Peur sur la ville Mystère autour d'un quadruple meurtre d'étudiants dans l'Idaho

ATS

14.12.2022 - 07:46

Quatre étudiants tués dans une même maison, zéro suspect: un mois exactement après ces inexplicables meurtres dans une petite ville universitaire américaine de l'Idaho, la police patine. En parallèle, des milliers d'internautes jouent aux enquêteurs amateurs et l'énigme s'épaissit.

Il est 11h58, dimanche 13 novembre, quand les services de secours reçoivent un appel d'étudiants au 1122 King Road à Moscow, bourgade au milieu des collines de cet Etat rural du nord-ouest américain. Sur place, les policiers découvrent quatre cadavres: deux au premier étage, deux au second.

Les corps de Kaylee Goncalves, Madison Mogen, toutes deux 21 ans, Xana Kernodle et Ethan Chapin, 20 ans chacun et en couple, sont lardés de coups de couteau. Aucune trace de crime sexuel n'est relevée, mais certaines des victimes portent des blessures de défense.

Selon les premiers éléments de l'enquête, ces étudiants sans histoire ont été tués dans leur sommeil, sans que cela ne réveille leurs deux autres colocataires dans cette maison blanche de trois niveaux aux petites fenêtres.

Peur sur la ville

L'heure du crime est située entre 02h52, heure des derniers coups de fil relevés sur le téléphone de Kaylee Goncalves, et l'appel aux secours en fin de matinée. Tous avaient fait la fête la veille, un banal samedi soir étudiant.

Rapidement, une centaine d'enquêteurs de la police locale, de celle de l'Etat et du FBI sont mobilisés. Ils collectent 113 scellés, 4000 photographies et plus de 5000 éléments de preuve. Mais «il n'y a pour l'instant aucun suspect connu, aucune arrestation ni aucune arme retrouvée», résume la police sur son site Internet.

La liste des individus blanchis de tout soupçon est elle plus longue: les deux colocataires survivantes; un homme à capuche vu près de Kaylee Goncalves et Madison Mogen alors qu'elles achetaient à manger dans un «food truck» en sortant d'un bar, vers 01h30 du matin; celui qui les a conduites à la maison désormais maudite; les amis appelés le matin par les colocataires rescapées; un homme qui aurait suivi Kaylee plusieurs mois auparavant.

Le fait divers alimente la peur sur le campus de l'université de l'Idaho. De nombreux étudiants se sont réfugiés chez leurs parents, poursuivant leurs études à distance, loin d'une ville désormais recouverte de neige, où se sont multipliées les patrouilles de police et la sécurité autour des écoles.

Machine à rumeurs

L'angoisse est dopée par un discours fluctuant des autorités avares en informations. C'est un «crime passionnel», avait déclaré le maire de Moscow au lendemain des meurtres, avant de revenir sur ses propos. Le jour suivant, la police rassurait en affirmant qu'il n'y avait «pas de danger», l'attaque étant «isolée et ciblée», puis a rétropédalé, se faisant plus évasive.

Samedi, quatre semaines après, elle appelait encore le public à «se déplacer en groupe». Et puis, les enquêteurs se gardent de rendre publics de nombreux de détails: où ont été précisément retrouvées les victimes? Quelles sont leurs plaies? Quels traces, empreintes, échantillons d'ADN ont été collectés? Quelle est la teneur du premier appel aux secours?

Ces questions sans réponse ont enclenché en ligne une machine à rumeurs. Sur une branche du forum géant Reddit, des milliers d'apprentis enquêteurs élaborent toutes sortes de spéculations, dissèquent à leur manière des images de vidéosurveillance, voire se rendent sur place.

L'homme à la capuche aux côtés des deux filles près du «food truck», c'est lui, prétendent certains. Sa démarche est louche, ajoutent-ils, même si la police l'a écarté de la liste des suspects. C'est un tueur en série, un professionnel. C'est sûr, allèguent les autres. Des cagnottes appellent à lever des fonds pour aider une famille à recruter un enquêteur privé.

Et quid de cette Hyundai blanche recherchée par la police? Sur un groupe Facebook de plus de 75'000 membres dédié à l'affaire, une internaute la lie à un vol quelques jours auparavant et appelle la police, 996 commentaires pleuvent. Face à l'afflux d'appels concernant cette voiture, les autorités ont dû recourir à un centre d'appel fédéral.

La police consacre désormais l'essentiel de ses communiqués à démentir des hypothèses farfelues.

ATS