Hydrocarbures Le pétrole est à la peine alors que la demande chinoise inquiète

vj

31.5.2023 - 08:57

Après avoir lourdement chuté la veille au soir, les prix du pétrole poursuivaient leur repli mercredi. Attendant l'issue du débat sur le plafond de la dette américaine, les investisseurs demeuraient inquiets face à des données plus faibles que prévu pour l'activité manufacturière en Chine en mai et divisés quant à la perspective d'un statu quo de l'alliance Opep+ dimanche.

La production industrielle chinoise a montré une accélération bien moindre qu'attendu en avril. (archives)
La production industrielle chinoise a montré une accélération bien moindre qu'attendu en avril. (archives)
KEYSTONE

31.5.2023 - 08:57

Peu avant 08h00 mercredi, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet se négociait à 73,56 dollars, en baisse de 0,21%, après avoir plongé mardi soir de 4,58% à 73,54 dollars. En l'espace d'une semaine, il affiche désormais un repli de 6,4%, le tassement sur un mois atteignant lui 7,5% et sur un an 35,40%.

Quant aux 159 litres de West West Texas Intermediate (WTI) américain de même échéance, ils demeuraient quasiment (+0,04%) stables à 69,49 dollars, après avoir dégringolé la veille au soir de 4,41% à 69,46 dollars.

«Le scénario de hausse sur lequel s'appuyait le marché était celui d'un rebond de la demande chinoise et d'une offre russe qui dégringole», rappelle Eli Rubin, d'EBW Analytics Group, interrogé par l'AFP. «Mais d'un côté comme de l'autre, il a du plomb dans l'aile.»

Repli de l'activité manufacturière en Chine

La production industrielle chinoise a notamment montré une accélération bien moindre qu'attendu en avril, de même que les ventes de détail ou l'octroi de crédit. Et l'activité manufacturière a connu en mai dans l'Empire du Milieu un repli pour un deuxième mois consécutif, alors que la reprise post-Covid de la deuxième économie mondiale et premier importateur de pétrole semble plus laborieuse que prévu. L'indice des directeurs d'achat (PMI), reflet de la santé du monde industriel, s'est établi à 48,8 points contre 49,2 en avril.

«Les données confirment la perception selon laquelle le rebond a calé et l'économie chinoise va avoir besoin de mesures de relance» gouvernementales, a abondé, dans une note, Edward Moya d'Oanda. Quant aux exportations russes, elles se situent actuellement bien au-dessus de leur niveau de début février, quand les autorités s'étaient engagées à réduire leur production de brut de 500'000 barils par jour.

Selon l'agence Bloomberg, la Russie prévoit même d'augmenter d'un tiers ses exportations de gazole en juin par rapport à mai, soit environ 500'000 barils par jour. En outre, «il est difficile de s'engager de nouveau dans le pétrole alors qu'approche une réunion de l'Opep+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés de l'accord Opep+) dont on n'attend pas de nouvelle baisse» de production, a ajouté Edward Moya, au sujet du rassemblement ministériel organisé dimanche.

La semaine dernière, le ministre saoudien de l'énergie, le prince Abdulaziz bin Salman, a averti les vendeurs à découvert de «faire attention» aux conséquences potentielles. En revanche, le vice-premier ministre russe Alexander Novak a déclaré qu'il ne prévoyait pas de nouvelles mesures de la part de l'OPEP+, car le groupe vient de mettre en œuvre des réductions de production ce mois-ci.

Issue du débat sur la dette attendue

A l'ensemble de ces facteurs, Eli Rubin ajoute le dossier du plafond de la dette américaine. Maison Blanche et opposition républicaine au Congrès ont certes annoncé samedi avoir trouvé un accord pour éviter le défaut de paiement, mais la Chambre des représentants affiche des signes de résistance quant à la teneur de ce compromis, souligne l'analyste. «Tant que le texte n'aura pas été adopté (il doit être voté par le Congrès), le risque d'une crise n'est pas écarté», estime-t-il, ce qui pèse sur les cours de l'or noir.

Côté gaz naturel, le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, se reprenait quelque peu progressant vers 08h15 de 0,48% à 24,68 euros le mégawattheure (MWh) après avoir touché les 23,50 euros le MWh, un nouveau plus bas depuis près deux ans. Depuis les début de l'année, il a fléchi de près de 66%, la chute sur un an atteignant elle quasiment 74%.

Les prix du gaz en Europe affichent une tendance au repli face à une offre de gaz naturel liquéfié (GNL) abondante, une réduction de la consommation, des conditions météorologiques clémentes, une production d'énergie renouvelable plus forte ainsi qu'une demande modérée en provenance d'Asie, selon les observateurs. De plus, l'économie du Vieux Continent affiche des signes de faiblesse, l'Allemagne étant tombée en récession au premier trimestre 2023, ce qui soulève des inquiétudes supplémentaires quant à une baisse potentielle de la demande de gaz naturel.

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