Des chercheurs genevois et hollandais sont parvenus à contrôler la vascularisation des tumeurs en agissant sur un gène surexprimé dans les cellules cancéreuses. Ces travaux sont publiés dans le British Journal of Cancer.
Les scientifiques ont étudié le mécanisme qui permet la croissance des nouveaux vaisseaux sanguins à l’intérieur des tumeurs. Ils ont ainsi constaté qu’un récepteur de l’insuline était surexprimé dans la vascularisation de la tumeur.
"Sur la base d’une étude génomique, nous avons découvert le rôle joué par le récepteur de l’insuline INSR-A dans le processus de formation des vaisseaux sanguins", indique Patrycja Nowak-Sliwinska, professeure assistante à la section des sciences pharmaceutiques de l’Université de Genève (UNIGE) et première auteure de l’étude.
"Une molécule ciblant précisément ce récepteur nous permet donc de moduler la croissance tumorale, voire de la bloquer complètement", poursuit la spécialiste, citée jeudi dans un communiqué.
Au terme de plusieurs années de recherches, les scientifiques ont pu confirmer cette découverte par des expériences menées tant in vitro qu’in vivo. Ils espèrent désormais développer une molécule spécifique avec l’aide d’un partenaire industriel.
Onze types de tumeurs
L’un des points forts de cette recherche est sa capacité à cibler précisément l’endothélium des tumeurs, soit la couche la plus interne des vaisseaux sanguins en contact avec le sang, tout en épargnant les cellules saines.
Les chercheurs ont comparé des coupes de tissus sains et malades pour onze différents types de tumeurs localisées dans des zones du corps ou des organes distincts, tels que reins, côlon ou seins. En recourant à des techniques de colorisation, ils ont pu confirmer in vitro que le groupe de gènes considéré intervient dans le développement des vaisseaux à l’intérieur des tumeurs, mais pas dans les tissus sains.
En ciblant le récepteur INSR-A qui en permet l’expression, ils se dotent donc d’un outil qui leur permet de réguler avec précision la vascularisation des tumeurs, sans déclencher les mêmes mécanismes dans les cellules saines.
Pas d’attaque frontale
L’importance des récepteurs d’insuline INSR-A comme cible pour le traitement du cancer réside aussi dans l’approche indirecte de la maladie qu’elle permet.
"Lorsqu’on s’attaque directement aux cellules cancéreuses, l’échec est fréquemment au rendez-vous, car chaque intervention peut entraîner un changement de comportement de la tumeur; ces dernières sont génétiquement instables, elles peuvent muter et devenir résistantes aux traitements", explique Arjan W. Griffioen, de l'hôpital universitaire Amsterdam UMC.
En intervenant sur les cellules endothéliales et en ciblant la vascularisation dont elles sont responsables, les chercheurs évitent d’attaquer frontalement la tumeur. "On n’agit pas directement sur le cancer, mais on a trouvé le robinet qui régule la vascularisation des cellules cancéreuses", concluent les auteurs.
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