Neuchâtel Comptes 2023 bénéficiaires de 1,7 million

Les comptes 2023 de l’Etat de Neuchâtel ont bouclé avec un bénéfice de près de 1,7 million de francs, alors que le budget prévoyait un déficit de 13,6 millions. Le canton évolue pour la quatrième année consécutive dans les chiffres noirs. La prudence reste de mise.

«Soulagement et satisfaction, mais pas d'exaltation», a noté lundi le président du Conseil d'Etat Alain Ribaux lors de la présentation avec sa collègue Crystel Graf, en charge des finances. Les comptes affichent un bénéfice de 1,68 million sans prélèvement à la réserve conjoncturelle ou de lissage des recettes fiscales, et ce malgré des détériorations ayant affecté le résultat.

En particulier l’absence de versement de la part au bénéfice de la Banque nationale suisse (BNS), avec un impact négatif de 27,3 millions, ou le crédit supplémentaire de 34,5 millions accordé en cours d’exercice pour consolider financièrement les institutions de santé et pour compenser le renchérissement sur les salaires.

Tempête du 24 juillet

Le résultat comprend les incidences liées aux crises ukrainienne et énergétique à hauteur de 7,6 millions. La tempête du 24 juillet à La Chaux-de-Fonds a induit quant à elle des charges nettes de 900'000 francs. «Mais tout n'est pas chiffrable», a détaillé Crystel Graf.

L'événement a mobilisé l’administration qui a consacré 7118 heures à la gestion de la catastrophe naturelle qui a frappé les Montagnes neuchâteloises. En revanche, les incidences financières liées à la pandémie ont été neutralisées par des dissolutions de provisions.

Les charges d'exploitation sont sous contrôle, en particulier pour le personnel (-11 millions) et pour les biens, services et autres charges (-14,8 millions). Leur total a porté sur 2,37 milliards de francs, soit 20,6 millions de moins par rapport au budget.

Les revenus ont crû de 68,2 millions. Les recettes fiscales ont notamment rapporté 102,9 millions de plus que prévu. Elles ont atteint 737 millions pour les personnes physiques (+44,2 millions) et 222 millions pour les personnes morales (+47,5 millions).

Défis majeurs

«L'évolution reflète une conjoncture favorable et la baisse du chômage», s'est réjoui Alain Ribaux. Elle traduit la «très haute conjoncture» dont a profité le canton en 2023. «La situation a permis d'absorber les mauvaises nouvelles», a-t-il ajouté.

Concernant la part cantonale à l’impôt fédéral direct, elle dépasse le montant anticipé de 30,6 millions. Les comptes intègrent une attribution de 54,2 millions à la réserve de lissage des recettes fiscales, tandis que le budget prévoyait un prélèvement de 2,5 millions.

«La prudence reste de mise pour la suite», a insisté Crystel Graf. «L'Etat dépend de revenus sur lesquels il n'a pas de prise, comme la BNS et la péréquation fédérale». Sans oublier les défis posés par la digitalisation, les transports ou le climat. Et Neuchâtel, canton exportateur, subit plus que d'autres les aléas conjoncturels.

Les investissements nets ont atteint 86,2 millions de francs, soit 31,6 millions de moins que ceux budgétés, mais 26,8 millions de plus qu'en 2022. Hormis 2019, avec la recapitalisation du Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) pour 200 millions, il s’agit du volume le plus élevé depuis 2008 (91,1 millions alors).

Baisse d'impôt

Le taux d’endettement doit rester un sujet de préoccupation, selon le Conseil d'Etat. Il s’élevait à 1,8 milliard à fin 2023, soit une hausse de 24,3 millions en un an. La progression doit être mise en parallèle à une diminution du volume des liquidités de 104,5 millions entre 2022 et 2023.

Les comptes ne permettent pas de dégager un degré d’autofinancement minimum des investissements de 70% (55,27% en 2023). En revanche, le volume minimal des investissements imposé par le mécanisme du frein à l’endettement est respecté, soit 3,78% des revenus déterminants, alors que l’objectif légal minimal est de 3,5%.

Au-delà, le contribuable neuchâtelois peut se réjouir. Le Grand Conseil a adopté une baisse d’impôt de 1% pour tous dès 2024, et pour deux ans. Le Conseil d’Etat proposera, comme annoncé, une seconde baisse de 1% en 2025, «pour autant que les perspectives financières le permettent». Le budget 2025 le confirmera ou non.

lp, ats