Mortalité infantile, contraception Les autres conséquences des interdictions d'avorter aux Etats-Unis

Relax

26.6.2024 - 19:44

(AFP) – Les restrictions ou interdictions d'avorter mises en place dans certains Etats américains peuvent avoir pour conséquence inattendue de réduire l'accès à la contraception et d'augmenter la mortalité infantile, ont alerté deux études publiées cette semaine dans une revue scientifique.

Une première étude, publiée mercredi dans la revue Jama, montre que dans les Etats où une interdiction d'avorter a été adoptée, on observe une baisse significative du nombre de pilules contraceptives.
Une première étude, publiée mercredi dans la revue Jama, montre que dans les Etats où une interdiction d'avorter a été adoptée, on observe une baisse significative du nombre de pilules contraceptives.
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26.6.2024 - 19:44

Ces études paraissent au moment où les Etats-Unis marquent cette semaine les deux ans d'une décision historique de la Cour suprême américaine, qui est revenue sur le droit fédéral à avorter en juin 2022, rendant ainsi à chaque Etat sa liberté de légiférer.

Une première étude, publiée mercredi dans la revue Jama, montre que dans les Etats où une interdiction d'avorter a été adoptée, on observe une baisse significative du nombre de pilules contraceptives et de pilules du lendemain dispensées par les pharmacies.

La pilule, prise chaque jour oralement, est la méthode de contraception hormonale la plus courante aux Etats-Unis. La pilule du lendemain est elle une contraception d'urgence prise rapidement après un rapport sexuel lorsqu'une autre contraception était défectueuse (préservatif déchiré...) ou manquante.

Pour leur étude, les chercheurs ont analysé plus de 143 millions de prescriptions entre mars 2021 et octobre 2023.

La baisse observée peut s'expliquer selon eux par la fermeture de cliniques de planning familial dans ces Etats, où se pratiquaient des avortements mais qui prescrivaient aussi des moyens de contraception.

Concernant la pilule du lendemain spécifiquement, une confusion sur sa légalité dans ces Etats peut aussi jouer, selon l'étude. Elle note que l'Agence américaine des médicaments (FDA) a récemment modifié l'étiquette de l'une d'elle pour souligner qu'il ne s'agissait pas d'une interruption de grossesse.

D'autres politiques visant à restreindre la contraception (en autorisant par exemple un pharmacien à ne pas la dispenser en raison de croyances religieuses personnelles) ont aussi pu jouer, selon l'étude.

Compte-tenu de l'importance de la contraception pour «prévenir le besoin d'avorter, des efforts pour augmenter et protéger l'accès à la contraception orale, notamment la contraception d'urgence, sont nécessaires, surtout dans les Etats où l'avortement est le plus restreint», concluent les chercheurs.

«Traumatismes familiaux»

Une autre étude, publiée lundi dans la même revue, a elle étudié les conséquences de restrictions à l'avortement sur la mortalité infantile.

Elle s'est concentrée sur une loi entrée en vigueur en septembre 2021 au Texas, et ayant limité l'avortement à environ six semaines de grossesse, sans exception pour les maladies congénitales.

Selon les chercheurs, les tendances observées dans son sillage peuvent donner de précieuses indications sur les possibles répercussions des restrictions adoptées par la suite, après la décision de la Cour suprême.

En analysant les certificats de décès, les chercheurs ont observé une hausse de 12,9% du nombre de décès de bébés de moins de 12 mois au Texas entre 2021 et 2022, contre 1,8% en considérant tous les autres Etats.

Les chercheurs ont également observé, toujours entre 2021 et 2022, une augmentation de 22,9% au Texas des décès de nourrissons liés à des maladies congénitales -- la principale cause de mortalité infantile.

«Ces résultats suggèrent que les politiques restrictives en matière d'avortement peuvent avoir d'importantes conséquences inattendues en termes de santé infantile, de traumatismes familiaux et de coûts médicaux», a commenté dans un communiqué Alison Gemmill, autrice principale de l'étude.

Le Texas interdit depuis complètement l'avortement, sauf en cas de danger pour la vie de la mère. La peur de poursuites conduit toutefois certains médecins texans à refuser d'intervenir même en cas de graves complications.

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