Interview Le LUC est au bord du précipice

Clara Francey

23.2.2021

Après la chance, le Lausanne UC aura besoin d’un exploit samedi dans le cadre du quart de finale de LNA qui l’oppose à Näfels. Débarqué en 2017 sur les bords du Léman en provenance d’Amriswil, le Français Adrien Prével, désormais capitaine, se confie sur la situation. 

Malgré les circonstances, le capitaine Adrien Prével attend un sursaut d'orgueil de son équipe samedi à Näfels.
Malgré les circonstances, le capitaine Adrien Prével attend un sursaut d'orgueil de son équipe samedi à Näfels.
KEYSTONE

En bref : la situation du LUC avant son quart de finale

  • Après avoir perdu le premier acte (3-2), les Vaudois ont été mis en quarantaine jusqu’à ce soir minuit.
  • S’ils entendent poursuivre leur chemin en play-off, les hommes de Max Giaccardi devront s’imposer samedi sur le score de 3-0 ou 3-1 pour se qualifier directement.
  • S’ils dominent les Glaronnais 3-2, ils joueront un "golden set" pour se départager.

Interview

Adrien Prével, depuis que vous êtes arrivé à Lausanne en 2017, est-ce qu’on peut dire que vous vivez votre saison la plus compliquée ?

"Évidemment. La saison a été vraiment compliquée, nous n’avons jamais vraiment réussi à trouver un rythme dans nos performances et nous avons été très inconstants. A titre d’exemple, nous avions réalisé un bon mois de janvier, avec des prestations encourageantes. Mais ensuite il y a ce premier match de play-off que l’on perd contre Näfels (3-2), qui plus est à la maison, qui nous remet la tête sous l’eau. Malgré l’un des meilleurs effectifs sur le papier, nous n’avons jamais vraiment réussi à trouver une constance dans l’agressivité, l’intensité et la qualité technique. Tout ça est très frustrant."

Comment l’expliquer ?

"Il y a plein de facteurs, mais je crois que notre premier match de la saison, la Supercup en septembre 2020, perdu 3-0 contre Lucerne, nous a fait très mal. Ce premier trophée était à notre portée et nous sommes complètement passés au travers de la rencontre. Je pense que ça ne nous a pas aidé à gagner de la confiance, en particulier pour les nouveaux joueurs qui découvraient le championnat. Nous n’avons pas réussi à créer ce matelas de confiance dont nous avions besoin pour la suite et qui nous a fait défaut toute la saison."

Quel bilan de votre saison tirez-vous jusqu’à présent ?

"C’est la merde (rires). Plus sérieusement, il n’est pas positif évidemment, que ce soit en termes de résultats ou de prestations. Nous avons eu quelques coups d’éclat, comme lorsque nous avons battu Amriswil chez nous (3-2), mais la saison n’est pas belle. Il y a tout de même du positif du côté des jeunes Suisses qui ont pris un peu plus d’épaisseur cette année, comme Tim Ineichen ou Mathias Montavon. Maintenant, ce n’est pas l’heure du bilan. Nous ferons les comptes dimanche matin, mais pour l’instant nous avons encore une chance de rallier les demi-finales. Samedi, il faudra monter dans le bus pour Näfels afin d’aller gagner. Sur le terrain, il nous faudra mettre de l’agressivité, de la méchanceté. Nous avons perdu trop de matches en étant passifs."

Contrairement aux années précédentes où vous étiez les grandissimes favoris, vous endossez cette saison le rôle d’outsiders. Est-ce vraiment ce que vous aviez imaginé au départ ?

"Je pense que ce rôle nous va assez bien finalement. Si on regarde les matches où nous étions les favoris, nous nous sommes pris les pieds dans le tapis à chaque fois. J’ai l’impression que le groupe n’aime pas trop cette pression. C’est assez bizarre vu la qualité qu’il y a dans cet effectif. Il y a un petit déficit de confiance, qui peut expliquer le fait que nous avons parfois eu de la peine à nous lâcher."



Votre équipe vit des temps difficiles entre votre défaite lors de l’acte I des quarts de finale il y a 10 jours face à Näfels, votre élimination en demi-finale de la Coupe de Suisse le lendemain à Schönenwerd et finalement votre mise en quarantaine la semaine dernière après le test positif d’un membre de votre staff. Comment l’équipe a-t-elle réagi à cette succession de coups durs ?

"Je ne vais pas mentir, c’était difficile moralement, mais il faut garder à l’esprit que ce n’est pas fini, que nous avons encore une chance. À deux jours près, nous aurions pu ne pas nous trouver en quarantaine comme nous aurions pu ne pas jouer de match retour et être directement éliminés. En effet, nous avons pour la plupart eu le Covid il y a trois mois... et deux jours (!), ce qui fait qu’on nous a imposé une quarantaine car notre immunité était 'obsolète'. D’autre part, si notre quarantaine avait dû être prolongée, nous n’aurions pas eu le droit à un match retour. Pour ma part, j’ai envie de maximiser cette chance. Si nous passons en demi-finale, tout reste ensuite possible. Pour cela, il faudra un vrai exploit. Nous aurons besoin d’être soudés et nous avons encore quelques jours de préparation."

Ce n’est pas la première fois que votre équipe est mise en quarantaine cette saison, mais ce nouveau coup d’arrêt tombe au pire moment, avec de lourdes conséquences sur la suite de votre parcours. Votre quart de finale se jouant sur deux matches, et non au meilleur des trois, vous jouerez ainsi samedi déjà votre qualification pour la suite de la compétition. Comment préparer une telle échéance dans ces conditions ?

"Nous faisons du fitness dans notre salon tous les jours en visioconférence pour rester en forme physiquement. Comme notre quarantaine se termine ce soir (ndlr : mardi) à minuit, il nous restera trois jours d’entraînement pour retrouver le contact avec le ballon. Ce qui va véritablement jouer samedi, ce sera l’état d’esprit. Il ne faudra pas y aller avec la peur de perdre, mais avec la confiance en nos moyens, en y ajoutant un supplément d’âme. Il nous faudra nous rendre à Näfels avec la rage et sortir tout ce qu’on a, pour en quelque sorte nous racheter. On va devoir aller à la bagarre et montrer une meilleure image, car depuis que je suis arrivé ici avec Max (ndlr : Giaccardi, l’entraîneur), avant cette saison, Lausanne était une équipe de guerriers que personne n’avait envie de jouer."

Pour vous qui êtes une véritable pile électrique, l’exercice de la quarantaine doit être particulièrement difficile. Vous tenez le coup ?

"C’est d’autant plus difficile que, cette fois-ci, fort heureusement, je ne suis pas malade, comme aucun autre membre de l’équipe d’ailleurs. Les journées sont longues, c’est vrai. Lors de notre première quarantaine, j'étais malade et je dormais tout le temps. Ces jours, il fait beau dehors. On voit également les autres équipes qui jouent, donc c’est frustrant. J’espère que cet énervement d’être cloué à la maison va nous servir pour retourner sur le terrain et arracher la victoire samedi."

Retour à la page d'accueilRetour au sport