«Atteinte intolérable» Jonction autoroutière de Chavannes : la commune conteste le projet

sj, ats

30.1.2025 - 09:44

Petit séisme sur l'autoroute A1: la Municipalité de Chavannes-près-Renens se retire du projet de nouvelle jonction autoroutière prévue sur sa commune, visant à la suppression du goulet d'étranglement de Crissier. Elle a décidé de dénoncer la convention signée en 2021 avec l'OFROU et le Canton de Vaud. Ce dernier veut organiser des Assises de la mobilité dans l'Ouest lausannois.

Le projet de nouvelle jonction autoroutière sur l'A1 de Chavannes-près-Renens prévoit une couverture végétalisée (archives).
Le projet de nouvelle jonction autoroutière sur l'A1 de Chavannes-près-Renens prévoit une couverture végétalisée (archives).
ATS

Keystone-SDA, sj, ats

C'est avec surprise que les autorités de Chavannes-près-Renens ont fait leur annonce unilatérale jeudi matin dans un communiqué de presse. Elles «considèrent que le projet va à l'encontre des actions présentes et futures de la commune en faveur d'une mobilité responsable favorisant la marche, le vélo et les transports publics».

«La construction d'une nouvelle jonction autoroutière au coeur de la commune, qui constitue l'un des éléments du dispositif de l'Office fédéral des routes (OFROU) destiné à supprimer le goulet d'étranglement autoroutier de Crissier, n'est pas compatible avec la stratégie et les mesures de mobilité douces mises en place par la commune», explique la Municipalité.

Par sa localisation, la jonction viendra perturber et déséquilibrer un site promis à une urbanisation qualitative avec école, logements et un campus dédié à la formation", ajoute-t-elle. Cette jonction supplémentaire aggravera aussi les nuisances sonores et la pollution, selon elle.

«Ça n'a plus de sens»

«Nous étions déjà mitigés à l'époque de la signature de la convention, mais nous avions décidé d'aller de l'avant et d'attendre l'aboutissement des études précises du projet», explique à Keystone-ATS Loubna Laabar, syndique de Chavannes-près-Renens. «Et c'est ce qui a été le déclencheur de notre décision à la fin de l'année passée: les études ont rajouté trop de nouveaux éléments, une nouvelle route, un nouveau giratoire en face d'une école».

«Le projet est désormais plus étalé que prévu mais aussi plus cher. On ne s'y retrouve plus au niveau du flux de trafic projeté. Ça n'a plus de sens pour nous», ajoute-t-elle. «A l'OFROU de se déterminer désormais, de proposer des solutions alternatives. Nous disons non au projet actuel, mais nous sommes d'accord de nous remettre à table pour dialoguer et réfléchir à des solutions moins invasives et moins encombrantes».

Quelles conséquences ?

Prenant acte de cette décision, l'Etat de Vaud a indiqué le même jour vouloir organiser «à brève échéance» des Assises de la mobilité dans l'Ouest lausannois. Elles seront l'occasion «de rétablir le dialogue et de poser de nouvelles bases communes sur l'avenir de la mobilité dans cette région en forte croissance», écrit le Canton de Vaud dans un communiqué.

«Bien que conçu avec une couverture végétalisée et des aménagements en faveur des mobilités actives et conforme au concept d'accessibilité du Projet d’agglomération Lausanne-Morges (PALM)», le Canton dit «constater» que le projet ne correspond plus aujourd'hui aux attentes de la commune de Chavannes-près-Renens.

Il va désormais examiner avec l'OFROU les conséquences du retrait de la commune sur le projet de suppression du goulet d'étranglement de Crissier, sur l'accessibilité de l’Ouest lausannois, sur les communes voisines et sur le PALM.

Mise à l'enquête compliquée

La Confédération, le Canton de Vaud et la commune de Chavannes-près-Renens avaient signé en juin 2021 une convention afin de réaliser cette jonction à l'ouest de Lausanne. Le paquet entier de mesures visant à la suppression du goulet d’étranglement de Crissier avait, lui, été mis à l'enquête par l'OFROU en novembre 2018. Il avait donné lieu à 236 oppositions d'habitants, de groupes d'intérêt ainsi que de certaines communes.

Parmi elles, beaucoup concernaient justement la future bretelle de Chavannes, qui n'est que l'un des éléments de la suppression du goulet d'étranglement. L'OFROU, le canton, la commune de Chavannes-près-Renens et SDOL (qui représente les communes de l'Ouest lausannois) avaient décidé fin 2019 de coopérer afin de trouver une solution acceptable par tous les partenaires.

Soutenue par toutes les parties, la «variante colline» finalement adoptée à l'époque prévoit que la jonction soit couverte, végétalisée et intégrée dans le paysage. Il est prévu de réaliser au-dessus une piste cyclable à double sens et un cheminement pour les piétons. D'un maximum de 150 mètres, la jonction conserve les quatre bretelles qui permettront de rentrer et sortir de Chavannes-près-Renens dans les deux sens de circulation.

Les coûts de cette jonction étaient initialement devisés à environ 100 millions de francs. La Confédération est censée prendre à sa charge le 65%, le canton et la commune de Chavannes-près-Renens la part de 35% à hauteur de 35 millions pour le premier et un million pour la seconde.