Médecine Vers un meilleur traitement du diabète

ATS

16.10.2019 - 11:46

Les injections d’insuline sont actuellement indispensables à la survie de patients souffrant d’un diabète de type 1 ou d’une forme sévère de diabète de type 2 (archives).
Les injections d’insuline sont actuellement indispensables à la survie de patients souffrant d’un diabète de type 1 ou d’une forme sévère de diabète de type 2 (archives).
Source: KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER

Des chercheurs genevois ont identifié une protéine-clé dans la régulation du glucose et des lipides dans le sang. Cela pourrait ouvrir la voie à un traitement plus efficace du diabète et améliorer la qualité de vie des dizaines de millions de personnes concernées.

Les injections d’insuline sont actuellement indispensables à la survie de patients souffrant d'un diabète de type 1 ou d'une forme sévère de diabète de type 2, a indiqué mercredi l'Université de Genève (UNIGE) dans un communiqué.

Ce traitement n'est pourtant pas sans risque: surdosé, il peut déclencher une hypoglycémie, c'est-à-dire une chute du taux de glucose dans le sang pouvant mener au coma ou même à la mort. Mais sous-dosé, il risque d'engendrer une hyperglycémie tout aussi dangereuse.

De plus, l'insuline participe au contrôle des corps cétoniques, des éléments issus de la dégradation des lipides par le foie lorsque les réserves en glucose sont insuffisantes et qui, en trop grande quantité, deviennent toxiques. Par ailleurs, les traitements insuliniques à long terme engendrent un excès de graisse et de cholestérol dans le sang et donc un risque accru de maladies cardiovasculaires.

Protéines soeurs

En 2010 déjà, l'équipe de Roberto Coppari, professeur au Centre du diabète de l'UNIGE, mettait en évidence les propriétés gluco-et lipido-régulatrices de la leptine, une hormone impliquée dans le contrôle de l’appétit.

«Cependant, la leptine s’est révélée difficile à utiliser pharmacologiquement chez l'être humain, en raison de l'apparition de résistances dans l'organisme», souligne Roberto Coppari, cité dans le communiqué. «Afin de contourner ce problème, nous nous sommes penchés sur les mécanismes métaboliques que déclenche la leptine, plutôt que sur cette hormone elle-même.»

Les scientifiques ont ainsi observé les modifications dans le sang de souris présentant une déficience en insuline et auxquelles ils administraient de la leptine. Ils ont noté la présence en abondance de la protéine S100A9.

«Cette protéine a mauvaise réputation car, lorsqu'elle se lie à sa protéine soeur S100A8, elle crée un complexe appelé calprotectine, à l'origine des symptômes de nombreuses maladies inflammatoires ou auto-immunes», souligne Giorgio Ramadori, premier auteur de ces travaux.

«Cependant, en surexprimant S100A9, nous pouvons paradoxalement réduire sa combinaison nocive avec S100A8 et ainsi limiter la formation de calprotectine», ajoute le chercheur.

Étude clinique

Les scientifiques ont ensuite administré à leurs souris souffrant d'insulino-déficience des doses élevées de S100A9. Ils ont alors constaté une amélioration de la gestion du glucose, ainsi qu'un meilleur contrôle des corps cétoniques et des niveaux de lipides, des anomalies métaboliques dont souffrent fréquemment les personnes diabétiques.

Afin de mieux comprendre ce mécanisme chez l’être humain, l'équipe du Pr Coppari mène actuellement une étude clinique d'observation, en collaboration avec les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), chez des patients diabétiques de type 1 et 2 présentant des taux de glucose très élevés, afin d'identifier les corrélations entre le niveau de S100A9 dans le sang et la sévérité des symptômes.

«Chez l'être humain, des études antérieures ont déjà indiqué que l'augmentation du taux de S100A9 correspond à une réduction des risques de diabète. Ces résultats renforcent donc la pertinence clinique de nos données. C'est pourquoi nous travaillons actuellement à la mise en oeuvre d'essais cliniques de phase I chez l'homme», explique le Pr Coppari.

Vers des traitements combinés

Deuxième découverte: la protéine S100A9 ne semble fonctionner qu'en présence de TLR4, un récepteur situé sur la membrane de certaines cellules – cellules graisseuses et cellules du système immunitaire notamment.

«Pourquoi? Pour l’instant, cela reste mystérieux», note Roberto Coppari. Les chercheurs travaillent actuellement à un traitement qui combinerait de faibles doses d'insuline et de S100A9 pour mieux contrôler le glucose et limiter les effets secondaires de l'insuline fortement dosée. Ils entendent également décrypter le rôle exact de TLR4.

L'objectif est d'offrir une stratégie thérapeutique qui permette d'atteindre le délicat équilibre que constitue un contrôle optimal de la glycémie, des corps cétoniques et des lipides. Ces travaux sont publiés dans la revue Nature Communications.

Retour à la page d'accueil