Ombre et lumière de l'Euro: côté ensoleillé, le sacre de l'Italie renaissante, le football offensif et les sauveurs du Danois Christian Eriksen figurent en bonne place. Côté nuageux, on trouve les ballons cafouillés, les cadors terrassés et les controverses politiques à répétition.
Tops
L'Italie est de retour
Un demi-siècle après son premier titre européen en 1968, l'Italie règne à nouveau sur le Vieux-Continent, au terme d'un tournoi où elle a été tour à tour séduisante, solidaire et solide mentalement.
Un renouveau italien dont son sélectionneur Roberto Mancini a été le grand artisan, jusqu'à surmonter l'adversité d'un stade de Wembley tout acquis à l'Angleterre pour s'imposer dimanche aux tirs au but (1-1 ap, 3-2 tab) et pouvoir revivre des «Nuits magiques» attendues depuis son sacre au Mondial 2006... déjà aux tirs au but.
Les sauveurs d'Eriksen
La plus belle action du tournoi est incontestablement celle accomplie en équipe autour de Morten Boesen, le médecin de la sélection danoise: sauver la vie de Christian Eriksen, le meneur du Danemark qui venait de s'effondrer, victime d'un arrêt cardiaque en plein match contre la Finlande mi-juin.
Tout le staff médical, mais aussi le capitaine Simon Kjaer, qui a assuré les premiers gestes, ont contribué à ranimer le joueur. Tiré d'affaire, ce dernier a suscité une vague de sympathie et de soutien à travers l'Europe.
Le festival offensif
Cet Euro a accumulé les records offensifs. Une moyenne de 2,81 buts par match a été atteinte, une marque jamais vue depuis que la compétition inclut une phase de groupes au tournant des décennies 70 et 80.
Les records de l'insatiable Ronaldo
Encore de nouveaux records individuels pour Cristiano Ronaldo: l'insatiable Portugais (36 ans), co-meilleur buteur du tournoi avec cinq buts, comme le Tchèque Patrik Schick, a dépassé Michel Platini (9 buts) comme meilleur marqueur de l'histoire de l'Euro avec 14 unités.
«CR7» a égalé au passage le record du monde de buts en sélection de l'Iranien Ali Daei (109 buts)... mais il n'a pas pu empêcher l'élimination précoce du Portugal, destitué de sa couronne continentale.
Schick, Damsgaard et les nouveaux talents
Chaque Euro révèle de nouveaux talents. Ce tournoi a permis d'apprécier la vista du géant tchèque Schick, la finesse technique de l'Espagnol Dani Olmo, le punch de l'ailier allemand Robin Gosens, la puissance du Néerlandais Denzel Dumfries, la fraîcheur de l'attaquant danois Mikkel Damsgaard ou la renaissance italienne, symbolisée par le gardien Gianluigi Donnarumma, élu meilleur joueur du tournoi.
Les Flops
Penalties ratés et auto-goals
L'arbitrage, globalement salué pour sa discrétion et son laisser-faire, a accouché d'un nombre record de penalties sifflés dans un Euro, 17 au total, effet de l'introduction de l'arbitrage vidéo (VAR).
Le taux de réussite dans cet exercice a été à peine supérieur à 50% (seulement 9 transformés). Le bonnet d'âne des penalties ratés revient à l'Espagne, qui en a manqué deux dans le jeu.
Côté maladresse, il faut aussi signaler le nombre record de buts contre son camp inscrits pendant le tournoi: 11 au total, soit plus que tous les Euros précédents réunis!
L'infortuné gardien slovaque Martin Dubravka restera dans les mémoires par son «csc» grotesque, lorsqu'il a volleyé le ballon dans son propre but contre l'Espagne.
Mortel groupe de la mort
Mis à part l'Italie et l'Angleterre, finalistes, et l'Espagne, demi-finaliste, plusieurs grands noms ont connu un parcours décevant, comme les Pays-Bas, la Croatie, ou encore l'Allemagne, la France, championne du monde, et le Portugal, champion d'Europe sortant.
Pour la Mannschaft, les Bleus et la Seleçao, l'élimination a été cruelle dès les huitièmes après avoir laissé des plumes en s'affrontant dans la poule F, rebaptisée «groupe de la mort», et rétrospectivement fatale à tous ses membres.
Les polémiques
Dispersé dans onze pays d'Europe aux sensibilités diverses, l'Euro de foot a laissé libre cours aux querelles géopolitiques et sanitaires: absurdité logistique et environnementale d'un tournoi éparpillé sur le continent, polémique autour de symboles anti-discrimination, comme le genou à terre ou les couleurs arc-en-ciel de la communauté LGBT...
Sans parler de ces supporters qui n'ont pas pu suivre leur équipe nationale ou bien ont été exposés au Covid-19 pendant leurs déplacements.
Et pour ne rien arranger, la finale a été ternie par de nombreux débordements à Londres et autour du stade, comme lorsque des supporters sans billet ont tenté de forcer l'accès... Des controverses dont cet Euro se serait bien passé.