Capitaine de l'équipe de Suisse au Championnat du monde à Prague, Roman Josi est devenu une icône du hockey depuis son dernier passage sous les drapeaux en 2019 lors du Mondial en Slovaquie. Mais le Bernois de 33 ans n'a pas changé.
Dès que Roman Josi a posé un patin sur la glace de la capitale tchèque, les projecteurs se sont tournés vers lui. Ce pouvoir d'attraction, le défenseur des Nashville Predators ne le cultive même pas. C'est juste son aura sur la glace qui parle pour lui.
A la manière d'un Roger Federer ou d'un Marco Odermatt, Roman Josi dégage une humilité naturelle et une simplicité qui tend presque à désarçonner. Quand les neuf millions de dollars qu'il reçoit par saison pourraient faire tourner la tête de bien des gens, lui n'en fait pas grand cas.
Prendre du plaisir
Forte de sept joueurs de NHL, la Suisse présente à Prague est certainement la plus forte de l'histoire sur le papier. Et cela génère forcément des attentes élevées, qui plus est après quatre succès en autant de rencontres. «On sait que les attentes sont élevées en Suisse, mais nous avons les mêmes au sein de la sélection, explique le Bernois. Je crois que l'objectif principal au sein de l'équipe, c'est de prendre du plaisir pour parvenir à notre but commun.»
Médaillé d'argent avec la Suisse en 2013 et en 2018, Roman Josi veut logiquement aller chercher l'or. Et pour cela, il n'existe pas de formule magique. En tous les cas, le numéro 90 de la sélection n'a rien changé à son jeu. «Il faut se concentrer sur son jeu et jouer le mieux possible, explique-t-il avant de parler du hockey comme le «sport d'équipe par excellence». «J'essaie de jouer mon jeu et d'aider l'équipe.»
Des louanges pour Glauser
Bon camarade, l'ancien défenseur du CP Berne ne boude pas son plaisir au moment de retrouver ce vestiaire de l'équipe de Suisse et bon nombre de têtes bien connues: «C'est vraiment super de se retrouver avec cette équipe et notamment avec plusieurs joueurs que je n'ai pas revus depuis un moment. J'apprécie ce côté où tu n'as finalement que deux semaines et demie pour grandir et construire le bon état d'esprit.»
Durant ces cinq années d'absence, Roman Josi n'a pas pu suivre l'évolution de certains joueurs. Y en a-t-il qu'il a vu progresser ? «Je trouve que Tristan Scherwey est vraiment au top avec cette énergie qu'il met tout le temps. Et puis il y a Glauser avec qui je joue cette année pour la première fois. J'avais bien sûr entendu parler de lui et je savais qu'il était très bon. C'est un défenseur très sûr défensivement. C'est un plaisir d'évoluer avec lui et il m'impressionne.»
Entre 2019 et 2024, Roman Josi a encore franchi des paliers. Désigné meilleur défenseur de NHL en 2020, il a encore été nommé deux fois au trophée Norris récompensant le meilleur arrière, dont cette saison qu'il a terminée avec 85 points en 82 matches. Et sur le plan personnel, le Bernois s'est marié et est désormais père de deux enfants.
Changé par la paternité
«C'est clair que j'ai grandi en tant qu'hockeyeur et en tant que personne, estime-t-il. Bien entendu que de devenir père a été un grand changement et une chose incroyable à vivre. Les enfants deviennent logiquement ta priorité. Le hockey demeure extrêmement important, mais tu vois les choses différemment. Tu dois jouer avec eux et ça te permet de sortir de ce stress lié au hockey. Mes enfants ne s'inquiètent pas du hockey et c'est clair que dès que je franchis le palier pour rentrer à la maison, je peux me distraire.»
En le voyant à Prague, on se dit que Roman Josi ne connaît pas de coup de mou, même si sa performance face à la Grande-Bretagne ne restera pas dans les annales. «C'est évident qu'il y a des jours où tu te sens mieux que d'autres, surtout avec une saison de NHL aussi longue (82 matches de saison, plus éventuellement les play-off). En Amérique du Nord, quand tu joues des fois le samedi, le dimanche et le mardi, tu dois trouver un moyen d'être constant pour pouvoir produire chaque soir.»
ATS, par Jean-Frédéric Debétaz (Prague)