Actu people 45 ans après les Twin Towers, le funambule Philippe Petit plus que jamais sur le fil

AFP

17.6.2019 - 17:52

A deux mois de ses 70 ans et presque 45 ans après sa fameuse traversée entre les tours jumelles du World Trade Center, le funambule français Philippe Petit continue à défier la gravité et se verrait bien de nouveau au sommet de Notre-Dame.

Le regard est ailleurs, dans le vague. Ils sont plusieurs à s'approcher de lui mais Philippe Petit semble ne voir personne, redescendu de son câble mais pas encore de sa transe.

«Mes amis me disent: quand tu finis une traversée, tu es comme un zombie, un extra-terrestre. Tu es toujours sur le fil», confiait-il début juin, après avoir achevé un numéro sur le toit de la Glass House, célèbre maison du Connecticut conçue par l'architecte américain Philip Johnson il y a 70 ans.

Physique affûté, environ 1,70 m tout en souplesse, Philippe Petit affirme que l'âge n'a rien entamé de ses possibilités, lui qui continue à s'entraîner trois heures par jour, six jours par semaine.

«Je pense que je peux faire ce que je faisais quand j'avais 18 ans», dit-il.

«Je suis plus en possession de mes moyens aujourd'hui que quand j'étais un jeune homme qui voulait prouver quelque chose», estime cet Américain d'adoption, qui a élu domicile aux Etats-Unis après sa marche du World Trade Center en 1974. «Je n'ai plus rien à prouver.»

Et l'appel du câble est là, toujours aussi pressant. «Je suis toujours enthousiaste, (...) comme un gamin. Je suis impatient de commencer. L'avant, c'est une perte de temps. J'aime le pendant.»

- Revoir Notre-Dame -

Sur la ligne qui le reliait à la Glass House, Philippe Petit, éternel facétieux, ne s'est pas contenté de marcher.

Il a allongé le pas, puis s'est couché sur le fil, à plusieurs reprises, comme lors de la marche du World Trade Center, qui a humanisé ces deux tours un peu froides.

«Je ne suis pas de l'univers du cirque», rappelle le funambule autodidacte, «mais du théâtre, de l'opéra, des arts. Je suis un poète funambule qui veut utiliser son câble pour connecter.»

De sa retraite non loin de Woodstock, au nord de New York, celui que le documentaire oscarisé «Le Funambule» (2008) et le film «The Walk» (2015) ont fait connaître à un large public voit s'élever, un peu partout dans le monde, des tours sans cesse plus hautes, avec envie.

Les tours jumelles Petronas à Kuala Lumpur (452 m) l'ont fait rêver mais, sans permission, plus grand-chose n'est possible, reconnaît-il. Il a pourtant posé jadis son câble à New York, Paris ou Sydney sans autorisation.

«Un type avec une tonne de matériel la nuit au sommet d'une tour géante, vous ne pensez pas qu'ils tireraient avant de poser des questions?«, interroge-t-il. «Nous vivons dans un monde tellement parano sur la sécurité.»

Aujourd'hui, l'homme au balancier prépare une tournée à l'international, dont il ne peut rien dire pour l'instant.

Il a aussi en tête la cathédrale Notre-Dame de Paris, qu'il a vu partiellement brûler, comme le monde entier, le 15 avril.

«J'adorerais refaire une traversée entre les deux tours comme en 1971», dit-il, «pour aider à la reconstruction.»

Il a offert ses services au ministère français de la Culture, qui n'a pas donné suite pour l'instant.

Philippe Petit ne fait jamais deux fois la même traversée. A Notre-Dame, «le câble serait placé de la même façon mais je ferais quelque chose de très différent».

Il imagine déjà le violoncelliste Yo-Yo Ma dans la tour d'en face. «Il m'appellerait avec sa musique. Ce serait magnifique.»

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