Titulaire face à la Suède jeudi (défaite 4-1), Stéphane Charlin n'a pas pu se montrer aussi décisif qu'en club, notamment lors du tiers médian. Mais le portier des Langnau Tigers est déjà passé à autre chose.
Patrick Fischer et Lars Weibel, respectivement sélectionneur et directeur des équipes nationales, avouaient dernièrement que la situation des gardiens les préoccupait moins qu'il y a deux ans. Car oui, la succession de Leonardo Genoni et Reto Berra est un sujet d'importance.
Seulement aujourd'hui avec des garçons tels qu'Akira Schmid ou Connor Hughes en Amérique du Nord, mais aussi Sandro Aeschlimann, Ludovic Waeber ou Stéphane Charlin en National League, la Suisse ne va pas se retrouver «à poil» au moment où les légendes vont se retirer.
Pour la partie inaugurale de l'Euro Hockey Tour en Suisse, Patrick Fischer avait confié le filet à Stéphane Charlin. Dans l'Emmental, on raconte d'ailleurs que le mot infranchissable se dit désormais Stéphane Charlin. Et c'est on ne peut plus logique si l'on s'attache aux statistiques du gardien des Langnau Tigers cette saison.
En 18 matches, le portier genevois, qui retournera chez les Aigles dès la saison 2025/26, affiche un pourcentage d'arrêts de 95,21% et 1,61 goal encaissé par rencontre. Jusqu'ici, Charlin n'a capitulé qu'à 29 reprises. Fou.
Onze minutes de flou
Jeudi soir face à la Suède, le dernier rempart des Tigers a commencé la partie sur les mêmes bases. Solide devant sa cage, parfois chanceux avec un tir sur les montants, Charlin a réussi un premier tiers à la hauteur de sa réputation. Puis il y a eu ce tiers médian où la Suisse a encaissé quatre goals en 11 minutes.
Alors au moment de discuter avec le portier de 24 ans après le match, il y avait un peu d'ironie à l'analyse de cette séquence où il a presque pris plus de buts en quelques minutes que durant la saison. «Je l'avoue, j'ai eu une période un peu creuse, c'est un autre niveau, constate-t-il. Il y a de meilleurs joueurs et c'est vrai que je n'ai pas été à mon meilleur durant ces onze minutes.»
Très sévère avec lui-même, le gardien de l'équipe de Suisse n'a pourtant pas énormément de choses à se reprocher sur cette rencontre, même s'il est évident qu'il aurait pu garder son équipe dans le match selon les circonstances. «En enlevant ces onze minutes, on fait une très bonne performance face à une très bonne équipe, analyse-t-il. Il n'y a pas que des choses à jeter. Dans le troisième tiers, on a dominé.»
Alors qu'elle avait réussi à juguler les assauts suédois pendant deux minutes en double infériorité numérique, la Suisse n'a pas su construire là-dessus. «On a perdu le momentum, regrette Charlin. Ils ont eu des power-plays et on n'a pas su marquer en supériorité numérique. C'était à contre-courant de ce que l'on voulait bâtir après s'être sorti sans mal de deux minutes à 3 contre 5.»
Une question de résilience
Comme tout bon gardien, le Genevois a rapidement mis de côté ce match pour se concentrer sur le prochain. Avec trois postes disponibles pour le mois de mai et le Mondial à Herning, il faut aussi penser plus loin.
«Chaque joueur a envie de marquer les esprits à chaque match, et des fois on n'y arrive pas, estime-t-il. Avant le match, je me motive afin de faire une bonne performance, mais après le match, j'essaie de ne pas trop y penser. Je suis déjà en train de me demander sur quoi je peux m'améliorer. On doit avoir cette résilience.»
Gageons que s'il revient devant le filet durant ce tournoi, Charlin aura à coeur de redevenir le mur qu'il est dans l'Emmental.