Interview Karine Ferri: «Comment peut-on voler l’image de quelqu’un pour vendre des pilules amincissantes?»

Samuel Bartholin / AllTheContent

12.6.2018

Karine Ferri à la présentation de  l'émission «Les plus belles mariées».
Karine Ferri à la présentation de  l'émission «Les plus belles mariées».
Angela Rossi/ITV productions/TF1/AllTheContent

Alors qu’elle se repose en congé maternité en prévision de la naissance de son deuxième enfant, Karine Ferri a bien voulu se confier pour Bluewin sur l’année écoulée, sa façon d’appréhender son métier, son rôle de mère ainsi que sa volonté de protéger sa famille... Un moment partagé au seuil d’un été propice à faire le point, avant que s’esquissent de nouveaux projets à la rentrée pour Karine Ferri, de même que pour son conjoint, le footballeur international Yoann Gourcuff.

Bluewin: Cette année a-t-elle été pour vous très prenante en matière de télévision?
Karine Ferri: Oui, cela a été une année très riche! C’est toujours plaisant et flatteur quand on vous propose d’animer des émissions: ça veut dire que TF1 me fait confiance, cela fait un petit moment maintenant que je travaille pour eux, on travaille main dans la main, et j’apprécie leur manière de faire. Peu à peu s’est installé un climat de confiance qui porte ses fruits! Je pense qu’ils sentent une réelle motivation de mon côté, ce qui fait qu’on peut avancer. On a d’autres projets qui sont encore confidentiels, c’est trop tôt pour en parler. Mais déjà, cette année a été très riche avec de nouveaux programmes.

«Avec des femmes qui s’engueulent, des femmes qui s’apprécient, ça a fait un peu le show!»

Parmi ceux-ci, le dernier en date, «Les plus belles mariées»…
Voilà, «Les plus belles mariées» en access (access prime-time, de 18h à 20h, NDLR). J’ai eu le privilège d’avoir cette très belle case horaire, très importante mais aussi difficile, pour les chaînes. On s’en est bien tirés, avec un programme qui a plu, un programme qui a séduit parce que la thématique est très forte. Avec des femmes qui s’engueulent, des femmes qui s’apprécient, ça a fait un peu le show!

Et puis, il y a «The Voice». Une émission emblématique, appréciée même par le président de la République française, Emmanuel Macron.

Oui, c’est ce qu’il a déclaré à Mika récemment… (sourire) Je pense que c’est une émission qui plaît à tout le monde, qui rassemble, c’est un divertissement qui est très fort: on n’est pas dans le coté trash de la télé-réalité, mais dans quelque chose de doux, de beau, avec des personnes qui ont un talent, qui ont envie d’émerger, et nous qui sommes là pour leur donner une petite visibilité – même une grosse visibilité, car ce sont quand même de belles audiences, sur TF1. Ce sont des artistes confirmés ou en devenir, qu’on arrive à détecter, qu’on met juste sur le devant de la scène. On sait combien le métier d’artiste aujourd’hui est difficile… Quand on regarde en arrière, on voit que The Voice a permis de faire connaître de grands talents, qui pour certains vivent aujourd’hui de leur musique, grâce aussi à la visibilité que leur a apporté le programme.

«Je garde cette idée que tout peut s’arrêter du jour au lendemain.»

Selon les études, la version française est une des plus suivies en Europe.
Eh oui! On est toujours très fiers du score qu’on arrive à faire, et c’est plaisant de savoir que la version française est très regardée, même à l’étranger. D’ailleurs, ça été une petite nouveauté cette année dans notre programme, de faire un tour d’horizon pour aller voir hors des pays francophones des talents qui chantent en français, et qui ont osé chanter dans cette langue devant leurs coachs. Le programme en France marche très bien, et en plus, on a ainsi la chance de voir des personnes extérieures chanter dans notre langue, c’est très flatteur.

Qu’est-ce que vous éprouvez lors de ces grands rendez-vous avec des millions de téléspectateurs? Un sentiment d’aboutissement?
Non, je suis plus pudique que ça, je ne me dis pas ce genre de choses… Je sais combien j’ai de la chance, et je me dis que c’est génial parce que, dans ce métier, le plus important, c’est de parvenir à divertir les gens, à donner du plaisir et s’en donner par la même occasion. Après, j’évite en revanche de me dire: «Il y a tant de personnes qui regardent» ou «C’est un programme phare». Parce que finalement, que ce soit un gros programme ou un plus petit que j’ai la chance d’animer, je le traite de la même façon. Je crois qu’il faut vraiment être professionnel avec tous les programmes, il faut y mettre la même énergie, la même passion: je ne fais vraiment aucune différence. Et aussi, dans un coin de ma tête, je garde cette idée que tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Ça me permet de profiter du moment présent, je garde les pieds sur terre grâce à ça. Je me dis toujours: «C’est peut-être la dernière fois», en télé, les choses vont vite, elles se font et se défont… Il faut apprécier, mais rester humble et se dire que tout peut s’arrêter.

