J-5 pour Egan Bernal: le Colombien affirme se ressentir toujours de son dos, mais a les cartes en main pour gagner le Giro, dimanche à Milan, après ses démonstrations dans chaque temps fort de la course.
«S'il m'arrive de connaître une journée un peu difficile, je pourrai gérer», estime le porteur du maillot rose, au vu de son avance – près de deux minutes et demie – sur le deuxième, l'Italien Damiano Caruso, transformé à 33 ans en candidat au podium après l'abandon de son leader d'équipe (Mikel Landa).
Jusqu'à présent, Bernal a réalisé un sans-faute pour son premier Giro. Deux victoires d'étape, une présence permanente aux avant-postes, une supériorité marquée à chaque arrivée sélective: tout roule pour le vainqueur du Tour de France 2019, pourtant privé dès la première semaine du Russe Pavel Sivakov qui devait être le dernier à l'accompagner en montagne.
Le Colombien a cependant évoqué, mardi, lors de la journée de repos à Canazei, le souci récurrent qui le tracasse depuis de nombreux mois: «A certains moments de l'étape, j'ai mal. En dehors des soins quotidiens de physiothérapie, je ne peux pas y faire grand chose. Je ne pense pas que la douleur sera trop forte avant la fin du Giro. Je peux le faire et j'ai confiance.»
Son approche du Tour d'Italie a été étudiée en conséquence. «J'ai eu une excellente préparation en tenant compte des problèmes rencontrés après le Tour 2020 (abandon). Ce n'était pas l'idéal mais nous avons pris avec mon entraîneur les bonnes décisions», a estimé Bernal, adepte de longues sorties d'entraînement qu'il partage souvent sur Strava, une application sportive spécialisée.
Aisance et sang-froid
Toujours très à l'aise en haute altitude comme il l'a confirmé lundi au passo Giau, le point culminant de ce Tour d'Italie, le maillot rose montre aussi une grande habileté pendant la course, tant dans le placement que dans l'agilité sur le vélo. Et aussi un sang-froid qui lui permet de trier, de rester fixé sur l'essentiel. Quitte à laisser filer un succès d'étape à sa portée.
«L'objectif est le maillot rose à Milan», a-t-il rappelé samedi dernier après l'étape du Monte Zoncolan gagnée par un sans-grade.
Mardi, il a évoqué du bout des lèvres l'après-Giro pour poser un point d'interrogation sur sa participation aux Jeux olympiques de Tokyo, un déplacement compliqué et risqué auquel a déjà renoncé le champion du monde Julian Alaphilippe, et laisser entrevoir une préférence pour la Vuelta (14 août au 5 septembre), une course qu'il n'a jamais disputée.
A la sempiternelle question sur le Tour de France (26 juin au 18 juillet), le Colombien, l'un des plus jeunes lauréats de l'histoire avant que le Slovène Tadej Pogacar abaisse encore la marque l'année passée, a répondu: «Je ne pense pas, non. Doubler Giro et Tour est très difficile.» Et de glisser: «On a déjà une très bonne équipe.»
Fragilisé de fait au sein de sa formation par son abandon du Tour 2020, Bernal laisse ainsi à d'autres (Geraint Thomas, Richard Carapaz, Tao Geoghegan Hart) la responsabilité de se frotter aux Slovènes (Pogacar, Primoz Roglic). En attendant de revenir encore plus fort sur la plus grande course du monde.