Un revers pour Pékin Une Argentine première femme à diriger l'OMM

sn, ats

1.6.2023 - 10:48

Une Argentine va devenir en janvier prochain la première femme à diriger l'Organisation météorologique mondiale (OMM) à Genève. Elle a été élue jeudi par les Etats membres au détriment d'un Chinois, preuve des luttes désormais pour faire obstruction à Pékin à l'ONU.

L'Argentine Celeste Saulo va devenir la première représentante d'un pays du Sud à diriger l'Organisation météorologique mondiale (OMM) à Genève.
L'Argentine Celeste Saulo va devenir la première représentante d'un pays du Sud à diriger l'Organisation météorologique mondiale (OMM) à Genève.
ATS

1.6.2023 - 10:48

En 150 ans, jamais l'OMM n'avait été pilotée par une femme, ni par un représentant d'un pays du sud. Cette élection envoie un signal, alors que les pays émergents ou en développement veulent être davantage associés aux discussions sur le climat.

Le scrutin qui s'annonçait serré aura abouti au bout d'un seul tour seulement. La salle du vote était hermétiquement fermée aux regards extérieurs. Mais une clameur est montée des travées, provoquant une confusion auprès des responsables restés en dehors. Tant tout le monde s'attendait à une longue journée d'élection.

En plus de diriger son agence météo nationale, Mme Saulo, 59 ans, était la première vice-présidente de l'organisation. Avec 108 voix, elle a obtenu les deux tiers des suffrages requis.

Cette experte des nuages a encore promis d'oeuvrer à une institution égalitaire, avec un effort pour les plus vulnérables parmi les 193 Etats membres. Saluant une élection «historique» comme femme et représentante du Sud, elle a dit à Keystone-ATS vouloir être «la voix des pays en développement».

Elle souhaite notamment que les petits insulaires, très affectés par le changement climatique, soient davantage entendus. Avec ce large soutien, elle est «confiante» sur la possibilité d'entamer son mandat de quatre ans avec la «collaboration de tous» contre le réchauffement.

Russo-Suissesse également écartée

Les efforts américains contre tout accès d'un Chinois, cette fois-ci Zhang Wenjian, à la tête d'une agence onusienne importante se vérifient. Après l'élection pour la direction de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) il y a trois ans, Pékin subit un nouveau cuisant revers.

Cette rivalité n'explique pas tout. Selon un diplomate occidental, Mme Saulo était faite pour le poste, alors que le candidat chinois, numéro trois de l'institution, n'était pas aussi adapté à la situation. L'ambassadeur chinois à l'ONU à Genève Chen Xu ne se dit pas déçu, reconnaissant une élection «équitable» qui permettra à tous les membres de collaborer.

Preuve toutefois de la politisation grandissante des élections dans les agences onusiennes, la Russo-Suissesse Elena Manaenkova, numéro deux de l'organisation, était donnée avant le scrutin loin derrière les deux favoris. Revendiquant le soutien de Moscou, elle ne pouvait obtenir un succès dans la situation actuelle.

«Je suis très contente», dit-elle. «Unité, un seul tour, une femme, une représentante des pays du sud», elle salue aussi le profil solide de Mme Saulo. «Il ne s'agit pas de moi, pas de la Suisse, mais de l'organisation» dans ce scrutin, ajoute-t-elle. Le second vice-président de l'OMM Albert Matis était également candidat.

L'organisation a pris de l'importance ces dernières années avec la lutte contre le réchauffement climatique. Comme souhaité par le secrétaire général de l'ONU, elle est en première ligne pour armer tous les pays, notamment ceux en développement, d'un système d'alerte contre les situations météorologiques extrêmes.

Au total, plus de quatre désastres sur cinq sont liés aux situations météorologiques ou climatiques. De 1970 à 2021, ils ont fait environ deux millions de victimes, dont 90% dans les pays en développement, et provoqué pour environ 4300 milliards de dollars de pertes économiques (près de 3900 milliards de francs).

Organisation en charge du GIEC

De plus, important pour la Suisse, l'OMM souhaite augmenter, dans différents papiers, les efforts internationaux face aux effets de la diminution des glaciers.

Après deux mandats, le Finlandais Petteri Taalas va quitter dans quelques mois la direction de l'OMM. Il ne cachait pas qu'il aurait aimé continuer, mais lui-même avait lancé le scénario d'une limitation à deux périodes à la tête de l'organisation. En cas de blocage sur le vote, il était prêt à offrir une solution de secours si les membres le souhaitaient.

Outre Mme Saulo, le Congrès de l'OMM devait encore élire plusieurs autres responsables. L'Emirati Abdullah al-Mandous a été choisi comme président.

La prochaine secrétaire générale pilotera l'institution alors que l'année la plus chaude jamais observée aura très probablement lieu d'ici 2027. L'OMM est aussi l'agence en charge du GIEC dont les experts indépendants lancent les évaluations qui alimentent la réponse de la communauté internationale face au réchauffement climatique. Au total, elle rassemble près de 300 personnes.

sn, ats