Enfants de jihadistes La France doit réexaminer les demandes : «C'est une décision historique»

ATS

13.3.2025 - 18:51

La justice a annulé jeudi les refus de la France de rapatrier 29 enfants de jihadistes et leurs mères, de nationalité française et détenus en Syrie. Paris a deux mois pour réexaminer leur situation.

Lors de l'audience début février, le rapporteur public avait donné raison aux requérants, soulignant «le risque exceptionnel d'atteinte à la vie des mineurs». (archives)
Lors de l'audience début février, le rapporteur public avait donné raison aux requérants, soulignant «le risque exceptionnel d'atteinte à la vie des mineurs». (archives)
sda

Keystone-SDA

«C'est une décision historique», s'est félicitée auprès de l'AFP l'avocate des proches des familles françaises retenues en Syrie. Selon Me Marie Dosé, «la France a suffisamment tergiversé dans cette triste affaire» et «ces enfants doivent rentrer chez eux, tout de suite, maintenant».

Courant 2024, des grands-parents, membres du collectif des Familles unies, avaient déposé des demandes de rapatriement en France pour 29 enfants français, détenus avec leurs mères dans le camp de Roj, dans le nord-est de la Syrie. Ces demandes avaient toutes été refusées par le ministère français des Affaires étrangères.

Une décision incompréhensible pour le collectif et pour les avocats des familles qui avaient décidé de saisir le tribunal administratif de Paris en pointant la vulnérabilité de ces enfants, âgés de six à quinze ans et dont certains sont nés en détention.

120 enfants

Lors de l'audience début février, le rapporteur public avait donné raison aux requérants, soulignant «le risque exceptionnel d'atteinte à la vie des mineurs».

La France a procédé à plusieurs opérations de rapatriement qui ont cessé à l'été 2023 malgré les condamnations internationales dont celle de la Cour européenne des droits de l'Homme en 2022. Paris refuse depuis de se rendre sur place, au motif de la dangerosité des opérations.

Plusieurs membres du collectif des Familles unies se sont déplacés là-bas en août dernier. Ils avaient constaté les conditions de vie plus que précaires de leurs proches qui «ne reçoivent aucun soin, souffrent de malnutrition, ne vont pas à l'école et vivent dans une zone de guerre», avait rappelé Me Dosé devant le tribunal.

Selon le collectif, au moins 120 enfants français et 50 femmes sont encore détenus en Syrie. Les mères sont toutes visées par un mandat d'arrêt. Depuis la chute de l'organisation État islamique il y a six ans, le ministère français des Affaires étrangères estime que les personnes accusées de complicité avec l'EI devraient être jugées sur place.