«Violences du 1er-mai»En appel, Alexandre Benalla reconnait des «erreurs de jeunesse»
ro
9.6.2023 - 21:07
«Aujourd'hui, je ne le referais pas». A son procès en appel pour des violences le 1er mai 2018, l'ex-chargé de mission de l'Elysée Alexandre Benalla a esquissé des regrets, tout en continuant à défendre le bien-fondé de ses interventions.
Keystone-SDA, ro
09.06.2023, 21:07
09.06.2023, 21:08
ATS
«C'était un simple réflexe face à une agression», a répété l'homme aujourd'hui âgé de 31 ans, en costume gris, à la courte barbe et aux lunettes carrées.
Alexandre Benalla est rejugé au côté de son ami Vincent Crase, alors réserviste de la gendarmerie, pour avoir brutalisé cinq personnes en cherchant à les interpeller en marge de la manifestation du 1er mai 2018 à Paris, alors qu'ils n'y assistaient qu'en tant qu'"observateurs».
Epicentre d'un scandale qui avait empoisonné le début du premier mandat d'Emmanuel Macron, Alexandre Benalla est désormais installé en Suisse, où il travaille comme «conseiller du président» d'une petite ONG.
Conscient que sa posture depuis l'éclatement de l'affaire a pu être «perçue comme des provocations», l'ancien responsable de la sécurité des déplacements du président de la République a plaidé des «erreurs de jeunesse».
En première instance, en septembre 2021, il n'avait concédé qu'une «bêtise»: avoir continué à voyager avec des passeports diplomatiques après son licenciement de l'Elysée.
Aujourd'hui, il reconnaît trois autres des faits qui lui sont reprochés: avoir transmis des images de vidéosurveillance obtenues illégalement auprès de la police, avoir obtenu un passeport de service grâce à un faux document et avoir porté illégalement une arme de poing en 2017.
«Totalement irresponsable»
Mais pour les faits du 1er-Mai, qui lui valent d'être poursuivi pour violences volontaires et immixtion dans une fonction publique, il était convaincu d'"agir dans le cadre de la loi».
La cour s'est d'abord intéressée aux faits commis au Jardin des Plantes, dans le Ve arrondissement de Paris, le 1er mai 2018 vers 17h00.
Alexandre Benalla affirme avoir vu un homme jeter des cailloux et mettre un «coup de pied dans le dos à un CRS». «J'ai vu un policier (en civil) courir derrière lui (...) sans arriver à le saisir. Dans un réflexe j'ai couru derrière lui».
Une vidéo publiée le 30 juillet 2018 par Franceinfo et Mediapart est diffusée à l'audience: on y voit Khélifa M., partie civile au procès, une expression de douleur sur le visage, maintenu d'une clé de bras par Alexandre Benalla et poussé de l'autre côté par Vincent Crase.
«Pourquoi vous ne remettez pas tout de suite l'individu aux policiers qui sont autour de vous?», l'interroge l'avocat général, Damien Levadou.
«Dans le contexte, ça me paraissait pas anormal, parce que j'étais dans le cadre de l'article 73», disposition qui autorise toute personne assistant à un flagrant délit à en appréhender l'auteur, dit Alexandre Benalla. Mais, «ça serait à refaire aujourd'hui, je ne le referais pas, je ne courrais pas derrière lui», assure-t-il.
«Vous invoquez pourtant l'article 73...», insiste l'avocat général. «Oui, mais vu les conséquences que ça a eues...», dit le prévenu.
Quant aux deux autres parties civiles qui ont porté plainte pour violences au Jardin des Plantes, Alexandre Benalla assure n'avoir eu «aucune interaction» avec eux.
L'un d'eux, présent à l'audience, Simon D., affirme en revanche «à 100%» que l'homme qui l'a maintenu au sol, un genou sur la nuque, était Vincent Crase.
Trois heures plus tard, les deux hommes se rendent place de la Contrescarpe. Après avoir appréhendé une jeune femme qu'il avait vu jeter une carafe sur les CRS, Alexandre Benalla vient en aide à Vincent Crase, qui tente de «ramener à l'arrière» un jeune homme qu'il vient de maîtriser, Georgios D.
Scène filmée
La scène est notamment filmée par l'ex-journaliste et militant Taha Bouhafs, et l'identification d'Alexandre Benalla par le journal Le Monde sur ces images le 18 juillet 2018 est à l'origine du «Benallagate».
On y voit notamment le jeune homme attraper Georgios D. par derrière, au niveau du cou.
Pour le prévenu, l'intervention était légitime, mais le «geste technique», «mal fait».
«C'est un geste extrêmement dangereux, qu'il faut parfaitement maîtriser. (...) C'est totalement irresponsable», analyse le président de la cour, Jean-Michel Aubac.
«Tout à fait, M. Le président», concède Alexandre Benalla.
En première instance, il avait été condamné à trois ans de prison, dont un ferme, sous bracelet électronique,