«A un moment donné, le programme avance, vieillit...»

Sur The Voice, on a observé tout de même un tassement des audiences en 2018, à quoi l’attribuez-vous? Des événements extérieurs ont-ils joué, comme le conflit TF1-Canal Sat?
Il y a eu plusieurs éléments… Mais, d’abord, tout de même, la chaîne a été contente. Après, c’est vrai que les médias aiment parler des audiences et ont tendance parfois – je dis bien, parfois! – à dramatiser. Oui, il y a eu des événements, on ne peut pas le cacher, et on en a beaucoup parlé. Nous avons pris les choses en main pour essayer de ne pas abîmer le programme, ni les talents. Pour être tout à fait honnête avec vous, je crois qu’en plus, on ne peut plus avoir les scores – je crois que la première année, c’était 11 millions de téléspectateurs, mais là on en est quand même à la saison 7. A un moment donné, le programme avance, vieillit: il continue d’être un programme phare, mais il existe depuis un petit moment maintenant. Certains soirs, on cartonne, d’autres moins: il y a eu aussi la concurrence, cette année nous avons été face à l’Eurovision. Il y a eu beaucoup de choses, mais on a tenu bon, malgré tout. Le plus important, c’est que TF1 soit contente, car la cible c’est la ménagère de moins de cinquante ans, et sur cette cible, on est très forts, on fait de gros scores. Donc le programme devrait demeurer à l’antenne.

«Quand Sandrine Quétier a annoncé à la chaîne qu’elle quittait le programme, ça a été un choc...»

Et pour la rentrée prochaine, vous avez émis l’envie d’animer de nouvelles choses, à commencer par «Danse avec les stars»?
Oui, parce que c’est un programme que j’ai eu l’occasion de faire en tant que danseuse, en tant que personnalité… C’est un programme qui a de très belles valeurs, qui invite à aller au bout de soi-même. Je me suis vraiment découverte dans ce programme un côté que je ne me connaissais pas, très compétitrice, très investie. J’ai pris tellement de plaisir que j’avais envie d’aller le plus loin possible. Il y avait cet apprentissage, on dansait tous les jours: je suis quelqu’un de curieux et j’adore apprendre, donc c’était super à faire. Quand Sandrine Quétier a annoncé à la chaîne qu’elle quittait le programme, ça a été un choc, parce qu’elle le présentait divinement bien, elle incarnait ce programme depuis le départ – je l’aime beaucoup, c’est une amie. Après, j’ai manifesté cette envie, mais au moment où je vous parle, je ne sais pas, et je crois qu’on est plusieurs dans ce cas: on ne sait toujours pas qui va animer! Il n’y a pas encore eu de retour pour le moment de la chaîne. Peut-être ont-ils pris une décision, et que je ne suis pas désignée, peut-être sont-ils encore en phase de réflexion. En tout cas, j’aime beaucoup ce programme: si on me le confie, ce sera avec grand plaisir, mais pour l’heure, je n’ai pas plus d’information.

«Son mercato est effectivement au même moment que le mien!»

C’est un peu comme le mercato en football… Vous en plaisantez parfois avec votre compagnon Yohann Gorcuff?
Disons que parfois, on a pu se dire en rigolant: «Voilà, ça y est, on est en période de mercato!». Parce que son mercato est effectivement au même moment que le mien! Donc on vit cette période ensemble depuis quelques années.

