Trois ans après le bronze-surprise conquis par Mujinga Kambundji sur 200 m à Doha, Swiss Athletics peut espérer de nouveaux exploits de ses 25 représentants aux Mondiaux 2022 de Eugene (15-24 juillet). Les meilleures chances helvétiques ne reposent cependant pas sur les épaules de la Bernoise, mais bien sur celles de Simon Ehammer.
Vice-champion du monde en salle de l'heptathlon en mars à Belgrade, Simon Ehammer aborde ces joutes américaines dans la peau du no 1 mondial de la saison. Mais ce sera à la longueur, discipline qu'il a décidé de privilégier avant de préparer plus spécifiquement le décathlon en vue des Européens de Munich (15-21 août).
L'Appenzellois a «explosé» dans la spécialité ce printemps. Alors que son record personnel était jusque-là de 8m15 (en 2020), il a bondi à 8m30 le 7 mai à Ratingen – pour battre de 3 cm le record de Suisse de Julien Fivaz – puis à 8m45 le 28 mai à Götzis. A chaque fois dans le cadre d'un décathlon, avec donc seulement trois essais.
Tentoglou en favori
Simon Ehammer n'a pas fait mieux que 8m13 depuis. Mais il a prouvé en Ligue de diamant à Rabat (2e) puis à Oslo (3e) qu'il avait les moyens de rivaliser avec les meilleurs spécialistes sur un concours. Et il reste le meilleur performeur mondial de l'année, avec 9 cm de plus que Murali Sreeshankar et Miltiadis Tentoglou.
Ce statut ne fait pas de lui le favori d'un concours dont la finale aura lieu dans la nuit de samedi à dimanche, et c'est sans doute mieux pour ses nerfs. L'homme à battre est bien Miltiadis Tentoglou, champion olympique l'été dernier à Tokyo et invaincu dans les concours disputés en extérieur depuis l'entame de la saison 2021. Mais derrière le Grec, tout semble possible.
Enfin un podium pour les relayeuses?
Une autre meilleure performance mondiale de l'année est pour l'heure à mettre au crédit de Swiss Athletics. Celle du relais 4x100 m féminin, vainqueur le 30 juin à Stockholm avec un chrono de 42''13. Bien sûr, ce succès a été obtenu en l'absence des meilleures nations de la planète. Mais il est prometteur.
Géraldine Frey, Mujinga Kambundji, Salomé Kora et Ajla Del Ponte sont restées à 0''08 du record de Suisse établi en séries des JO de Tokyo l'été dernier par Kambundji, Kora, Del Ponte et Riccarda Dietsche. Avec aussi l'émergence de Natacha Kouni (11''12 à Bulle), le quatuor helvétique peut aller bien plus vite.
Et les quatre filles qui seront choisies par Adrien Rothenbühler n'auront sans doute pas le choix si elles entendent enfin concrétiser le «vieux» projet du 4x100 m lancé par Laurent Meuwly il y a plus d'une décennie. Jamaïque, Team USA et Grande-Bretagne ont ainsi les moyens de passer nettement sous les 42 secondes.
Kambundji no 12 de l'année
Sur le plan individuel, difficile d'imaginer pareil double exploit qu'à Tokyo où Ajla Del Ponte et Mujinga Kambundji avaient terminé respectivement 5e et 6e du 100 m – et la Bernoise 7e sur 200 m. D'une part, la Tessinoise est encore loin de sa meilleure forme après avoir été freinée cet hiver par une blessure à une cuisse.
D'autre part, la concurrence est au moins aussi rude qu'un an plus tôt. La championne du monde du 60 m en salle Mujinga Kambundji n'est ainsi «que» la 12e meilleure performeuse de l'année sur 100 comme sur 200 m, alors qu'elle a réalisé les meilleurs chronos de sa carrière ce printemps (10''89 et 22''18).
Sur 100 m (finale dans la nuit de dimanche à lundi), toute autre issue qu'un triplé jamaïcain Shelly-Ann Fraser-Pryce/Elaine Thompson-Herah/Shericka Jackson constituerait une surprise. Reste à voir si le 200 m – dont les séries auront lieu moins de 24 heures après la finale du 100 m – verra autant de forfaits qu'à Doha, où Mujinga Kambundji avait pleinement su profiter des circonstances.
Gasch prêt à sauter sur l'occasion
Troisième Suisse à être reparti de Belgrade une médaille en poche, Loïc Gasch peut aussi viser haut. Mais la tâche du vice-champion du monde en salle de la hauteur s'annonce délicate dans une discipline où la meilleure performance de la saison (2m34) est à mettre à l'actif d'un Russe privé de ses Mondiaux, Ilya Ivanyuk.
Derrière, 13 sauteurs ont passé 2m33 ou 2m30. Avec ses 2m27 de Genève, Loïc Gasch pointe au 16e rang de la hiérarchie. Le Vaudois a déjà franchi 2m33 en plein air, et il avait effacé une barre à 2m31 lors des Mondiaux en salle. Saura-t-il à nouveau se sublimer? Premier élément de réponse vendredi soir, les qualifications étant programmées dès la première session matinale de ces joutes.