Berlin La coproduction suisse «Sur l'Adamant» reçoit l'Ours d'or

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25.2.2023 - 22:44

Le documentaire «Sur l'Adamant» du Français Nicolas Philibert a remporté samedi l'Ours d'or à Berlin. Le réalisateur français Philippe Garrel a lui reçu l'Ours d'Argent du meilleur réalisateur pour «Le Grand Chariot», une coproduction suisse.

Deux décennies après l'immense succès de «Etre et avoir», Nicolas Philibert quitte les bancs de l'école pour une plongée dans l'univers psychiatrique, premier film d'une trilogie à ce sujet.
Deux décennies après l'immense succès de «Etre et avoir», Nicolas Philibert quitte les bancs de l'école pour une plongée dans l'univers psychiatrique, premier film d'une trilogie à ce sujet.
KEYSTONE/AP/Markus Schreiber

«Sur l'Adamant» porte sur une péniche qui accueille des personnes souffrant de troubles psychiques à Paris. Deux décennies après l'immense succès de «Etre et avoir», le documentariste de 72 ans quitte les bancs de l'école pour cette plongée dans l'univers psychiatrique, premier film d'une trilogie à ce sujet.

Sans voix-off, scrutant les visages des patients accueillis chaque jour dans cette structure unique où une grande liberté leur est laissée, «Sur l'Adamant» est «une tentative de renverser l'image que nous avons des personnes atteintes de folie», a expliqué Nicolas Philibert en recevant son prix.

«Les personnes les plus folles ne sont pas celles que l'on croit», a ajouté le réalisateur de ce documentaire au long cours, dans lequel la frontière entre soignants et patients finit par se brouiller.

On peut y voir des patients participer à des ateliers thérapeutiques ou artistiques, mais aussi oublier leur statut de malade pour construire une vie commune, aidant par exemple au contrôle du budget.

Documentaires rarement primés

Des documentaires sont régulièrement sélectionnés dans les grandes compétitions internationales de cinéma, mais assez rarement primés. L'an dernier, la Mostra de Venise a décerné son Lion d'Or à un film sur la crise des opiacés aux Etats-Unis, signé Laura Poitras ("Toute la beauté et le sang versé").

«Ce festival est là pour repousser les limites», a justifié l'actrice américaine Kristen Stewart, qui à 32 ans a été la plus jeune présidente du jury de l'histoire du festival. «Les paramètres invisibles forgés par l'industrie et l'académisme sur ce qu'est un film n'ont aucune chance avec celui-ci», a-t-elle ajouté avant de remettre le prix.

Coproduction suisse pour l'Ours d'argent

Un autre Français, Philippe Garrel, 74 ans, a reçu l'Ours d'Argent du meilleur réalisateur pour «Le Grand Chariot». Ce film aux airs de testament artistique tourné avec ses enfants a été coproduit par Joëlle Bertossa, de Close Up Films, Genève. La caméra a été dirigée par le Tessinois Renato Berta.

Dans ce film, trois frères et sœurs, un père et une grand-mère tiennent un théâtre de marionnettes ambulant. Lorsque le père meurt pendant une représentation, les membres restants de la famille tentent de maintenir son héritage en vie.

«Vive la révolution iranienne», a déclaré Philippe Garrel, héritier de la Nouvelle Vague en recevant son prix, qu'il a aussi dédié «à Jean-Luc Godard, cinéaste franco-suisse décédé en septembre dernier.

Mention spéciale pour Jenna Hasse

Parmi les treize films et coproductions suisses qui participaient à cette Berlinale, la Lausannoise Jenna Hasse a récolté une Mention spéciale dans la section «Generation Kplus"pour son premier long métrage, «L'amour du monde».

Dans ce film, sur les rives du lac Léman, Margaux, quatorze ans, rencontre Juliette, une enfant de sept ans placée en foyer, et Joël, un pêcheur récemment rentré d'Indonésie. Unis dans un refus silencieux d'affronter la vie, tous trois sont déchirés entre l'attirance, la déception et la nostalgie des pays lointains.

Fillette de 8 ans meilleure interprète

Le jury, qui comptait également les anciens titulaires de l'Ours d'Or Radu Jude et Carla Simon, ou l'actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani, a également récompensé la performance d'une fillette de 8 ans, l'Espagnole Sofia Otera, pour son rôle dans «20'000 especies de abejas» ("20'000 espèces d'abeilles").

L'actrice en herbe a reçu, les larmes aux yeux, le prix de la meilleure interprétation, qui est non genré et remplace à Berlin celui du meilleur acteur ou de la meilleure actrice.

Dans le film, signé de l'Espagnole Estíbaliz Urresola, elle joue un enfant de neuf ans, né garçon et qui se considère comme une fille. La question du genre et de la transidentité, sur laquelle de plus en plus de cinéastes se penchent, a été présente à plusieurs reprises dans le palmarès.

L'Autrichienne Thea Ehre, très active pour le droit des transexuels, a reçu le prix d'interprétation pour un personnage secondaire pour son rôle dans «Till The End of The Night», et le penseur Paul B. Preciado, figure incontournable sur ces questions, a été récompensé dans les sections parallèles pour son premier film ("Orlando, ma biographie politique").

Retour à la normalité

Au-delà du compétition, cette 73e édition a permis à la Berlinale de renouer avec la normalité, après les restrictions liées au Covid, et a vu un certain nombre de stars revenir.

On a notamment pu voir Sean Penn, venu présenter un documentaire sur ses pérégrinations dans l'Ukraine en guerre, le chanteur Bono et le légendaire réalisateur Steven Spielberg, qui a reçu un Ours d'or d'honneur.

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