Attaque meurtrièreLa Nouvelle-Orléans sous le choc - «Se saouler et noyer la douleur»
ATS
2.1.2025 - 08:40
Habitants et visiteurs de la Nouvelle-Orléans expriment leur effroi mercredi après une attaque meurtrière à la voiture-bélier qui a endeuillé les festivités du Nouvel An à Bourbon Street, une rue jusqu'ici célèbre pour son esprit festif.
Keystone-SDA
02.01.2025, 08:40
02.01.2025, 08:47
ATS
Plusieurs pâtés de maisons du «Vieux Carré», le quartier français historique de la ville, ont été bouclés après l'attentat au cours duquel, selon les autorités, un ancien militaire américain a précipité son véhicule sur des piétons, faisant au moins 15 morts avant d'être tué par la police.
«Nous sommes tous engourdis», déclare à l'AFP Ken Williams, un chef cuisinier créole qui a grandi à la Nouvelle-Orléans et travaille également comme vendeur de bonbons dans le quartier habituellement très animé.
«Tout le monde est choqué par ce qui s'est passé», ajoute l'homme de 65 ans. «Certaines personnes vont essayer de se débarrasser de l'effroi en buvant, vous savez?»
M. Williams s'estime chanceux d'être rentré chez lui vers 01H30 du matin mercredi, soit 90 minutes avant le début du carnage.
Dwayne Perkins, 22 ans, avait décidé de rester tard et raconte avoir vu le pick up descendre Bourbon Street à grande vitesse, semant la destruction dans son sillage.
«Si les policiers avaient fait leur travail hier soir, cela ne serait jamais arrivé», fustige M. Perkins, qui vit à la Nouvelle-Orléans. Il reproche aux forces de police d'avoir autorisé un véhicule privé à pénétrer dans une rue réservée aux piétons en période de fête.
Sa manière de surmonter le traumatisme? «Se saouler et noyer la douleur» de la tragédie dont il a été témoin.
Le «Vieux Carré» regorge traditionnellement d'amateurs de musique live et de galeries d'art. C'est aussi le temple de la fête à la Nouvelle-Orléans, mondialement réputé pour ses fêtes débridées.
La nuit de la Saint-Sylvestre a été particulièrement animée, les fans de sport ayant rejoint la foule des fêtards à l'approche d'un grand match de football universitaire, le Sugar Bowl, dont le coup d'envoi devait être donné le soir même.
Des dizaines de milliers de supporters de l'Université de Notre Dame et de l'Université de Géorgie avaient convergé vers la ville, remplissant les rues et les bars du quartier français avant le début du match, qui a été décalé de 24 heures.
«Impact économique»
Jill Davenport, une habitante de Richmond, en Virginie, explique à l'AFP qu'elle et sa famille, après avoir regardé les feux d'artifice du Nouvel An, avaient l'intention de se rendre au «Vieux Carré» pour y écouter de la musique live.
Finalement, «le bon sens l'a emporté à une heure du matin» et ils sont rentrés à l'hôtel. «Nous avons beaucoup de chance d'avoir pris cette décision.»
«On a l'impression que ces tragédies sont de plus en plus fréquentes, et c'est effrayant», souffle-t-elle.
Mme Davenport, 55 ans, exprime sa tristesse pour les familles des victimes, mais aussi son inquiétude pour les bars et les autres commerces qui dépendent fortement du tourisme.
«Cela a un impact économique considérable sur cette ville... La fermeture soudaine de ces restaurants et de ces bars pourrait leur être fatale», selon elle.
Pourtant, les bars situés à l'extérieur des pâtés de maisons où le FBI menait son enquête attiraient encore les clients. Les supporters de football se promènent encore dans les rues. Dans une ruelle voisine, un accordéoniste fait résonner quelques notes de zarico, un genre musical apparu en Louisiane dans les années 30.
Un musicien de rue, qui a demandé à ne pas être nommé, témoigne d'un coup dur pour les affaires.
«Nous devrions gagner de l'argent» à cette époque de l'année, déplore-t-il. Au lieu de cela, les foules ont diminué.
Aujourd'hui, il s'inquiète pour sa ville, où il n'aurait jamais pu imaginer une attaque aussi meurtrière, «pas même en un million d'années».
M. Williams, le chef cuisinier, estime que la Nouvelle-Orléans «va devoir changer» en renforçant considérablement ses mesures de sécurité pour pouvoir accueillir des événements majeurs tels que Mardi Gras, le Jazz Fest et, le 9 février, le championnat de football américain Super Bowl.
«La vie de trop de personnes est en jeu», confie-t-il.