Vous réussissez toujours à faire primer le plaisir sur le stress que ce métier procure?
Les prime en direct, c’est vraiment une énergie à part, une concentration différente, parce qu’on n’a pas le droit à l’erreur. Et encore, même si on se trompe, il faut relativiser: nous sommes des humains, pas des machines! Maintenant, c’est sûr qu’il vaut mieux évidemment bien maintenir le cap, ce sont de gros paquebots qu’on pilote à ce moment-là. Mais l’adrénaline que ça procure, c’est exceptionnel! Moi, j’ai du mal à manger avant un prime en direct, en général… Mais en même temps, c’est une énergie qui me plaît. Il y a une prise de risque, tout un protocole, j’aime ça. Le jour où je n’aurai plus peur, il vaudra mieux arrêter, tout simplement. C’est cette boule au ventre, qui fait du bien, qui génère en même temps du stress, et beaucoup de plaisir. Et à la fin, on se dit… (elle expire) Voilà, c’est fait! Quand il y a eu des petits couacs, on essaie de les relever, et de les améliorer pour la semaine d’après. Il faut remonter à vélo, tout de suite! J’aime bien cette énergie, et pour de gros «barnums» comme «The Voice», ou «Danse avec les stars», il faut savoir qu’il y a quand même 200 à 300 personnes derrière! C’est une énorme fourmilière où chaque personne a son rôle. C’est comme le foot, c’est collectif, c’est pareil. Un programme, que ce soit 200 personnes pour un direct, ou seulement 10 ou 20, c’est tout l’ensemble des gens derrière qui contribuent à sa réussite.

«J’ai pris des cours, pour la posture, pour la diction, pour essayer de gérer le plus de choses possible…»

Vous avez débuté comme mannequin, grandi en banlieue parisienne, et vous voilà animatrice phare de TF1. Vous avez visé ça très tôt?
Non, pas vraiment. Il y a eu d’abord des rencontres… Et puis, il y a eu du travail. Je ne peux pas dire que c’est venu comme ça, ce serait mentir: j’ai travaillé beaucoup, beaucoup, et je continue à travailler beaucoup. Je ne suis pas le genre de femmes qui se repose sur ses acquis. Ma mère m’a toujours dit: «On n’a rien sans rien dans la vie. Si tu veux des choses, il va falloir travailler, c’est comme ça, c’est le nerf de la guerre, et tu commenceras en bas de l’échelle. Si tu es sérieuse et studieuse, tu pourras monter d’un échelon, puis un autre, etc.» Et ça c’est passé comme ça! Mais ça a été long, ça a été parfois difficile, je suis tombée, puis me suis relevée… J’ai la chance d’être très bien entourée, avec une famille très solide, avec de bonnes valeurs, qui était derrière moi, et me disait: «Continue, ne lâche rien!» Et c’est ce que j’ai fait, j’ai fait beaucoup, beaucoup de choses, ça m’a pris beaucoup de temps. J’ai pris des cours, pour la posture, pour la diction, pour essayer de gérer le plus de choses possible… Et ça, encore très jeune. Et toujours aujourd’hui, je me dis qu’il y a encore tellement de choses à faire, et je continue à apprendre. A chaque fois que je fais un prime, j’apprends, parce qu’il se passe quelque chose, un truc imprévu. Et ça me plaît.

Karine Ferri sur le plateau du «Grand bêtisier».
Karine Ferri sur le plateau du «Grand bêtisier».
TF1/AllTheContent

«Je pense que si on veut retrouver la ligne, il faut faire du sport, et avoir l’hygiène de vie adéquate…»

Vous avez récemment piqué un «coup de gueule» contre une marque de pilules pour maigrir qui s’est appropriée votre image sur Internet…
Oui, je ne comprends pas comment on peut voler l’image de quelqu’un pour vendre des pilules amincissantes: c’est tellement dangereux, on ne sait même pas comment c’est fabriqué, d’où ça vient… Eux se sont simplement dit: «Ben tiens, on va prendre Karine Ferri, comme elle avait pris du poids avec sa première grossesse.» Je n’aime pas ça, je n’aime pas la publicité mensongère. Il y a tellement de trucs maintenant qui se sont développés avec les réseaux sociaux: on est dans une société où tout va très, très vite, avec plein de trucs faux qui sont extrêmement bien faits, où on se dit: «Mais c’est vrai!» Alors qu’il s’agit de montages… Les mecs sont forts, ça va loin et c’est dangereux, mais à un moment, il faut dire les choses. Je me suis servie du coup des réseaux sociaux pour passer un message, dire aux gens de se méfier et de ne surtout pas acheter ce genre de pilules. Je pense que si on veut retrouver la ligne, il faut faire du sport, et avoir l’hygiène de vie adéquate…

Ceci dit, les réseaux sociaux (Twtter, Instagram) permettent également d’établir un lien direct avec votre public?
Oui, ça c’est le côté positif, créer une proximité avec les gens qui vous suivent depuis tant d’années. Ça permet aussi de marquer des rendez-vous: l’avantage, c’est qu’on n’est pas obligés de passer par des journalistes, on peut passer le message, on se retrouve telle heure, tel jour.. Ça va peut-être ainsi plus vite, et surtout on a parfois envie aussi de s’exprimer soi-même, directement, sans passer par quelqu’un d’autre. Ça, c’est vrai que c’est génial de pouvoir créer ce lien avec les gens qui font votre succès et le succès du programme: c’est vraiment bien de pouvoir les remercier, et leur dire combien ils sont importants.

