Viticulture Vignes: quotas non atteints et mince récolte

ATS

23.10.2019 - 11:58

Si la qualité des vendanges 2019 est là, les quantités sont moindres qu'annoncé. Les quotas vaudois et valaisans, pourtant restrictifs cette année, ne sont pas atteints.

Pour éviter un effondrement des prix, les sociétés cantonales de vignerons ont fixé des quotas de production plus restreints qu'en 2018. La Fédération vaudoise des vignerons (FVV) indique par exemple -15% dans le Lavaux pour le vin blanc.

Une telle mesure a aussi un effet qualitatif, détaille François Montet, président de la FVV. Il précise que, la récolte 2019 étant plus mince, les quotas fixés ne sont pourtant pas atteints de manière générale, «surtout pour le rouge».

Du côté du Valais, les quotas n'ont pas été atteints non plus. Par rapport à 2018, une réduction de 10% a été définie pour le pinot noir, a informé l'Interprofession de la vigne et du vin du Valais (IVVV). Pour le gamay et autres cépages rouges, la réduction s'élève à 16%.

Yvan Aymon, président de l'IVVV, explique que, malgré la mesure, les vignerons valaisans n'ont pas dû renoncer à vendanger des parcelles. «Les quotas ont été fixés en juin, développe-t-il. En juillet, les vendanges vertes ont permis d'alléger les vignes.» Effectuées en été, les vendanges vertes servent à réduire l'excédent d'une récolte.

La qualité mais pas la quantité

Reste que le millésime 2019 s'annonce «magnifique». C'est ce qu'a communiqué l'Office des vins vaudois la semaine dernière. La qualité est au rendez-vous, mais la production vaudoise devrait atteindre 27 millions de litres – 72% en vin blanc et 28% en vin rouge -, soit 10% de moins qu'en 2018.

En Valais aussi, les récoltes sont bonnes qualitativement, mais une diminution de 10% à 15% de la production est attendue. «Ce ne sont pas les chiffres définitifs, avertit Yvan Aymon. Les cépages tardifs n'ont pas encore tous été vendangés.»

Au domaine de Beudon à Fully (VS) par exemple, Marion Granges est très contente de la qualité du raisin. Le gel de ce printemps et le vent ont en revanche influencé la quantité. «Pour le chambourcin, il y a eu environ 70% de déchets, déplore la vigneronne. Il a fallu beaucoup trier, cela a demandé du travail.»

Baisse de la consommation

Ces premiers chiffres 2019 interviennent alors que 2018 a été un millésime abondant. L'année passée, la production a dépassé de 20% la consommation. La diminution de l'achat de vins nationaux (-2,9% en 2018 dans les grands commerces suisses) a eu un impact supplémentaire.

«Nous avons eu un petit millésime 2017, explique François Montet. Il y a eu moins de vente de vins vaudois donc moins de consommation.» Si cette consommation est repartie à la hausse depuis début 2019, il indique qu'il est difficile de récupérer rapidement les parts de marché perdues.

D'après Philippe Herminjard, secrétaire de la FVV, la baisse de la consommation de vins suisses est plus globale. «En 20 ans, il y a eu une diminution de 20%.» Selon lui, un hygiénisme alimentaire plus marqué, un mode de vie plus sédentaire et la concurrence d'autres boissons «à la mode», comme la bière ou les cocktails, sont notamment en cause.

Chute des prix

Répondant à la loi de l'offre et de la demande, les prix ont baissé. Si la situation n'est pas optimale, les sociétés de vignerons ne sont toutefois pas alarmistes. «Je reste positif, commente Yvan Aymon. Ce n'est pas une situation catastrophique, il ne faut pas paniquer.»

Face aux grands distributeurs qui font pression pour faire encore plus baisser les prix, Philippe Herminjard conseille aux vignerons de rester patients et de ne pas céder dans le but de vendre absolument le surplus de 2018. «Mieux vaut maintenir le prix d'une bouteille à 5 ou 7 francs et écouler ses stocks plus lentement que vendre à 60 centimes la bouteille», illustre-t-il.

Par ailleurs, en Suisse, on favorise l'idée de consommer des vins jeunes, relève Marion Granges. Elle préconise plutôt de laisser vieillir les vins, dans son créneau surtout où la production est certifiée naturelle.

La vigneronne indique que son domaine ne souffre pas de la baisse des prix, dans le marché de niche des vins bio. «On fixe nos tarifs, déclare-t-elle. Il s'agit d'être connu pour réussir à vendre.» Un tiers de ses vins est exporté, un autre tiers est écoulé par des revendeurs suisses et la vente directe concerne le dernier tiers.

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