Mode Ces mannequins transgenres se sont imposés comme stars des podiums

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21.3.2019

Elles sont grandes, belles, dotées de traits fins et de mensurations de rêve. Mais elles ne sont pas nées femmes. Ce «détail» ne les a pourtant pas empêchées de s’imposer sur le devant de la scène. Qui sont ces mannequins transgenres devenus stars de la mode?

Particularités physiques, formes généreuses… Alors que l’univers stéréotypé de la mode s’ouvre aujourd’hui aux beautés atypiques, les mannequins transgenres investissent aussi les podiums. Des visages androgynes et des corps qui brouillent les pistes d’ordinaire si bien délimitées entre masculin et féminin. En grande majorité, des hommes devenus femmes, mais aussi des femmes devenues hommes. Andreja Pejic, Lea T, Geena Rocero, Laith Ashley… Qui sont ces tops qui ont séduit marques et couturiers?

Andreja Pejic, la pionnière

Andreja Pejic – anciennement Andrej – est le tout premier mannequin transgenre à s’être fait connaître dans la mode. En 2011, cette Australo-bosnienne, qui a toujours ses attributs masculins, n’a que 20 ans. Choisie pour représenter la marque néerlandaise Hema, elle crée un tollé en s’affichant dans des tenues non seulement très féminines, mais aussi très près du corps.

A l’époque, cette campagne, l’une des premières en son genre, l’immortalise en égérie de lingerie fine. «Je n’ai jamais vu un homme faire la campagne d’une ligne de lingerie pour femmes avant», lance alors l’agent d’Andreja Pejic, comme un pied-de-nez aux normes en vigueur. Un sacré pari, mais l’allure gracile et l’élégance d’Andreja plaisent d’emblée. De Jean Paul Gaultier à Paul Smith, en passant par Raf Simmons et Marc Jacobs, elle défile dès lors pour les plus grands, rappelle «Gala». Mais attention, cette jolie blonde n’a pas fait tout cela pour rien.

Rêvant d’être une femme dans son entièreté, elle se serait lancée dans le mannequinat, selon le New York Times, afin d’accomplir son but ultime: changer de sexe. C’est ainsi qu’en 2014, Andrej devient Andreja, un top qui a réalisé, en devenant femme, «son plus grand rêve», confie-telle à «Styles.com». «Je craignais que mon choix ne soit pas compris. Je ne savais pas si les gens m’aimeraient. (…) Je pense que mon histoire pourra aider d’autres personnes», affirmait-elle, très fière du chemin parcouru. Peu après, elle sort un documentaire retraçant l’incroyable aventure de sa métamorphose,d’un transexuel à la conquête des podiums, afin de briser les tabous qui perdurent.

Lea T, l’égérie

C’est une brune au regard ténébreux, à la peau mate et aux jambes interminables. Baptisée «Leo», elle naît au cœur du Brésil en 1981. De cette enfance baignée dans une culture où il est difficile de parler sexualité et identité sexuelle, elle retient sa grande vulnérabilité, se considérant alors «trop maigre, trop fragile, trop ambigu». Devenue adulte, en quête de paix, elle s’installe à Milan, où elle rencontre celui qui va changer sa vie. Il s’agit du créateur Riccardo Tisci – alors étudiant, il sera ensuite designer pour Givenchy, Versace, Burberry – qui la prend sous son aile.

Il lui fait prendre conscience qu’elle souhaite devenir femme: «Riccardo a vu que je ne me sentais pas bien. Il m’a conseillé d’aller voir des gens, de me renseigner sur la transsexualité. Grâce à lui, j’ai pu m’exprimer», rapporte «Libération». Une révélation dont elle remercie son ami en intégrant à son nom la lettre T, en hommage à Tisci, son nouveau totem. A la différence de sa consœur Andreja Pejic, la masculinité de Lea est plus décelable, et elle en souffre. Mais la mode, par l’excentricité qu’elle exige, est son antidote. «La mode est une affaire de camouflage, de travestissement. On joue avec l’identité, avec les notions de vrai et de faux», rappelle Riccardo Tisci. La frontière ténue entre les genres, l’androgynie de corps sont sources d’inspiration pour cet univers en quête d’une réalité sublimée.

