InterviewThierry Beccaro: «J’ai été maltraité et battu par mon père»
Léa Drouelle / AllTheContent
30.10.2018
Figure emblématique du jeu télévisé «Motus» diffusé sur France 2, Thierry Beccaro est l’un des visages phares du paysage audiovisuel français. Pour «Bluewin», cet homme des médias et de la scène nous raconte son parcours, ses passions et nous parle de son livre qu’il a écrit sur son passé d’enfant battu.
Vous présentez «Motus» depuis plus de 28 ans. Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter de présenter cette émission?
À l’époque, je terminais une autre émission et je connaissais une traversée du désert un peu difficile. On m’a proposé l’émission et j’ai dit oui car je trouvais que c’était un jeu intelligent qui me donnait une certaine liberté dans la présentation. Et c’est toujours le cas: je fais des blagues, des impros… Même si elles ne sont pas toujours réussies (rires).
Que ressentez-vous en repensant à vos débuts dans l’émission?
Parfois, dans les histoires d’amour, on se dit que ça ne va pas durer. C’est un peu pareil avec «Motus». Au départ, ça devait durer deux mois. Vingt-huit ans plus tard, on est toujours ensemble! Le petit miracle, c’est que je suis toujours là et que l’émission n’a jamais été détrônée. C’est une sacrée belle aventure.
Quel est votre meilleur souvenir depuis que vous présentez «Motus»?
Je garde un souvenir exceptionnel d’un tournage que nous avons fait aux Pays-Bas il y a des années. On y a tourné plusieurs séquences de Motus, car il y avait des grèves chez France Télévisions.
C’était symbolique car à l’origine, «Motus» est un jeu hollandais. Les candidats aussi en gardent un bon souvenir, je crois. Ils ont pris l’avion, on a dîné ensemble… On s’est vraiment marré.
«Le lendemain, on m’a envoyé à l’hôpital pour une opération de l’appendicite.»
Et votre pire souvenir?
Un jour, j’ai présenté une émission alors que j’avais très mal au ventre. Comme je suis d’une nature assez réservée, je ne l’ai pas dit et j’ai travaillé comme si de rien n’était. Après le tournage, je suis rentré chez moi et j’ai fait venir un médecin. Le lendemain, on m’a envoyé à l’hôpital pour une opération de l’appendicite.
«C’est bien, le joker. Dans certains jeux de carte, on est bien content de l’avoir.»
Vous faites également partie des jokers de l’émission «Télématin» sur France 2…
J’ai commencé à peu près à la même période que «Motus». C’est un paquebot magnifique à piloter, même si on doit faire attention à ne pas s’échouer sur les côtes! Là aussi, c’est un joli record, puisque l’émission existe depuis plus de 30 ans.
Avez-vous déjà eu envie d’en devenir le présentateur principal?
Non. Cette formule de joker m’a toujours convenu car elle me permet de continuer mes activités à côté. C’est bien, le joker. Dans certains jeux de carte, on est bien content de l’avoir (rires).
Y-a-t-il un programme sur France 2 que vous rêveriez de présenter?
L’émission «N’oubliez pas les paroles», en raison de mon amour pour la chanson. Je trouve le concept formidable. Mais Nagui la présente à merveille.
«Je suis très ému en pensant à tout ça, car c’est en grande partie ce qui m’a construit dans la vie.»
Votre parcours ne se résume pas à la télé puisqu’on vous voit aussi au théâtre. Comment a démarré votre carrière de comédien?
Je suis monté sur scène pour la première fois quand j’avais 17 ans. Je jouais un garde dans la pièce «Britannicus». Je ne disais strictement rien, mais Dieu sait si j’étais fier! J’ai été maltraité et battu par mon père quand j’étais petit, ce qui avait fait de moi un adolescent fragile, peu sûr de lui. Le théâtre a été une véritable révélation. J’ai appris à changer de peau, je me suis redécouvert. Je suis très ému en pensant à tout ça, car c’est en grande partie ce qui m’a construit dans la vie.
«Cette expérience m’a grandi et m’a donné envie d’intégrer l’UNICEF, avec qui je suis actuellement en discussion.»
Votre livre «Je suis né à 17 ans» publié en février dernier parle justement de votre douloureuse expérience d’enfant battu… Pourquoi avoir choisi de sortir du silence?
En fait, je n’ai pas vraiment choisi de raconter mon histoire. J’ai toujours été très discret sur mon passé. Mais un jour, deux personnes qui me sont assez proches m’ont dit: «Thierry tu vas raconter ton histoire et ça va intéresser beaucoup de monde». Au début, j’ai éclaté de rire, je n’y croyais pas. Mais j’ai quand même décidé de leur faire confiance. Le titre du livre est d’ailleurs une référence directe à mes premières expériences sur les planches.
Après la publication du livre, plusieurs personnes m’ont raconté leur histoire: ce n’était pas forcément le même malheur que le mien, mais c’était la même douleur. Cette expérience m’a grandi et m’a donné envie d’intégrer l’UNICEF, avec qui je suis actuellement en discussion. J’aimerais beaucoup qu’on me confie une mission au sein de l’association.
Vous êtes également peintre à vos heures perdues… Comment est née cette vocation?
Je dirais plutôt que je suis peintre à mes heures gagnées! J’ai découvert la peinture en terminant le dessin de ma fille Clara, qui avait 5 ou 6 ans. J’ai adoré, cela m’a donné envie de continuer. Quand je peins, je suis tellement «pris dans la toile», qu’à la fin, je suis essoufflé. C’est passionnant.
«Je collabore de temps en temps sur Motus avec Pauline, ma fille aînée qui est scripte.»
Vous avez trois enfants. Leur avez-vous transmis quelques unes de vos nombreuses passions?
Je ne sais pas si je leur ai transmis mes passions, mais c’est vrai que je collabore de temps en temps sur Motus avec Pauline, ma fille aînée qui est scripte.
Mon autre fille Clara fait des études à l’Université de Colombia aux États-Unis et mon fils Lucas travaille dans le cinéma. Il m’a aidé à répéter mes rôles mais j’ai senti une petite lassitude de sa part au bout d’un moment (rires).
De nouveaux projets en préparation?
Je vais jouer une pièce de théâtre écrite par Éric Le Roch avec l’actrice Anne Richard en septembre prochain.
En savoir plus sur Thierry Beccaro
Le livre de Thierry Beccaro: «Je suis né à 17 ans», paru en février 2018 aux Éditions Plon.
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