autres, citer «Mon amie la rose» (1964) ou «Comment te dire adieu» écrit par Serge Gainsbourg (1968). Ce morceau est une adaptation de «It hurts to say goodbye» par l'Américaine Margaret Whiting.

Mais c'est la version Hardy que reprendra – sur une rythmique dance – Jimmy Somerville, l'ancien leader de Bronski Beat, vingt ans plus tard.

«A l'affût des belles mélodies»

L'album «La question», ovni réalisé avec la Brésilienne Tuca, est un des disques de chevet du chanteur Etienne Daho, admirateur devenu ami de la chanteuse aux cheveux couleur neige, l'âge venu. «Le temps de l'amour» résonne dans le film «Moonrise Kingdom» de Wes Anderson et Morrissey, ex-leader de The Smiths ne passe pas une interview sans la citer.

Pas mal pour une jeune Parisienne – élevée avec sa soeur par une mère seule – qui n'a eu sa première guitare qu'à 16 ans et a poussé la première fois la porte d'une maison de disques après une petite annonce lue dans la presse.

«Toute ma vie, j'ai été à l'affût des belles mélodies. En écouter me met au septième ciel, confie-t-elle en 2018 à l'AFP. Les plus beaux thèmes mélodiques sont toujours mélancoliques ou romantiques». Elle disait aussi que chanter ne lui était pas naturel et a rapidement abandonné la scène.

«Epreuve considérable»

Cette férue d'astrologie parlait sans détour de son cancer. Et de l'idée de la fin. «La mort n'est que celle du corps, lequel est d'essence matérielle. En mourant, le corps libère l'âme qui est d'essence spirituelle. Mais il n'en reste pas moins que la mort du corps est une épreuve considérable et je l'appréhende autant que tout le monde», exposait-elle à l'AFP.

La France pleure Françoise Hardy, une de ses dernières icônes des sixties

La France pleure Françoise Hardy, une de ses dernières icônes des sixties

"Enorme tristesse", "voix singulière", "légende de la chanson française": la France pleurait mercredi la disparition de Françoise Hardy, une de ses dernières icônes des sixties, annoncée la veille.

12.06.2024

ATS