National League «Il y a quelque chose de spécial» - Comme un air de 2013 à Fribourg

ATS, par Jean-Frédéric Debétaz

14.3.2024 - 16:56

Deuxième de la saison régulière en ayant franchi pour la première fois la barre des 100 points (102), Fribourg-Gottéron affronte Lugano dès samedi (20h) en quarts de finale des play-off. Et au sein de l'équipe, on sent comme un air de 2013.

Julien Sprunger et Andreï Bykov vivront-ils une nouvelle finale avec Gottéron après celle de 2013 ?
Julien Sprunger et Andreï Bykov vivront-ils une nouvelle finale avec Gottéron après celle de 2013 ?
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ATS, par Jean-Frédéric Debétaz

Et si Fribourg avait trouvé une machine à remonter le temps et que l'équipe affichait l'esprit de 2013 ? En parlant avec divers acteurs lors de la journée des médias organisée par les Dragons, il se dégage clairement comme un parfum de 2013. Il y a onze ans, Gottéron avait terminé premier de la saison régulière et n'avait été battu que par Berne en finale (4-2).

Parmi les acteurs présents en 2013, Andreï Bykov et Julien Sprunger sont bien entendu toujours là. Mais alors que le capitaine sera encore présent la saison prochaine, le joueur aux racines russes va donner ses derniers coups de patins puisqu'il a annoncé qu'il prenait sa retraite.

Blessé en fin de saison, Andreï Bykov est à nouveau disponible, mais il ne sait pas quand il pourra reprendre le jeu: «Je dois penser jour après jour. Je ne regarde pas plus loin. Je vais profiter chaque jour de venir à la patinoire et de travailler. Au final, je suis content d'avoir pris cette décision. C'était un long processus de réflexion. J'ai pensé à tous les paramètres, ça m'a pris beaucoup de temps. J'en ai parlé avec ma copine et on en a aussi longtemps parlé avec Julien. J'étais prêt à jouer ailleurs, mais j'ai décidé d'arrêter. C'est comme si je devais faire le deuil de cette vie.»

Jouer pour les autres

Compère de toujours du numéro 89, Julien Sprunger avoue que ce n'est pas simple de voir son pote mettre un terme à sa carrière, mais que cela peut aider l'équipe: «On compte les jours et on profite. Cela donne aussi une motivation supplémentaire à l'équipe. On joue pour quelqu'un d'autre. Je pense que les autres joueurs ont du respect pour les anciens de l'équipe. Ils ont envie de faire partie de ce groupe.»

Les deux attaquants évoquent le groupe, cette entité qui fait que Fribourg a fini 2e de la saison régulière. «Il y a une cohésion et c'est rare, précise Andreï Bykov. Dès le début on a senti que les planètes s'alignaient. Il y a un respect et une éthique de travail au sein de cette équipe. Tout le monde se pousse.»

Ambition et humilité

Pour le capitaine des Dragons, il faut trouver la bonne balance entre ambition et humilité: «En plus de vingt ans dans ce club, il n'y a pas eu souvent de moments où on a pu se dire qu'il y avait une chance. En 2013, on finit premier de la saison régulière et on va en finale. En 2022, on perd en demi-finales après avoir battu Lausanne en quarts. Cette année, on finit 2e avec le record de points. On a un effectif qui peut gagner le titre et a l'ambition d'y arriver, mais on ne se voit pas plus gros qu'on est.»

Battu en deux rencontres par Lugano en pré play-off la saison dernière, Fribourg ne voit pas ce quart de finale comme une revanche. «Nouvelle saison, nouvelle histoire, on ne vit pas dans le passé», appuie Julien Sprunger.

Pour Andreï Bykov, c'est l'esprit de sacrifice qui doit primer dans ces instants: «Il n'y a pas de secret, il faut augmenter l'intensité. C'est très difficile mentalement de ne pas regarder trop loin. On arrive mieux à le faire avec l'expérience. Notre coach en 2013 Hans Kossmann nous avait dit: «c'est quand la dernière fois que vous êtes allés en finale? Il y a 20 ans». C'est bien de le réaliser en se disant qu'on a une bonne chance. On doit se reposer sur la confiance acquise jusqu'ici. Chacun doit rester affûté dans son rôle, et nous devons trouver le juste milieu au niveau des émotions.»

Un truc spécial

Julien Sprunger avoue sans détour que la saison passée fut un échec. Et que pour effacer cette déception, il s'agit de ne pas se tirer une balle dans le pied. De serial buteur, l'attaquant de 38 ans a accepté le rôle donné par le staff sans broncher. Par respect pour l'équipe. C'est aussi ça qui fait la force de ce Gottéron 2023/24.

«Tu ne sais jamais comment ça va se passer en mettant 25 individualités dans un vestiaire, explique Sprunger. Là, dès le début, le staff a défini les rôles et les joueurs les ont acceptés. Marcus Sörensen met plus de 60 points, mais il n'est pas traité comme une superstar.»

Et si en 2024 il n'y a plus de «Kiwi dance» (réd: un rituel imaginé par le défenseur Joel Kwiatkowski) comme en 2013, Julien Sprunger revoit quelques similitudes avec cette période. «On sent quelque chose de spécial quand on est devant le public et qu'on saute contre le plexiglas, conclut-il. On revit les scènes avec les gens qui attendent des heures pour avoir des billets. Ca rigole beaucoup dans le vestiaire, il se passe quelque chose. Tout le monde se sent à l'aise dans le vestiaire.»