Le changement, ce n'est toujours pas maintenant. Les années de débats n'ont rien changé: la Super League conservera sa formule à dix clubs dès la saison 2020/21.
Les dirigeants romands de la Swiss Football League (SFL) espéraient se faire entendre. Il n'en a rien été. Votant par écrit, les vingt clubs de Super League et de Challenge League avaient le choix d'accepter ou de rejeter un format à douze équipes, s'inspirant du championnat d'Ecosse (33 journées, puis un tour final entre les six premiers et un autre entre les six derniers). Résultat ? Dix pour, dix contre.
On était loin du renversement: une majorité qualifiée de quatorze voix était nécessaire pour acter la révolution. Si les clubs romands ont a priori tous voté pour, au même titre que Lugano, le statu quo a été plébiscité de l'autre côté de la Sarine, sous l'impulsion notamment de Bâle et Young Boys. Comme depuis 2003, la Super League continuera à se disputer à dix équipes, sur trente-six journées.
«Le sujet n'est pas réglé»
Fin du débat ? Non, considère Stefan Nellen. «Le sujet n'est pas réglé d'après moi, lance le vice-président du Lausanne-Sport. Nous sommes très déçus du résultat. Mais la majorité n'est pas écrasante. Je ne veux pas remettre en cause la manière, mais cette consultation par écrit, sans assemblée plénière qui aurait facilité la tâche pour faire passer ses arguments, est dommageable.» Pour le Vaudois, qui espérait une majorité confortable pour accélérer un passage à douze, le processus n'était pas irréprochable, en raison de son caractère fermé: «Il est possible que certains clubs étaient pour une formule à douze, mais contre le modèle écossais.»
Un reproche auquel ne se joint pas le propriétaire de Neuchâtel Xamax Jean-François Collet: «Nous ne pouvions pas choisir un nombre sans choisir de mode. Le fait de soumettre cette formule au vote avait été entériné lors d'une consultation interne, avec une large majorité.» Celui qui est aussi vice-président de la SFL se veut digne face au résultat: «C'est la démocratie, il faut l'accepter. Je m'incline, mais si j'aurais préféré un passage à douze.»
Plutôt, Collet, fervent soutien de la formule rejetée, regrette la versatilité des autres votants: «Je ne comprends pas pourquoi certains clubs ont changé d'avis en quelques semaines, souffle-t-il. Il y a une incapacité à suivre une ligne, à garder une certaine stabilité. Mais je suis fair-play, tout s'est fait très honnêtement, je ne remets pas en cause le résultat.» Et le débat n'est pas prêt de s'arrêter.
Un débat destiné à revenir
Si le résultat de jeudi permet à la SFL de pouvoir lancer le nouvel appel d'offres pour les droits de télévision et de marketing, le contrat actuel prenant fin au terme de la saison 2020/21, les discussions semblent, à terme, destinées à reprendre.
«On sait que l'idéal est un championnat à douze ou quatorze équipes», analyse Pascal Besnard. Le président du Servette FC a voté oui. Mais sans grande conviction: «Nous étions partagés, souligne le Genevois. Au début, nous étions contre, car nous estimions que tout n'était pas réuni par rapport à la formation, notamment l'absence de réflexion sur la Challenge League. Au final, nous avons considéré que cette formule à douze était plus supportable que celle à dix, qui comporte le risque de faire l'ascenseur.»
«Nous ne sommes pas du tout frustrés, nous nous adaptons, enchaîne Besnard. Il était important de voter, mais le sujet reviendra sur la table.» En effet, certains clubs souhaiteraient une réanalyse complète des deux premières divisions. Un modèle avec une Challenge League plus ouverte (avec par exemple deux groupes et l'intégration des réserves des équipes professionnelles) pourrait séduire quelques dirigeants. Un vénérable serpent de mer.