Ce dimanche à l'occasion de la venue du néo-promu Clermont, Vladimir Petkovic ouvrira un nouveau chapitre de sa carrière. Celui qui s'est affirmé comme le plus grand sélectionneur de l'équipe de Suisse de l'histoire engage un pari bien risqué à la tête de Bordeaux.
Il est d'ores et déjà acquis que les Girondins n'ont pratiquement aucune chance de tenir les premiers rôles dans une Ligue 1 qui voit le Paris Saint-Germain bénéficier d'une puissance financière inouïe et des clubs comme Monaco, Marseille, Lyon, Nice, Rennes et sans oublier le Champion en titre Lille engager le fer avec des ambitions affirmées. Vladimir Petkovic se retrouve dans un club qui doit repartir de zéro avec un président au passé sulfureux.
L'homme d'affaires ibéro-luxembourgeois Gérard Lopez a, certes, sauvé les Girondins de la faillite cet été, mais sa politique est basée sur le recours à un endettement massif. La saison dernière, les actionnaires de Lille n'avaient pas hésité à le congédier malgré le parcours remarquable de l'équipe en championnat. Seulement la crainte d'une banqueroute fut trop grande.
Une douceur de vivre bien trompeuse
Séduit très vite par le discours que lui a tenu Gérard Lopez, Vladimir Petkovic n'a pas hésité longtemps avant d'abandonner son poste de sélectionneur pour poser ses valises à Bordeaux, cette ville que l'on surnomme «la belle endormie». Mais cette douceur de vivre que l'on peut percevoir au bord de la Garonne est parfois trompeuse.
Vladimir Petkovic comprendra vite que les supporters du club peuvent nourrir de terribles colères qui ont été fatales à des anciens dirigeants et à des anciens entraîneurs, Willy Sagnol par exemple. Par ailleurs, il sera très certainement épié par Christophe Dugarry, le consultant le plus mordant de l'Hexagone. L'ancien attaquant des Girondins se désole depuis des années du déclin de son club dont le dernier fait d'armes fut la conquête du titre de Champion de France en 2009 sous la férule de Laurent Blanc.
Le casse-tête du recrutement
«Je ne regarde pas derrière moi. Le passé ne m'intéresse pas, affirme Vladimir Petkovic. Je regarde devant moi. Tout en étant conscient qu'il s'agit d'un nouveau départ.» Mais avec quelle équipe ? Celle de la saison dernière fut vraiment très proche de connaître les affres d'une relégation sportive avec une série notamment terrible de onze défaites contre seulement une victoire et un nul entre le 29 janvier et le 25 avril. L'urgence commande donc de la remanier très largement.
Mais contraints par le gendarme financier de la Ligue 1 de vendre des joueurs avant de finaliser des transferts, Gérard Lopez et Vladimir Petkovic vont devoir trouver une baguette magique pour bâtir un effectif qui tiendra la route. Aucun joueur du cadre actuel n'est véritablement «bankable» et le club doit assumer des salaires considérables, 300'000 euros pour l'ancien Gunner Laurent Koscielny, qui fêtera ses... 36 ans le 10 septembre prochain, plus de 200'000 pour Loris Benito qui était arrivé libre il y a deux ans. A ces tarifs-là, aucun club ne se risquera à recruter ces deux joueurs que le club ne cherche en aucun cas à retenir.