Les clubs de la Swiss Football League ont fait volte-face. Après s'être prononcés à une large majorité en faveur de l'introduction de play-off en Super League en mai dernier, ils ont rejeté cette formule vendredi pour privilégier le «modèle écossais».
Réunis en assemblée générale ordinaire à Berne, les représentants des 20 clubs de la SFL ont donc accepté la proposition du FC Zurich. Douze clubs sur vingt ont finalement refusé de tester la formule des play-off.
Les clubs ont donc dans leur majorité fini par céder devant la pression des supporters, sans toutefois remettre en question le passage de 10 à 12 clubs dans l'élite également décidé en mai. La nouvelle formule entrera en vigueur à partir de la saison 2023/24.
Röstigraben du football
La répartition des voix lors du vote décisif est frappante, avec comme on pouvait s'y attendre l'apparition d'un «Röstigraben». Grasshopper est ainsi le seul club alémanique à avoir voté pour le maintien des play-off, Neuchâtel Xamax étant la seule équipe romande à avoir voté contre. Lugano et Bellinzone se sont ralliés à la large fraction romande.
C'est le président de Zurich Ancillo Canepa qui avait remis sur le tapis le modèle écossais. Les Young Boys ont été de son côté dès le début. Par un travail de persuasion et de lobbying, le FCZ et YB ont réussi à convaincre suffisamment de clubs que la variante écossaise était moins mauvaise et limiterait les dégâts par rapport aux play-off.
La pression des supporters
La résistance aux play-off s'était rapidement formée au cours des dernières semaines. Dans pratiquement tous les stades, les supporters ont fait entendre leur voix contre cette formule, la jugeant injuste et inéquitable. Les groupes de supporters ont récolté près de 60'000 signatures, même des joueurs professionnels (comme Breel Embolo) ayant signé la pétition. .
La partie s'annonçait serrée pour les partisans des play-off. Mais l'étau s'est resserré pour eux vendredi matin lorsque le FC Bâle - qui s'était auparavant tenu en retrait et aurait pu le mieux profiter directement de l'apparition des play-off en tant que «serial» deuxième de Super League - a fait savoir dans un communiqué qu'il s'opposait lui aussi à cette formule.
Une formule hybride
Au lieu de play-off, les représentants de Super League et de Challenge League ont donc opté pour le modèle dit «écossais». Il s'agit d'une formule hybride comprenant 33 tours (les équipes s'affrontant alors trois fois), avec encore cinq matches à jouer au sein de deux groupes distincts.
Les six meilleures équipes lutteront alors afin de déterminer le champion et les «Européens». Les six moins bonnes équipes en découdront quant à elles contre la relégation. Ce modèle avait déjà été discuté il y a deux ans et demi, mais il avait été rejeté à l'époque.
Moins de suspense
En renonçant à une série finale (qui était prévue au meilleur des trois matches), la Swiss Football League garantit qu'à l'avenir, la meilleure équipe sur l'ensemble d'une saison continuera à jouer pour une place en Ligue des champions.
Une finale de play-off entre le premier et le deuxième n'aurait pas assuré une telle équité sportive. Le facteur chance aurait été trop important, tout comme les risques liés à la gestion de la sécurité pour de tels matches couperet.
Mais d'un autre côté, la Ligue aurait pu ramener du suspense dans le championnat. Ces dernières années, le champion s'est toujours assuré le titre de manière incontestée et à plusieurs tours de la fin. Au cours des huit dernières saisons, l'écart de points entre le premier et le deuxième était en moyenne de 16,4 points. Il n'y a jamais eu de champion surprise...
Les déclarations
Comité «Playoffs Nein» (communiqué) :
«La majorité des présidents de la SFL ont écouté leur base et empêché l'introduction d'un mode de play-off injuste et impopulaire dans le football suisse de haut niveau. L'alliance +Pas de playoffs dans le football suisse+ prend acte de cette décision avec une grande joie et satisfaction. En trois semaines, l'alliance a réussi à lancer un débat à l'échelle nationale sur le football et le mode de fonctionnement des ligues. Près de 60'000 personnes se sont clairement exprimées: contre des play-off absurdes et inutiles, pour une formule qui préserve un noyau de tradition et d'équité dans le sport».
Ancillo Canepa (président du FC Zurich, instigateur du «modèle écossais") : "Je suis très satisfait. J'ai pu convaincre une grande partie de mes collègues que les play-off ne seraient pas une bonne chose pour le football suisse. Je remercie également les très nombreux supporters qui ont signé la pétition. On ne pouvait pas ignorer cela. La pression des fans a été extrêmement importante».
Claudius Schäfer (CEO de la Swiss Football League) :
«Je suppose que plusieurs clubs ont tenu compte de la démarche des supporters. A l'avenir, nous devrons aller davantage à la rencontre des supporters et aussi participer à la discussion. Bien sûr, plusieurs clubs sont déçus. En tant que Ligue, nous avons le devoir de réunir à nouveau les deux groupes».