Viols de Mazan «Il m'a dit que c'était un scénario» - Un accusé refuse de prononcer le mot «viol»

AFP

17.10.2024

Pressé de toute part, y compris par Dominique Pelicot, l'un des accusés du procès des viols de Mazan s'est néanmoins refusé à prononcer le mot «viol», qui ne «le représente pas», jeudi devant la cour criminelle de Vaucluse.

Dominique Pelicot, 71 ans, a reconnu avoir drogué son épouse Gisèle de 2011 à 2020, à son insu, afin de la violer et de la faire violer par des dizaines d'hommes recrutés sur internet.
Dominique Pelicot, 71 ans, a reconnu avoir drogué son épouse Gisèle de 2011 à 2020, à son insu, afin de la violer et de la faire violer par des dizaines d'hommes recrutés sur internet.
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En pull rayé et légèrement vouté à la barre, Cyprien C., un chauffeur routier de 43 ans qui comparaît libre, «ne conteste pas les faits», à savoir s'être livré en novembre 2017 à des pénétrations sur Gisèle Pelicot, préalablement endormie à coup d'anxiolitiques administrés à son insu par son mari Dominique.

Des faits qu'il dit «regretter» et pour lesquels il «voudrait demander pardon» à Gisèle Pelicot, présente sur le banc des parties civiles, impassible comme depuis le début de ce procès emblématique de la soumission chimique à Avignon le 2 septembre.

«Je ne peux pas dire que c'est un viol»

«Et sur le viol, vous reconnaissez?», l'interroge une première fois le président de la cour, Roger Arata.

«Je ne peux pas vous répondre. Il m'a dit que c'était un scénario, qu'elle ferait semblant de dormir», répond l'accusé, qui selon le psychiatre Laurent Layet, entendu dans la matinée, a tendance à «s’apitoyer» sur son sort.

Cyprien C. dit encore se sentir «responsable de tous ses actes», commis, admet-il, «sans avoir recueilli le consentement de Gisèle Pelicot», ou qu'il «n'y a pas de viols involontaires».

«Je m'excuse d'avoir participé à ce truc horrible, je suis coupable», ajoute-t-il, pressé par Stéphane Babonneau, l'un des avocats de Gisèle Pelicot, de dire qu'il s'agissait bien d'un viol.

«Je ne peux pas dire que c'est un viol», lui répond Cyprien C.

C'est pourtant la définition du viol, intervient l'avocat général, mais «on entend bien que vous n'arrivez pas à prononcer le mot».

«Ca ne me représente pas... Je regrette, je ne peux pas dire autre chose», persiste l'accusé.

«On vous assigne à un statut de violeur, c'est terrible», tente son avocate, Magali Sabatier. Cyprien C. ne répond pas et pleure.

«Comme moi je suis un violeur, il faut reconnaître les choses et assumer, on ne peut pas dire le contraire Monsieur C.», lance alors Dominique Pelicot.

51 hommes jugés

Dominique Pelicot, 71 ans, a reconnu avoir drogué son épouse Gisèle de 2011 à 2020, à son insu, afin de la violer et de la faire violer par des dizaines d'hommes recrutés sur internet.

Les 50 hommes jugés avec lui, la plupart pour viols aggravés, et qui risquent comme lui jusqu'à 20 ans de prison, affirment avoir cru participer au fantasme d'un couple échangiste ou ne pas s'être rendu compte de l'état d'inconscience de Gisèle Pelicot.

Le verdict du procès, au retentissement international, est attendu à la mi-décembre.