Coup de massue Les lotos en ligne auraient pu faire un carton: ils sont interdits

nt, ats

12.2.2021 - 10:20

Les lotos en ligne pourraient faire un carton. Mais la loi fédérale sur les jeux d'argent ne les autorise pas, sauf pour la Loterie romande. Plusieurs sociétés, dont le FC Crissier et l'entreprise coupdesac.ch qui avaient prévu un loto dimanche pour la Saint-Valentin, l'ont appris trop tard, à leurs dépens.

À l'occasion de réunions récréatives, les lotos sont de compétence cantonale. Dès qu'ils sont organisés en ligne, ils changent de statut pour endosser celui de jeux de grande envergure.(archives)
À l'occasion de réunions récréatives, les lotos sont de compétence cantonale. Dès qu'ils sont organisés en ligne, ils changent de statut pour endosser celui de jeux de grande envergure.(archives)
KEYSTONE

Après quelques expériences positives en famille, Yannick Carrard, muni d'une autorisation cantonale, organise un loto en ligne pour le club de football de son village, Polliez-Pittet, via Zoom. L'initiative qui réunit 200 à 300 personnes fait un tabac à mi-décembre, raconte-t-il à Keystone-ATS.

Il fait des émules. De nombreux clubs sportifs et sociétés locales lui font part de leur intérêt. «Beaucoup d'entre elles ont besoin de pouvoir payer leurs frais, de se renflouer en ces périodes de disette pandémique», observe M. Carrard.

Rectification cantonale

Le jeune entrepreneur fonde alors coupdesac.ch, une société qui a pour objectif de fournir une aide technique dans l'organisation de ces lotos en ligne. Le FC Crissier lui confie alors celle de son loto de la Saint-Valentin. Les lots prévus sont des bons acquis auprès des commerçants locaux afin de les soutenir. D'autres associations le mandatent également.

Le 18 janvier, Yannick Carrard reçoit l'aval de l'autorité cantonale, qui précise qu'une autorisation communale était encore nécessaire. Il l'obtient auprès des autorités de Crissier.

Mais, pour Yannick Carrard, c'est la désillusion quelques jours plus tard: le canton rectifie son message et lui signifie l'interdiction d'organiser des lotos en ligne, suite à des précisions venues de la Gespa, l'autorité intercantonale de surveillance des jeux d’argent.

Cadre fédéral intouchable

Sise à Berne, cette dernière explique qu'elle reçoit actuellement un nombre croissant d’informations selon lesquelles, dans les différents cantons, des petites loteries (tombolas, lotos, bingos) sont exploitées tout ou partie en ligne (par exemple via WhatsApp ou Zoom). Or, la loi fédérale n'autorise pas ce genre de pratique, relève Pascal Philipona, membre de la direction.

En présentiel, soit à l'occasion de réunions récréatives, de tels jeux sont de compétence cantonale. Dès qu'ils sont organisés en ligne, ils changent de statut pour endosser celui de jeux de grande envergure. En Suisse, les seules entités autorisées à les exploiter sont la Loterie Romande et son pendant alémanique Swisslos, précise le responsable.

Le cadre législatif le veut ainsi. La nouvelle loi sur les jeux d'argent entrée en vigueur début 2019 prévoit que les contrevenants s'exposent à des poursuites pénales, ainsi qu'à une peine pécuniaire jusqu'à 540'000 francs, voire plus si l'auteur agit par métier, avertit M. Philipona. Les cantons avaient deux ans depuis cette date pour adapter leur législation.

Très technique

Frédéric Rérat, chef de la police du commerce vaudoise, dit comprendre la déception des organisateurs. «Le sujet est extrêmement technique et nous n'avions pas imaginé à la base que de simples lotos pouvaient être considérés comme des jeux de grande envergure», remarque-t-il. Le canton a désormais adapté son site internet en conséquence.

Suite à cette «mauvaise» nouvelle, le FC Crissier a annulé mercredi son loto en ligne. «Tout avait été organisé dans le moindre détail», se désole Yannick Carrard. «La façon de gérer le bruit, les connexions, le crieur et même un service d'assistance téléphonique avait été mis en place à l'intention des seniors très friands de ce jeu convivial».

Les lotos sont connus pour attirer de nombreux afficionados, notamment en terres fribourgeoises, mais sont également fort appréciés dans les autres cantons romands. En raison de la pandémie, les sociétés locales ont dû renoncer à ces jeux qui leur permettent de rééquilibrer leurs finances.

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