«C’est un précurseur» Le portrait de Pep Guardiola par Bernard Challandes

Nicolas Larchevêque, à Istanbul

10.6.2023

Samedi soir (dès 20h00 en libre accès sur blue Zoom), Manchester City va tenter de décrocher la première Ligue des champions de son histoire. Pour y parvenir, Pep Guardiola et ses joueurs devront réussir à déjouer les plans de l’Inter Milan. Consultant pour blue Sport et présent à Istanbul, Bernard Challandes dresse le portrait de l’imprévisible entraîneur catalan.

Pep Guardiola «est en avance sur son temps», selon Bernard Challandes.
Pep Guardiola «est en avance sur son temps», selon Bernard Challandes.
IMAGO / blue Sport

Nicolas Larchevêque, à Istanbul

10.6.2023

Bernard Challandes ne s’en cache pas. Pour lui, Manchester City va s’imposer samedi soir dans l’Atatürk Olympic Stadium. Mais rien ne sera simple pour la formation de Pep Guardiola, dont le travail et les idées suscitent l’admiration chez l’entraîneur neuchâtelois.

«C’est un précurseur, c’est quelqu’un qui innove et qui a une idée du football différente de la plupart des entraîneurs. Pour moi, c’est l’entraîneur numéro un. Pas par les résultats, simplement par ce qu’il apporte au football. Il le dit lui-même : dans la vie, on ne doit pas stagner et rester sur des certitudes. Le football évolue comme la vie en général», rappelle l’ancien sélectionneur de l’Arménie et du Kosovo.

Saison après saison, club après club, Guardiola n’a cessé de se renouveler et de s’adapter à son équipe, comme le souligne Challandes. «Ce qu’il a fait à Barcelone, il l’a fait en fonction de ce qu’il a vécu en tant que gamin dans le centre de formation barcelonais. C’est-à-dire ne pas répéter les actions, mais prendre des décisions en fonction des situations de jeu, donc faire appel à l’intelligence du joueur.»

«Il a quitté Barcelone en ayant tout gagné, en ayant un football de possession qui consistait à mettre Lionel Messi dans les bonnes conditions afin qu’il fasse le reste. Quand il arrive ensuite à Munich, tout le monde croit qu’il va apporter “son” Barça au Bayern. Mais très vite, il sait que ce n’est pas possible avec des joueurs allemands. Messi n’est pas là», explique le technicien de 71 ans.

Ainsi, Guradiola «n’est, contrairement à ce qu’on pense, pas dogmatique», relève Challandes. «Certains pensent que c’est un gars qui a ses principes, qui ne change pas. Mais c’est exactement le contraire : il est très ouvert à tout, surtout à faire progresser le joueur.» Un aspect qu’il a également amené chez les “Sky Blues”.»

«Guardiola faisait le match avant, et souvent ça fonctionnait»

Bernard Challandes

Consultant blue Sport

L’Espagnol de 52 ans tente continuellement de sortir ses joueurs de leur zone de confort. Certains de ses protégés à City, à l’image de John Stones ou d’İlkay Gündoğan, peuvent ainsi évoluer à plusieurs postes. «Il le dit : le football n’est pas fait d’actions, mais d’interactions. L’action ou la course d’un joueur implique l’action d’un autre joueur, qui implique à son tour celle d’un autre joueur. Et ainsi de suite. Au final, ça implique toute l’équipe», détaille Bernard Challandes.

Avant de revenir sur le travail acharné qu’effectue le Catalan : «Il décortique l’adversaire comme ce n’est pas possible. À partir de là, il va proposer à ses joueurs des solutions pour mettre en difficulté l’adversaire avec les qualités de son équipe. Et c’est ce qui a très souvent choqué, positivement, ses joueurs. Il faisait le match avant, et souvent ça fonctionnait. C’est sa grande qualité.»

Reste que, malgré tout le bien qu’on peut dire de lui, Pep Guardiola n’a plus goûté aux joies de soulever la Coupe aux grandes oreilles depuis plus de dix ans (deux sacres en 2009 et 2011 avec Barcelone). Parviendra-t-il à gravir à nouveau cette ultime marche et à offrir à Manchester City son premier trophée européen ? Réponse samedi dès 21h00…