Geena Rocero, la militante

D’origine philippine, Geena est elle aussi une créature de rêve. Mais non contente d’être sublime, elle est aussi avocate et conférencière, militante pour la cause transgenre. Mannequin depuis ses 15 ans, elle change de sexe à 19, rappelle «Les Inrocks». Une dizaine d’années plus tard, en 2014, elle fait son coming-out officiel, lors d’une conférence qui marque les esprits. «Le monde fait de vous quelque chose que vous n’êtes pas. Mais au fond de vous, vous savez ce que vous êtes. Et cette question brûle dans votre cœur: “comment devenir ce quelque chose?”», déclare-t-elle alors. Aux Etats-Unis où elle a déménagé, elle est devenue mannequin, et a changé de sexe. Mais elle rappelle que beaucoup de transgenres n’ont pas sa chance: «Pour de nombreux membres de ma communauté, voici la réalité dans laquelle nous vivons: notre taux de suicide est neuf fois plus élevé que dans le reste de la population», s’indigne-t-elle. Elle poursuit aujourd’hui son combat, a créé sa propre fondation «Gender Proud», et s’inscrit dans la mouvance de l’acceptation de soi, le «body positive».

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Valentina Sampaio, en «Vogue»

En 2017, elle est la toute première mannequin transgenre à faire la couverture de «Vogue». Autant dire un sacre pour Valentina, qui se dit fière de devenir ainsi une icône de la communauté LGBT. Châtain aux yeux verts amande, cette Brésilienne d’origine enchaîne les défilés entre Milan et Sao Paulo, et devient l’égérie d’une très célèbre marque de cosmétiques internationale. Pourtant, elle n’a pas changé de sexe, et ne souhaite pas en parler. «Je veux continuer à me battre pour un monde meilleur. Je ne considère pas cela comme un défaut ou une anomalie. Chacun est comme il est», déclare-t-elle pudiquement dans un entretien à l’AFP.

Contrairement à sa compatriote Lea T, cette Brésilienne a grandi dans un entourage bienveillant et qui l’a acceptée dès son enfance. Aujourd’hui, elle se bat elle aussi pour la cause des transexuels, et peut se vanter d’être suivie par de nombreux fans sur Instagram. Elle a ainsi été qualifiée d’«étendard glam d’une cause en marche», par le célèbre «Vogue», qui en a fait sa première égérie trans.

Isis King, Carmen Carrera, Valentijn de Hingh, Hari Nef…

D’origine américaine, Isis King a fait parler d’elle dans l’émission de téléréalité «America’s Next Top Model». Selon un récent classement, elle fait aujourd’hui partie des mannequins transgenres à suivre de très près…

Carmen Carrera s’est elle aussi fait connaître via le petit écran américain. Elle a ensuite réussi à s’immiscer dans le monde très fermé de la mode, posant pour l’emblématique photographe, David LaChapelle.

Encore aux Etats-Unis, Hari Nef intègre en 2015 la prestigieuse agence de mannequins IMG, et commence à défiler. Mais elle est aussi une intellectuelle avertie, diplômée en arts dramatiques, et auteure de chroniques pour de prestigieux magazines comme «Vice».

Des femmes devenues mannequins hommes

Beaucoup plus rares, les mannequins transgenres femmes devenues hommes existent bien. C’est le cas d’Aydian Dowling, qui a fait la couverture américaine du célèbre «Men’s Health» en 2015. Il est aussi devenu papa fin 2018, et compte des milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux.

En matière de mannequin trangenre femme devenue homme, la star incontestable du moment, c’est Laith Ashley. Sourire ravageur, peau mate, muscles dessinés… Difficile de croire que ce mannequin a grandi en étant fille. Enfant, déjà conscient de sa différence, il fait de la boxe, un sport habituellement réservé aux garçons. Ado, il s’habille en homme et sort avec des femmes, informe «Public». Et c’est en 2014, qu’il devient physiquement un homme, et pose ensuite pour Calvin Klein. Mais sa route est semée d’embûches, de vives critiques lui parviennent et il en souffre profondément. De nombreuses portes se ferment, mais il s’entête et cela finit par payer: il défile à la Fashion Week parisienne, représente la griffe Diesel… Aujourd’hui, les marques se l’arrachent. Il est l’une des icônes sexy de l’année selon les magazines branchés.

Ces mannequins ont fait de leur particularité physique un atout

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