«On ne verra jamais le visage de mon fils sur les réseaux!»

Vous n’aimez pas trop évoquer votre vie privée, mais vous avez laissé récemment ce message d’amour sur Instagram à destination de votre fils Maël…
C’est vrai que je protège la vie privée de mon fils, ainsi que ma vie privée avec Yoann: c’est quelque chose de très important, c’est pour ça que j’en parle peu, parce que j’estime que ça nous appartient. On nous vole déjà pas mal de choses! Mais c’est vrai, parfois, j’ai aussi envie de faire passer un petit message, cependant toujours avec beaucoup de distance et de pudeur. On ne verra jamais le visage de mon fils sur les réseaux!

Justement, là c’était une manière tendre et pudique, de rassurer un petit garçon qui va bientôt devoir partager sa maman avec une petite sœur…
Quand on est parent, il n’y a pas de mode d’emploi! C’est aussi la beauté et la difficulté de devenir parent, on ne sait pas trop si on le fait bien ou pas bien: on est dans le doute, c’est toute la complexité de ce rôle. J’essaie de faire les choses au mieux pour mes enfants, et j’espère que je le fais bien: je n’ai pas de recul… Mais ce que je fais, je le fais avec le cœur, et avec beaucoup, beaucoup de discussions, et de pudeur.

«S’il y avait eu quoi que ce soit de dangereux alors que j’étais enceinte, je ne l’aurais pas fait!»

Vous êtes une femme moderne qui mène de front sa carrière et fonde une famille, vous avez l’impression que c’est compliqué ou pas?
Comme toute maman, j’ai envie de bien faire les choses pour les enfants, que personne ne soit lésé… Donc, la priorité, c’est la famille! Mais tant que mon rythme de vie leur convient, que personne n’en souffre, alors je continue. En plus de cela, je travaille avec des gens bienveillants, qui essaient d’arranger le planning le mieux possible pour que je puisse tourner puis rentrer à la maison. Donc, oui, femme moderne, parce que j’aime mon métier, et qu’à partir du moment où tout va bien, que la santé me le permet, et les médecins l’autorisent, je fais des choses. S’il y avait eu quoi que ce soit de dangereux alors que j’étais enceinte, je ne l’aurais pas fait! Pour le moment, il y a un bon équilibre.

«Mais nul doute qu’avec son talent et son caractère – c’est quelqu’un de bienveillant, de studieux, avec beaucoup d’expérience – Yoann rebondira...»

Le stade rennais n’a pas prolongé le contrat de Yoann Gourcuff, qui a déclaré chercher un club. S’il reçoit une proposition dans une autre ville, voire un autre pays, comment se passeront les discussions entre vous?
Aujourd’hui, les choses viennent de se faire. Je sais qu’on entend beaucoup de choses… De toute façon, nous sommes une famille soudée, unie, qui communique beaucoup. Et pour le moment, rien n’est fait, rien n’est encore acté. La priorité, là, tout de suite, c’est de prendre du recul, par rapport à tout ce qui a pu se passer, de penser à soi, à la famille, et puis les choses vont venir… Il y a la Coupe du monde qui débute, tout est un peu chamboulé dans le monde du foot. Mais nul doute qu’avec son talent et son caractère – c’est quelqu’un de bienveillant, de studieux, avec beaucoup d’expérience – Yoann rebondira: je ne sais pas encore où, mais je sais que ça va arriver, et qu’on restera de toute façon soudés!

Vous deviez jusqu’ici vous organiser pour faire la navette entre Rennes et Paris?
Oui, mais c’était très rapide: 1h29 en TGV, ça me permettait de faire l’aller-retour dans la journée. Et puis, Rennes est une ville qui est très vivante, dans laquelle on avait nos petites habitudes. Yoann en plus est breton, très attaché à la Bretagne, et la proximité avec Paris n’était pas négligeable. Et surtout, Rennes reste l’endroit où on est né notre fils. Donc il y a cette dimension affective qui est très, très forte, un endroit où on a de merveilleux souvenirs, qui resteront gravés dans nos mémoires. Donc quitter Rennes, forcément, ça nous fait un petit pincement au cœur…

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