Affaire «Docteur Mabuse» Affaire «Docteur Mabuse» : le verdict est enfin tombé

AFP

18.1.2022

Le «naturopathe» Bernard Sainz, alias «Docteur Mabuse» du cyclisme, a été condamné lundi à un an de détention à domicile sous surveillance électronique pour exercice illégal de la médecine et de la pharmacie et «aide ou incitation» au dopage.

Bernard Sainz a été condamné lundi à un an de détention à domicile.
Bernard Sainz a été condamné lundi à un an de détention à domicile.
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Bernard Sainz, «déçu» par la décision du tribunal correctionnel de Paris, a annoncé son intention de faire appel.

Lors de son procès, fin novembre, le parquet avait requis deux ans de prison et 30.000 euros d'amende à son encontre.

Son avocat, Me Hector Bernardini a estimé qu'il s'agissait d'"un jugement de Salomon", «satisfaisant pour personne».

S'il «comprend» l'infraction d'exercice illégal de la médecine et de la pharmacie retenue à l'encontre de son client, Me Bernardini a dénoncé une infraction de dopage qui, selon lui, «ne repose que sur des spéculations et des interprétations». «Il n'y a dans ce dossier aucune saisie de produits dopants», a-t-il fait remarquer.

Concernant l'exercice illégal de la médecine, «on avait reconnu mes compétences en matière de naturopathie qui permettaient à un certain nombre de patients de retrouver une parfaite santé dans la continuité de l'échec de la médecine traditionnelle, donc je suis déçu d'être condamné pour avoir servi la cause des patients en leur donnant une pleine santé», a affirmé de son côté M. Sainz.

«Je relève appel donc la sanction n'est pas définitive», a-t-il lancé indiquant être prêt à aller jusqu'en cassation si cela s'avérait nécessaire.

«Je n'ai pas cet argent»

M. Sainz a également été condamné à cinq ans d'interdiction de profession en lien avec le secteur de la santé et du sport. Il doit en outre payer des amendes d'un montant total de 41.500 euros à la Fédération française de cyclisme (FFC), à l'Ordre des médecins et à l'Ordre des pharmaciens.

«On m'a saisi tous mes biens, je ne dispose pas de cet argent. Je suis condamné à des réparations des parties civiles alors qu'on sait pertinemment que je n'ai pas l'argent nécessaire pour pouvoir y contribuer», a indiqué M. Sainz.

«Notre satisfaction est très relative car il y a 30 ans que nous le connaissons, il y a 30 ans qu’il sévit, il y a 30 ans qu’il abîme le sport cycliste, il y a 30 ans qu’il incite, aide, facilite des jeunes ou des moins jeunes à se doper. Alors le mal est fait, il est irréversible», a estimé pour sa part Me Paul Mauriac, avocat de la FFC, partie civile dans le procès.

«C’est quand même extraordinaire que (M. Sainz) s’étonne voire s’indigne qu'on lui interdise enfin d’exercer toute activité ayant un lien direct avec la médecine», a ajouté l'avocat.

Ancien coureur cycliste amateur, présent dans le milieu du cyclisme depuis qu'il a intégré comme directeur sportif adjoint l'équipe Gan Mercier, Bernard Sainz, 78 ans, entretient depuis longtemps la réputation d'un gourou flirtant sans cesse avec les limites mais profitant de ses bonnes relations dans le peloton.

Il était poursuivi pour des faits d'"exercice illégal de la médecine et de la pharmacie" et «aide ou incitation à l'utilisation de substances ou méthodes interdites dans le cadre de manifestation sportive» et ce en état de récidive, entre 2013 et 2017.

Un autre prévenu, Loïc Herbreteau, 45 ans, ancien champion de France cycliste amateur, a été condamné à trois mois de prison avec sursis et 2.000 euros d'amendes pour avoir mis en relation des sportifs avec M. Sainz.

Un troisième prévenu, l'ancien acteur Pierre-Marie Carlier, 56 ans, jugé pour avoir mis son fils Alexis, coureur cycliste semi-professionnel, en contact avec Bernard Sainz «en vue d'améliorer ses performances sportives» a été condamné à une amende de 2.000 euros avec sursis.

Les ennuis judiciaires de Bernard Sainz ne sont pas nouveau. Il avait été condamné en 2014 en appel à Paris à deux ans de prison dont vingt mois avec sursis, notamment pour incitation au dopage et exercice illégal de la médecine, dans une affaire qui avait éclaboussé le milieu cycliste dans les années 1990.

En février 2019, la cour d'appel de Caen lui avait infligé 12 mois de prison avec sursis et 2.000 euros d'amende dans une autre affaire dans le milieu cycliste semi-pro et amateur.