Lucien Favre vit-il ses dernières heures d'entraîneur à Dortmund?
Condamné par la presse, le technicien vaudois est encore soutenu par ses joueurs, malgré une nouvelle prestation calamiteuse vendredi soir en Bundesliga. «Ça ne peut plus durer comme ça avec Favre», titre samedi le quotidien Die Welt en ligne, tandis que Eurosport.de claironne: «Ambiance explosive au BVB, Favre à court d'arguments!»
A domicile, le Borussia était mené 3-0 à la pause par... Paderborn, la lanterne rouge! Marco Reus le capitaine a arraché l'égalisation dans le temps additionnel (3-3) pour éviter in extremis une nouvelle humiliation, après la raclée reçue à Munich le 9 novembre (4-0). Mais le BVB est provisoirement 5e à cinq points du leader Mönchengladbach, qui joue samedi.
«Dortmund est à des années-lumières de son objectif de titre», constate Bild, le quotidien le plus lu en Allemagne. «S'ils analysent la situation froidement, ils doivent arriver à une conclusion: Favre n'est pas un entraîneur pour le titre!», ajoute le journal.
Dans les couloirs du stade après le match, les deux joueurs les plus influents sont toutefois venus soutenir l'entraîneur de 62 ans, arrivé au Borussia à l'été 2018 après deux saisons réussies à Nice: «Chacun doit se prendre en main, c'est de ça que nous devons parler, pas de notre entraîneur», a lâché le capitaine Reus.
Même tonalité chez Mats Hummels, l'expérimenté champion du monde 2014: «C'est nous, sur la pelouse, qui faisons les erreurs. Je veux dire très clairement que ça n'a rien à voir avec l'entraîneur lorsque nous rendons la balle à l'adversaire sans aucune pression.»
Chez les dirigeants, qui ont beaucoup cru au projet Favre et lourdement investi cet été pour renforcer l'effectif, l'embarras est visible. Avant même le coup d'envoi, le manager du groupe professionnel Sebastian Kehl avait avoué: «Nous avons beaucoup de marge de progression, évidemment nous devons nous interroger (...) Nous nous entretenons régulièrement en interne sur différents sujets et naturellement nous discutons aussi parfois de l'entraîneur.»
A la fin du match, le directeur sportif Michael Zorc a été moins disert: «Je ne dirai pas grand-chose. Sinon que la première période a été inadmissible et que nous devons nous en excuser auprès des spectateurs (...) demain est un autre jour.»
Bild, lui, appelle à une réaction rapide: «Après le sommet de la honte à Munich, le patron Hans-Joachim Watzke et le directeur sportif Michael Zorc avaient décidé d'accorder un délai de grâce à Favre jusqu'à la trêve hivernale. Mais maintenir ce sursis serait maintenant extrêmement risqué.»