Voir «La Pulga» enfin soulever la Coupe... L'Argentine gagnera dimanche le match des supporters contre la France et pas uniquement dans le stade de Lusail, à Doha. L'aura de Lionel Messi attire à l'Albiceleste les faveurs des passionnés de football avant la finale du Mondial 2022.
C'est même le cas parmi les Uruguayens et les Brésiliens, qui ont en partage une animosité tenace pour la sélection voisine. Selon un sondage de l'Institut brésilien de recherche et d'analyse de données, un tiers des compatriotes de Neymar plaçaient l'Argentine comme deuxième choix pour gagner le tournoi.
Un phénomène
Mateus da Silva, 25 ans, rencontré sur la plage de Flamengo à Rio, soutiendra les rivaux argentins, «mais pas pour eux, pour Lionel Messi, pour tout ce qu'il a fait pour le football». «C'est un phénomène», dit ce livreur.
«Auparavant, il n'y avait quasi personne pour souhaiter» une victoire des Argentins, «considérés comme arrogants», explique le journaliste sportif uruguayen Luis Prats. «Mais cette équipe paraît plus humble, plus combative. Et il y a Messi, une idole, qui n'est pas une vedette comme les autres.»
«Messi réussit un consensus comme aucun autre joueur», renchérit son confrère Diego Muñoz, de la chaîne sportive ESPN, qui relève que de jeunes Uruguayens portent le maillot argentin, chose impensable pour leurs aînés.
Selon une enquête pour le média en ligne Montevideo portal, quasiment la moitié des 6'000 participants (47,5%) souhaitent une victoire argentine quand moins d'un tiers soutiendront la France (31%).
Mbappé en retrait
Même biais en Allemagne où, selon un sondage réalisé en collaboration avec FanQ par l'agence sportive SID, 63,1% des personnes interrogées ont déjà désigné Messi comme meilleur joueur du tournoi, contre seulement 13,6% pour le Français Kylian Mbappé
L'entraîneur du Maroc, Walid Regragui, qui a grandi en banlieue parisienne, avait lui apporté son soutien à la France après la défaite de son équipe en demi-finale. Pas certain que ce soit l'opinion dominante au Maroc... Ouassim, 37 ans, qui ne donne pas son nom, est comme de nombreux compatriotes un fan du FC Barcelone, le club où Messi a écrit sa légende. Il veut voir en finale «un Messi maradonien qui aura couronné sa magnifique carrière avec une troisième étoile sur le maillot de son équipe nationale.»
Meryem, 26 ans, «respecte Kylian» Mbappé. «Mais il a encore tout l'avenir devant lui pour devenir une star planétaire». «Aujourd'hui, c'est Messi qui mérite de gagner une Coupe du monde» -sans doute sa dernière-, dit cette professeure de mathématiques de Casablanca.
La planète touchée par la Messimania
Même choix puissance 10 au Bangladesh, où le Mondial a donné lieu à d'impressionnants rassemblements de supporters du Brésil et d'Argentine, les deux sélections les plus populaires dans ce pays d'Asie du sud, terre de cricket qui se prend tous les quatre ans de passion pour le football.
Le soutien est moins unanime au Japon, mais là encore, beaucoup rêvent de voir l'enfant de Rosario enfin couronné. Employé de bureau tokyoïte de 48 ans, Hideyuki Kamai pense que la France est plus forte, mais il veut que «Messi soulève la Coupe du monde».
«S'il gagnait, il donnerait au peuple argentin le même trophée que Maradona, peut-être le seul joueur meilleur que lui dans l'histoire», renchérit Leonardo Pini, étudiant romain de 25 ans, qui rappelle en outre les liens historiques entre populations italienne et argentine.
Les Pays-Bas avec la France
Cet unanimisme agace pourtant Beatrice Mauriello, étudiante napolitaine de 23 ans, qui soutient «la France parce qu'(elle) déteste Messi: il est devenu un personnage qui, quoi qu'il fasse ou dise, a raison et est intouchable».
La planète entière, exception faite de Beatrice et des Français, serait donc derrière l'Argentine ? Non... Les Bleus peuvent compter sur le soutien des deux-tiers des Néerlandais, selon un sondage. Par pure détestation des Argentins après leur quart de finale perdu, conclu par une attitude agressive et très peu sportive des partenaires de Messi...
Président d'une association des supporters des Oranje, Henk van Beek, 52 ans, est intarissable sur le «favoritisme» dont bénéficieraient les Argentins «depuis le début de la compétition», et leur «comportement arrogant».
Aussi, assure-t-il, les Néerlandais espèrent que la bande de Didier Deschamps «infligera une défaite traumatisante (sur le plan du football bien sûr) à l'Argentine».