Boston Manifs pro-Palestine sur les campus: 100 interpellations 

ATS

27.4.2024 - 18:56

Une centaine de personnes considérées comme des manifestants pro-palestiniens ont été interpellées samedi dans une université de Boston. Leur campement «illégal» a été évacué par la police, dernier épisode d'un mouvement qui se généralise sur les campus américains.

La police nettoie un campement sur le campus de l'université Northeastern à Boston, tôt le samedi 27 avril 2024. (AP Photo/Michael Casey)
La police nettoie un campement sur le campus de l'université Northeastern à Boston, tôt le samedi 27 avril 2024. (AP Photo/Michael Casey)
KEYSTONE

27.4.2024 - 18:56

Parti il y a dix jours de l'université new-yorkaise Columbia, ce nouvel épisode de la vague de soutien aux Palestiniens et contre la guerre que conduit Israël dans la bande de Gaza s'est étendu à nombre d'établissements du pays.

Sur le campus de la Northeastern University à Boston, «environ 100 individus ont été interpellés par la police; les étudiants qui ont présenté leurs cartes de Northeastern U. ont été libérés (...) Ceux qui ont refusé de prouver leur affiliation ont été arrêtés», a indiqué l'université dans un communiqué publié sur X.

«Tuer des juifs»

L'établissement a ajouté que des «insultes antisémites violentes» telles que «tuer des juifs» avaient été proférées sur le campus la nuit dernière et que cela «allait trop loin». Un campement «illégal» de quelques tentes a été démantelé par des policiers de l'université et des forces de l'ordre locales en tenue anti-émeute, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.

«Ce qui a commencé il y a deux jours comme une manifestation étudiante a été infiltré par des organisateurs professionnels sans lien avec Northeastern U.», a dénoncé l'université. Les étudiants interpellés feront l'objet de «procédures disciplinaires» mais «pas de mesures juridiques».

A New York, la présidence de Columbia, épicentre du mouvement, a indiqué vendredi soir qu'elle avait renoncé à faire évacuer par la police un village de tentes de 200 personnes sur une pelouse de son campus. Mais elle a annoncé qu'un dirigeant du mouvement avait été interdit d'y entrer après des propos jugés antisionistes dans une vidéo.

Les tensions sont aussi montées d'un cran à l'université de Pennsylvanie, dont la présidente avait dû démissionner cet hiver après des déclarations devant le Congrès jugées ambiguës sur la lutte contre l'antisémitisme. La présidence a ordonné samedi le démantèlement immédiat d'un campement sur le campus après des «informations crédibles de cas de harcèlement et d'intimidation».

Policiers anti-émeute

Les images de policiers anti-émeute arrêtant des étudiants ont fait le tour du monde. Elles font écho au mouvement sur les campus américains lors de la guerre du Vietnam. Voire au souvenir douloureux lorsque la Garde nationale de l'Ohio avait ouvert le feu en mai 1970 sur le campus de l'université d'Etat de Kent, tuant quatre étudiants pacifiques.

Le mouvement de solidarité avec Gaza a pris une tournure très politique à sept mois de l'élection présidentielle américaine, entre allégations d'antisionisme et d'antisémitisme et défense de la liberté d'expression qui est un droit constitutionnel aux Etats-Unis.

Le pays compte le plus grand nombre de juifs au monde derrière Israël (quelque six millions) et aussi des millions d'Américains arabo-musulmans.

Cette semaine, à travers les Etats-Unis – notamment en Californie et au Texas – des centaines étudiants et activistes pro-palestiniens ont été interpellés et le plus souvent relâchés sans poursuites en justice.

Et dans ces rassemblements pour Gaza de nombreux étudiants juifs, souvent de gauche, soutiennent activement la cause palestinienne, keffieh sur les épaules, dénonçant aux aussi un «génocide» perpétré par Israël contre les Palestiniens.

Malaise et peur

Mais beaucoup d'autres étudiants juifs américains ont exprimé leur malaise, et même leur peur, face à des slogans qu'ils jugent antisémites.

Ainsi, Skyler Sieradzky, 21 ans, étudiant en philosophie et en sciences politiques à l'université George Washington de la capitale, a affirmé s'être fait cracher dessus en arrivant jeudi avec un drapeau israélien. «Ils nous traitent de terroristes, ils nous traitent de violents. Mais le seul outil dont nous disposons ce sont nos voix», avait déclaré de son côté une étudiante de Columbia.

ATS