A 41 ans, Steve Guerdat affiche l'un des plus beaux palmarès du sport équestre mondial. Homme de valeurs, il n'en finit jamais d'apprendre.
«Qu'est-ce que cela signifie d'être un modèle pour les plus jeunes? Ça veut dire que je vieillis», s'amuse le cavalier jurassien en ouverture de la conférence de presse du CHI de Genève (6-10 décembre à Palexpo), organisée mercredi dans un hôtel genevois.
«Ce n'est pas quelque chose que je recherche. J'essaie juste d'être moi-même et de m'épanouir avec mes chevaux. Mais ça fait plaisir de savoir que certains me suivent sur cette route que je trouve saine», poursuit-il.
«Le plus beau compliment qu'on puisse me faire, c'est de me dire que je suis resté le même», alors qu'il a connu la gloire d'un sacre olympique individuel il y a 11 ans déjà à Londres avec le regretté Nino des Buissonnets. «Ça fait également plaisir d'être une source d'inspiration», souffle-t-il.
Si Steve Guerdat inspire les plus jeunes cavaliers de saut d'obstacles, il n'en garde pas moins l'âme d'un novice. «Je ne me sens pas toujours au niveau. J'ai parfois l'impression d'être un enfant», concède-t-il. «Par exemple, la semaine dernière, je ne voulais rater sous aucun prétexte les premiers pas du nouveau cheval de Marcus Ehning», explique-t-il.
Les qualités exceptionnelles de Dynamix
«J'ai aussi des modèles. J'ai encore beaucoup à apprendre», assure Steve Guerdat. Son apprentissage se poursuit notamment avec sa jument Dynamix de Belhême, sur laquelle il est devenu champion d'Europe individuel en septembre à Milan. «Elle possède des qualités athlétiques exceptionnelles», savoure-t-il.
«On l'a avec nous depuis cinq ans, on la connaît par cœur. Elle est très attachante, ce qui n'est pas toujours le cas des cracks. C'est une jument dont on tombe amoureux au premier regard. C'est un pur bonheur de travailler chaque jour avec une telle bête», précise-t-il.
Le médaillé de bronze des Jeux équestres mondiaux 2018 en individuel ne s'attendait pourtant pas à vivre de tels succès dès cette année avec cette jument. «Les championnats d'Europe devaient surtout constituer pour elle une étape avant les JO de Paris 2024. Elle a 10 ans, et est selon moi encore en pleine formation», souligne-t-il.
Un grand moment
Steve Guerdat juge d'ailleurs Dynamix largement perfectible. «Si le titre olympique se jouait ce week-end, je ne ferais sûrement pas partie des candidats à l'or, lâche-t-il. «On doit encore beaucoup travailler sa vitesse sur les parcours plus courts, comme c'est le cas du barrage en vigueur aux JO. Il faut alors être capable d'aller très vite.»
Le double champion d'Europe par équipes œuvre chaque jour afin de rendre Dynamix encore plus performant dans ce domaine. «On travaille à la maison sur des obstacles de 30-40 cm de haut. Mais la réalité de la piste se retrouve seulement lors des concours», rappelle-t-il.
Et le prochain concours, c'est le CHI de Genève qui démarre mercredi prochain. «Je me réjouis de présenter Dynamix au public de Genève depuis que j'ai décroché mon titre européen. Entrer sur cette piste, c'est toujours un grand moment», sourit Steve Guerdat, qui montera Dynamix lors d'un Grand Prix dominical qu'il a déjà gagné à trois reprises à Palexpo.
Le Jurassien visera forcément la victoire dans ce Grand Prix, tout comme le vendredi soir lors de la prestigieuse finale du Top 10. «Je monterai Venard, le chouchou de notre écurie, pour cette finale du Top 10. C'est avec lui que j'estime que mes chances sont les plus grandes dans cette épreuve» qu'il a déjà remportée deux fois (2010 et 2018).
Le partage
Si Steve Guerdat parle forcément plus de ses deux meilleures montures, il n'en oublie jamais les autres. «Tous les chevaux finissent par vous apporter quelque chose. Ils émergent au fur et à mesure», explique celui qui fonctionne surtout au feeling avec ses chevaux.
«J'aime faire les choses naturellement. Je marche aux sentiments avec mes chevaux, je suis à leur écoute», souligne-t-il. «L'important est de comprendre quand ton cheval a besoin d'en faire plus ou d'en faire moins pour être en forme le jour J. Je n'aime pas que notre métier soit trop professionnalisé. Je veux surtout partager des moments privilégiés avec les chevaux.»
ATS