«Empêcher l'évacuation!» Les anti-charbon manifestent, Greta Thunberg en tête

ATS

14.1.2023 - 15:02

Un cortège de milliers de manifestants mené par l'activiste suédoise Greta Thunberg marchait samedi vers le camp de Lützerath, dans l'ouest de l'Allemagne. Ils dénoncent l'extension d'une immense mine de charbon à ciel ouvert, dans l'ouest de l'Allemagne.

Des militants écologistes arrivés de toute l'Allemagne et d'Europe battent la campagne du bassin rhénan et chantent au son d'une fanfare, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Dans des blousons et K-way bariolés pour se protéger de la pluie battante, ils tendent des pancartes affichant «Stop au charbon», «Lützerath vit!». En tête du long cortège qui se déroule à travers des champs boueux, l'activiste climatique Greta Thunberg, bonnet et capuche sur la tête, vêtue d'un anorak noir.

Les manifestants convergent vers Lützerath depuis le nord et l'ouest, en soutien à la poignée d'irréductibles qui s'opposent à l'opération d'évacuation menée par la police dans le hameau, situé au bord de la mine.

En traversant la localité voisine de Keyenberg (ouest), les manifestants sont encouragés par des habitants aux fenêtres et dans les rues.

«La manifestation doit rester pacifique», défend l'un d'entre eux, M. Wangerin, 42 ans, se disant heureux de voir autant de participants. Il est venu soutenir le mouvement écologiste devant sa maison d'enfance.

Quelques échauffourées ont cependant éclaté en début d'après-midi entre des manifestants et la police qui tentent de les éloigner du hameau de Lützerath entouré de grillages, selon des journalistes de l'AFP.

Les organisateurs misaient sur la participation de dizaines de milliers de manifestants. La police attend 8.000 personnes.

A l'intérieur du camp encore occupé par une poignée d'activistes, les forces de l'ordre ont repris samedi les travaux de démantèlement et d'évacuation, déjà très avancés. Entre 20 et 40 militants se trouvaient encore sur place vendredi soir, selon une porte-parole de leur mouvement à l'AFP.

Des arbres ont été abattus, de nombreuses cabanes construites en hauteur par les activistes ont été vidées de leurs occupants, ces derniers étant escortés vers la sortie du site.

470 occupants évacués

L'ancien village, situé dans le bassin rhénan, entre Düsseldorf et Cologne, doit disparaître pour permettre l'extension d'une immense mine de lignite à ciel ouvert, l'une des plus grandes d'Europe, exploitée par l'énergéticien allemand RWE.

Mot d'ordre des manifestants: «Empêcher l'évacuation!», même si les heures du camp de Lützerath semblent désormais comptées.

L'opération d'évacuation, entamée cette semaine, a mobilisé des renforts de police venus de toute l'Allemagne et s'est à ce stade déroulée sans incident notable.

Onze policiers ont été blessés, dont deux avec des interruptions de travail. Quelques poursuites pénales ont été engagées pour avoir résisté aux forces de l'ordre et endommagé des biens.

Depuis le début de l'évacuation, les secours ont fait sortir environ 470 militants du hameau occupé, rapporte la presse allemande citant la police.

Tunnel

Deux militants se sont retranchés dans un tunnel sous terre, prêts à «s'enchaîner à des blocs de béton pour retarder l'évacuation», d'après un communiqué du mouvement.

«Notre tunnel est sûr, seule une action policière négligente peut nous mettre en danger ici», témoigne l'une des activistes présentes à l'intérieur.

Diverses opérations de désobéissance civile en soutien au mouvement ont été rapportées dans toute l'Allemagne au cours des derniers jours.

Vendredi à Berlin, des activistes encagoulés ont mis le feu à des poubelles et peint des slogans sur la façade de bureaux des Verts.

Le parti politique fait partie de la coalition du gouvernement du social-démocrate Olaf Scholz, accusé par les militants de les avoir trahis en signant un compromis avec RWE, permettant la destruction de Lützerath, dont les habitants ont été expropriés il y a plusieurs années.

Le gouvernement juge nécessaire l'extension de la mine pour la sécurité énergétique de l'Allemagne qui doit compenser l'interruption des livraisons de gaz russe, un motif impérieux que contestent les opposants selon lesquels les réserves de lignite sont suffisantes.

ATS