Souleymane Cissé "Au LS, nous ne sommes pas dans une dictature"

vasc, ats

12.2.2021 - 16:05

Le Lausanne-Sport est dans la tourmente, à la veille (18h15) de recevoir Servette dans le derby lémanique de Super League. Son directeur sportif Souleymane Cissé parle.

Souleymane Cissé, directeur sportif du FC Lausanne-Sport, évoque l'actualité de son club.
Souleymane Cissé, directeur sportif du FC Lausanne-Sport, évoque l'actualité de son club.
Keystone

Avec un point pris en cinq matchs, les critiques fusent autour de la structure du club détenu par Ineos. Souleymane Cissé a traité tous les sujets chauds dans un long entretien accordé à Keystone-ATS vendredi.

- Le Lausanne-Sport n'a pris qu'un point depuis le début de l'année. Qu'est-ce que cela vous évoque?

«Comme je le disais quand nous étions en haut de classement, nous sommes en construction et il y aurait des moments de souffrance. Nous sommes là-dedans. C'était prévu, même si ce n'est pas agréable. Mais au vu de nos matchs, nous ne sommes pas ridicules si on occulte la première demi-heure à YB dimanche dernier. Le reste est cohérent, nous jouons mieux, mais il nous manque de l'efficacité.»

- Quel regard portez-vous sur l'effectif du LS?

«C'est un effectif de qualité. Il est mixte, même s'il est le plus jeune de Super League. Car si on regarde la base, il n'y a pas que des jeunes: les gardiens, Flo, Boranijasevic, Kukuruzovic, etc. Depuis l'année passée, nous avons changé de division et seul Andi Zeqiri est parti. Je me suis battu pour le retenir, mais il avait une clause dans son contrat.»

- N'est-il pas trop jeune pour se maintenir?

«Il est peut-être jeune pour la Suisse, mais pas ailleurs. Aujourd'hui, il y a dans le football des joueurs de 18 ans qui jouent au haut niveau. Il ne faut pas faire de la jeunesse un bouc émissaire. Ce serait trop réducteur. Les joueurs d'expérience nous coûtent aussi des points. Et puis, il y a une critique qui dit que la formation locale serait bafouée. Quand on regarde l'effectif, on peut constater que j'ai donné l'opportunité aux jeunes du Team Vaud. Je les ai intégrés de suite, par conviction. J'ai la volonté de leur permettre de se continuer de se développer. Mais combien d'entre eux sont capables de s'imposer? Un joueur comme (Gabriel) Barès par exemple, on ne peut pas encore vraiment s'appuyer dessus pour se maintenir. Les jeunes de Nice qui viennent d'ailleurs ne prennent pas la place des Vaudois. Ils ne sont là que pour une année, pas pour trois ou quatre saisons. Simplement, nous n'allons pas couver le risque de descendre. Nous n'avons pas d'autre prétention que le maintien.»

- Fallait-il vraiment se séparer d'un joueur comme Christian Schneuwly, parti à Stade-Lausanne?

«C'est moi qui ai demandé à ce qu'il ne fasse pas partie du projet. Car la stratégie du club était de permettre à (Cameron) Puertas de jouer. C'est un choix sportif et je ne pense pas que Schneuwly soit meilleur que Puertas. Au contraire, Puertas est plus rentable sportivement et économiquement.»

- Après la débâcle à YB dimanche, Giorgio Contini aurait dit qu'il ne connaît pas certains de ses joueurs. Qu'est-ce que cela vous inspire?

«Je n'étais pas là. J'ai confiance en Giorgio, je ne le vois pas dire ça, mais s'il l'a dit, c'est qu'il a ses raisons. Ce que je sais, c'est qu'il est au courant de toutes les arrivées. Nous construisons l'effectif ensemble. Je n'ai jamais imposé un joueur, l'entraîneur fait ses choix. Je suis directeur sportif, je dois donc construire une philosophie et donner une direction. Mais la base de l'équipe est celle de Giorgio. Je ne lui ai rien enlevé, à l'exception de Schneuwly qui ne fait plus partie du projet. C'est le seul choix difficile et je suis fier de l'avoir fait pour Puertas. Je ne martyrise pas Giorgio Contini. Nous nous concertons. L'arrivée de Jonathan Bolingi est par exemple un choix collégial. Nous ne sommes pas dans une dictature. Mais on ne fait pas une omelette sans casser quelques oeufs.»

- Qui fait le recrutement à Lausanne? On dit qu'il y a une cellule commune à tous les clubs Ineos (Nice, Lausanne et Abidjan).

«Lausanne a sa propre cellule de recrutement. Mais nous travaillons en équipe. Nous nous appuyons aussi sur celle de Nice, mais Nice ne nous impose pas de joueurs. Au final, c'est moi qui décide. Il faut arrêter de croire que Nice vient tout nous imposer. Mais j'ai mon expérience, mon expertise, mon carnet d'adresse. Des joueurs comme (Rafik) Zekhnini ou (Moritz) Jenz, c'est moi qui les ai choisis. Au final, je tranche.»

- Quelle est la situation de Giorgio Contini? Est-il en danger?

«Son cas revient sur la table souvent, à juste titre. Mais il n'y a pas de problème, nous collaborons bien. Je lui fais confiance. Pour preuve, je n'ai sondé aucun entraîneur. Mais j'ai besoin de voir l'évolution. Aujourd'hui, il a un contrat et je le respecte.»

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