Un piège à éviter Et si vous arrêtiez d’écouter les (mauvais) conseils des autres?

Relax

3.3.2025 - 15:34

(ETX Daily Up) – On entend souvent qu’il est essentiel de faire confiance à son intuition. Pourtant, il arrive que l’on privilégie les conseils des autres, même lorsqu’ils contredisent notre propre jugement. Une situation d’autant plus frustrante lorsque la décision prise à contrecœur s’avère mauvaise.

Il est crucial de ne pas hésiter à rejeter des conseils qui ne nous semblent pas pertinents.
Il est crucial de ne pas hésiter à rejeter des conseils qui ne nous semblent pas pertinents.
DjelicS / Getty Images

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Une étude américaine, publiée dans la revue Personality and Social Psychology Bulletin, met en lumière un paradoxe intéressant: nous ressentons davantage de culpabilité après avoir suivi un mauvais conseil plutôt qu’en nous fiant à notre propre instinct. Kaitlin Woolley, professeure de marketing et de gestion des communications à l’université Cornell, et le Dr Sunita Sah, professeure associée de gestion et d'organisation au sein de la même université, en ont eu la preuve en menant une série d’expériences. L’une d’elles, réalisée en présentiel, a mobilisé 200 volontaires, tandis que les quatre autres se sont déroulées en ligne, réunissant jusqu’à 1200 participants.

Les chercheuses ont notamment demandé aux participants de choisir entre deux loteries, dont l’une offrait des gains bien plus intéressants. Certains ont reçu un conseil d’un tiers – qui n’avait pourtant aucune expertise particulière – les incitant à opter pour l’option la moins avantageuse. Résultat, ceux qui suivaient ce mauvais conseil et obtenaient un faible gain (10 centimes dans la plupart des cas) ressentaient plus de culpabilité que ceux qui avaient pris une décision indépendante.

Se fier à son instinct

Pourquoi une telle réaction? Lorsqu’une personne va à l’encontre de son propre jugement, elle a tendance à imaginer les scénarios alternatifs et les meilleures décisions qu’elle aurait pu prendre. Cette réflexion renforce le sentiment de contrôle sur la situation… et par conséquent, la culpabilité d’avoir fait un mauvais choix. «Si une autre personne est impliquée dans le processus de décision, on pourrait penser que cela permettrait de répartir la responsabilité. Et pourtant, non seulement les gens ne blâment pas davantage le conseiller, mais ils se blâment encore plus eux-mêmes», explique Kaitlin Woolley dans un communiqué.

Ce mécanisme ne se limite pas aux décisions anodines comme une loterie. Il pourrait aussi s’appliquer à des choix de vie majeurs, tels qu’un changement de carrière, un investissement financier ou une décision médicale. Le Dr Sunita Sah avait déjà mis en évidence que les individus ont tendance à suivre des avis erronés, même en étant conscients de leur caractère discutable. Cette nouvelle étude explore les répercussions de ces décisions en matière de regret, de responsabilité et de reproches. «Les gens supposent souvent que suivre le conseil de quelqu'un d'autre les protégera de la responsabilité ou du regret. Mais en réalité, c'est l'inverse qui se produit. On finit par se sentir encore plus mal lorsqu'on ignore ce que l'on savait être le meilleur choix», affirme-t-elle.

Alors, comment éviter ce piège? Selon les chercheuses, il est crucial d’oser écouter son instinct et de ne pas hésiter à rejeter des conseils qui ne semblent pas pertinents. Mieux vaut assumer pleinement ses décisions plutôt que de céder à une culpabilité inutile en suivant l’avis d’un tiers non qualifié. Cependant, il est aussi important d’évaluer son propre niveau d’expertise. L’intuition se développe avec l’expérience: plus on en accumule, plus nos jugements deviennent rapides, sûrs et naturels. Comme toute compétence, elle s’affine avec le temps et la pratique.