Pierluigi Tami «J'avais un mauvais pressentiment»

ld, ats

6.6.2022 - 13:31

Le lundi de Pentecôte aura bien été celui de la gueule de bois pour l'équipe de Suisse. Au lendemain de la gifle reçue devant le Portugal, les raisons d'espérer sont bien minces.

Keystone-SDA, ld, ats

L'équipe qui a éliminé l'automne dernier l'Italie à la course à la qualification directe pour la Coupe du monde au Qatar nage dans des eaux de plus en plus troubles. Trois jours après leur défaite 2-1 en République tchèque, un échec qui faisait tache contre l'équipe présumée la plus faible de ce groupe de Ligue des nations, les Suisses ont sombré à Lisbonne avec une défaite 4-0, la plus cinglante depuis quatorze ans. Devant Cristiano Ronaldo et ses coéquipiers, les joueurs de Murat Yakin ont lâché mentalement. Depuis les tribunes, on voyait presque des juniors perdus dans un monde d'adultes.

L'Everest en tongs

Jeudi, l'équipe de Suisse affrontera une Espagne en mal de points après ses deux nuls contre le Portugal (1-1) et la République tchèque (2-2) avec une défense décapitée. Fabian Schär sera suspendu, Nico Elvedi est blessé et Manuel Akanji, qui éprouve une gêne à son genou, ne semble pas emballé à l'idée de rejouer cette saison alors qu'il s'apprête à finaliser un transfert dans un grand club. Affronter l'Espagne avec une charnière composée de Fabian Frei et d'Eray Cömert, les deux derniers défenseurs centraux valides, s'annonce une tâche aussi ardue que l'escalade de l'Everest en tongs.

«J'avais un mauvais pressentiment avant le rassemblement», avoue Pierluigi Tami. Les craintes du directeur des équipes nationales étaient fondées. Cette campagne de juin est bien celle de trop pour l'équipe de Suisse. «Le groupe est en difficulté, ajoute le Tessinois. Il ne faut pas se cacher: nous rencontrons des problèmes. Des joueurs ne sont pas arrivés en bonne condition. Le salut passe par une prise de conscience. Chacun doit faire un pas vers l'avant. Il ne sera, par ailleurs, que collectif. Nous devons élever le curseur. Contre le Portugal, l'organisation et la concentration ont été déficientes.»

Un capitaine sous pression

La question des relations pour le moins tumultueuses entre le sélectionneur et le capitaine s'invite également au débat. L'équipe de Suisse s'est qualifiée pour la Coupe du monde sans Granit Xhaka. Avec son capitaine, elle a déjà perdu trois matches cette année, en Angleterre, en République tchèque et au Portugal, et n'a obtenu qu'un nul à Zurich contre le Kosovo.

S'il est sans doute un peu trop réducteur d'affirmer que l'équipe de Suisse est plus forte sans Granit Xhaka, il n'en demeure pas moins que la situation commence à peser. Murat Yakin n'entend pas laisser à son capitaine les libertés qui pouvaient être les siennes dans le coeur du jeu avec Vladimir Petkovic. Il est vrai aussi que Granit Xhaka n'a pas fait grand-chose lors des quatre matches livrés cette année en sélection pour s'affirmer comme le leader incontesté de l'équipe. Il risque très vite de se heurter à une véritable concurrence à mi-terrain si Denis Zakaria retrouve à l'automne la plénitude de ses moyens.

Murat Yakin affirmait il y a deux mois que Xhaka, Zakaria et Remo Freuler pouvaient être associés à mi-terrain. Cette certitude est-elle toujours de mise aujourd'hui? Elle sera, en tout cas, mise à l'épreuve si le sélectionneur persiste dans son système en 4-2-3-1 qui offre à Xherdan Shaqiri la meilleure option pour briller. Même si son autonomie risque de ressembler de plus en plus à celle d'un joueur du dimanche, sa présence demeure indispensable. Le joueur de Chicago est le seul en mesure d'inspirer le jeu. Le problème est qu'il ne l'a fait que lors du premier quart d'heure à Lisbonne...