Jérémy Desplanches «Je devais me mettre en péril»

ATS

16.5.2022 - 13:00

Jérémy Desplanches s'adapte peu à peu à son nouveau rythme d'entraînement à Martigues, où il a élu domicile l'automne dernier. Mais le vice-champion du monde du 200 m 4 nages n'est pas certain d'être prêt à l'heure de défendre cette médaille fin juin à Budapest.

Jérémy Desplanches : nouvelle vie à Martigues

Jérémy Desplanches : nouvelle vie à Martigues

Jérémy Desplanches a posé ses valises à Martigues il y a sept mois déjà. Loin des projecteurs, le Genevois de 27 ans se reconstruit dans l'optique des Jeux de Paris 2024, entre doutes et espoir.

16.05.2022

16.5.2022 - 13:00

Homme des grands rendez-vous avec quatre médailles dans les quatre derniers grands championnats, le Genevois craint-il de décevoir sponsors et médias? «Quand j'ai décidé de rejoindre Philippe Lucas, j'ai contacté chacun de mes sponsors. Je leur ai expliqué que je devais me mettre en péril pendant un certain temps», souligne-t-il.

«On dit qu'il faut de six à douze mois pour assimiler une nouvelle méthode d'entraînement. On en est à sept mois depuis mon arrivée à Martigues. Ca peut le faire pour Budapest, ou pas...», souffle le grand blond, qui sera en revanche certainement au sommet de son art pour les championnats d'Europe programmés en août à Rome.

«Ca a de la gueule»

«Mais j'ai en tout cas senti le soutien de tous mes sponsors. Il est vrai que je ne pars pas dans l'inconnu. Un projet avec Philippe Lucas, ça a de la gueule, et ça fait sens», explique Jérémy Desplanches, qui se demande en revanche si les médias sauront faire preuve d'indulgence.

«Jusqu'ici, les médias suisses ont été cools avec moi, car tout s'est presque toujours parfaitement passé pour moi», rappelle le médaillé de bronze olympique et double médaillé européen (or en 2018, argent en 2021) du 200 m 4 nages. «Mais comment réagiront-ils si j'ai moins de succès?», se demande-t-il.

«Je peux faire la comparaison avec la France, où l'on tombe très vite dans la surmédiatisation pour les bons comme pour les mauvais résultats», souligne le Genevois, dont la vie n'a pas changé après les JO 2021. «Ca a simplement appuyé ma stature et montré que mes médailles n'étaient vraiment pas dues au hasard», glisse-t-il.

«On m'a souvent sorti un truc flatteur et vexant à la fois: on m'a dit tu es tellement bon que tout le monde te soutient, et tu n'as donc pas besoin d'autres sponsors. Ca me fait sourire, car en règle générale meilleur tu es, mieux tu gagnes ta vie», poursuit Jérémy Desplanches.

«Jérémy devrait être plus médiatisé»

Française, sa compagne Charlotte Bonnet peine d'ailleurs à comprendre cette situation. «Jérémy devrait être plus médiatisé. Si j'avais ramené une médaille de Tokyo, je n'aurais pas la même vie que lui actuellement. J'aurais eu de très nombreuses demandes de médias, des opportunités avec les sponsors», assure-t-elle.

«Ma vie aurait changé. D'ailleurs, elle avait changé lorsque j'avais ramené une médaille des JO 2012», à l'âge de 17 ans seulement. «Et ce n'était «que» du relais (4x200 m libre). Chaque médaille a en fait changé ma vie», réalise la triple championne d'Europe 2018 (200 m libre, 4x100 m libre et 4x100 m libre mixte).

«Sa vie n'a pas vraiment changé, et c'est dommage pour lui. En Suisse, j'ai l'impression que les médias mettent le paquet sur une poignée d'athlètes en en négligeant d'autres», regrette Charlotte Bonnet. «Et il ne serait pas plus médiatisé s'il vivait en Suisse. On mise simplement moins sur le sport qu'en France», conclut-elle.

ATS