Sur une table d'un atelier du Musée de l'air et de l'espace, près de Washington, les gants de Neil Armstrong ont l'air presque intacts. A peine distingue-t-on la poussière lunaire qui les a salis il y a bientôt 50 ans.
A côté, le casque de communication de son coéquipier Buzz Aldrin a un peu jauni. La combinaison spatiale de Michael Collins, le troisième astronaute de la mission Apollo 11, est quasi immaculée.
Mais la gomme en silicone bleue du bout des doigts des gants d'Armstrong, premier homme à avoir marché sur la Lune, a commencé un processus irrésistible – et pour l'instant invisible à l'oeil nu – de décomposition. L'intérieur de la combinaison de Collins subit le même destin.
«Au bout de 50 ans, on sait que le caoutchouc se dégrade, il durcit et se craque», explique Lisa Young, restauratrice spécialisée dans les objets spatiaux à l'annexe du musée Smithsonian de Chantilly.
Les gants de la combinaison de Neil Armstrong, dans un atelier de restauration du Air and Space Museum à Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019
La combinaison de l'astronaute d'Apollo 11 Michael Collins dans l'atelier de restauration du Air and Space Museum de Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019
Lisa Young, restauratrice de l'Air and Space Museum de Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019, près de la combinaison spatiale de Michael Collins (Apollo 11)
Le casque de communication porté par Buzz Aldrin pendant la mission Apollo 11, dans l'atelier de restauration du Air and Space Museum de Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019
Cathleen Lewis, conservatrice des combinaisons spatiales, manipule l'un des gants de Neil Armstrong lors de la mission Apollo 11, dans l'atelier de restauration du Air and Space Museum de Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019
L'inéluctable désagrégation de la combinaison de Neil Armstrong
Les gants de la combinaison de Neil Armstrong, dans un atelier de restauration du Air and Space Museum à Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019
La combinaison de l'astronaute d'Apollo 11 Michael Collins dans l'atelier de restauration du Air and Space Museum de Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019
Lisa Young, restauratrice de l'Air and Space Museum de Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019, près de la combinaison spatiale de Michael Collins (Apollo 11)
Le casque de communication porté par Buzz Aldrin pendant la mission Apollo 11, dans l'atelier de restauration du Air and Space Museum de Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019
Cathleen Lewis, conservatrice des combinaisons spatiales, manipule l'un des gants de Neil Armstrong lors de la mission Apollo 11, dans l'atelier de restauration du Air and Space Museum de Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019
«C'est inévitable. Ils ont été fabriqués pour une seule utilisation: aller sur la Lune et revenir. Les matériaux étaient nouveaux dans les années 1960. L'intérieur en caoutchouc devait durer six mois seulement, cela fait maintenant 50 ans», continue cette femme qui était enfant quand Armstrong et Aldrin ont marché sur la Lune, dans la nuit du 20 au 21juillet 1969.
Retarder l'échéance
Dans cet atelier interdit au public, visité par l'AFP, des conservateurs se consacrent à retarder, faute de pouvoir empêcher, le vieillissement de ces objets vénérés par des générations de passionnés d'espace.
Lisa Young connaît intimement la combinaison de Neil Armstrong. Après avoir fait le tour des Etats-Unis à la suite de la mission, elle a été exposée au musée de Washington jusqu'en 2006. Elle était depuis en restauration dans cet atelier. Elle sera de nouveau exposée à partir du 16 juillet, jour du cinquantième anniversaire du départ d'Apollo 11.
Apollo fut aussi un pas de géant technologique sur Terre
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La fusée Saturn V, qui a lancé les astronautes d'Apollo vers la Lune
L'ordinateur des années 1950-1970 «ERNIE», au Science Museum de Londres le 19 juin 2008
Un sac de nourriture lyophilisée de la mission Apollo 11, au musée de l'Air et de l'Espace de Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019
Les bottes lunaires de l'astronate Gene Cernan, qui a marché sur la Lune en 1972, au musée de l'Air et de l'Espace de Chantilly, le 28 juin 2019
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Les aspirateurs sans fil, comme ici de la marque LG lors du salon CES à Las Vegas en janvier 2017, utilisent une technologie en partie développée pour les missions Apollo
Pour leur combinaison, les pompiers ont adopté dans les années 1950-60 une fibre développée dans le cadre des missions sur la Lune. Ici, un pompier à Paradise, en Californie, en novembre 2018.
«Je suis triste mais soulagée. Cela fait longtemps. Je suis contente que le public la voie de nouveau», confie Lisa Young. Il n'y a pas grand-chose à faire pour réparer les combinaisons: elles sont composées de 21 couches différentes qu'il n'est pas possible de découper ou de séparer.
La couche extérieure ne craint que la lumière (qui la fait jaunir): elle est en fibres de verre enrobées de Téflon, censées protéger les astronautes de micrométéorites et des radiations. «L'extérieur va rester plus beau et stable que les couches intérieures, car ce sont des fibres de verre, et on sait comment les préserver», dit Lisa Young.
Poussière lunaire abrasive
En revanche les adhésifs entre couches – que les conservateurs ont étudiées grâce à divers appareils d'imagerie – changent de couleur et se dégradent. Il se produit aussi une réaction chimique entre le cuivre des Fermetures éclair et leur doublure en caoutchouc, qui catalyse la décomposition.
Les conservateurs utilisent des solvants pour nettoyer les parties en métal. Ils recousent les fibres textiles qui se défont, mais jamais si la déchirure date d'Apollo. Et aspirent les poussières du musée qui s'infiltrent.
Enfin, des mannequins sur-mesure soutiennent de l'intérieur les fibres, dont le seul poids contribue à l'usure et à la déformation. La combinaison d'Armstrong sera désormais exposée dans une vitrine à basse température et faible humidité, protégée de toute lumière nocive.
Il y a 50 ans, deux Américains marchaient sur la Lune
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50 ans de la mission Apollo 11
Buzz Aldrin le 20 juillet 1969 sur la Lune, photographié par Neil Armstrong, visible dans le reflet de la visière de son coéquipier
Neil Armstrong, Michael Collins et Buzz Aldrin (de gauche à droite), le 30 mars 1969 au centre spatial Kennedy
Buzz Aldrin devant le module lunaire le 20 juillet 1969, photographié par Neil Armstrong
Décollage de la mission Apollo 11 le 16 juillet 1969 depuis le centre spatial Kennedy en Floride
Le module lunaire en train de remonter vers le module de commande en orbite de la Lune le 21 juillet 1969, avec un lever de Terre en arrière-plan
Le président américain Richard Nixon avec les trois astronautes d'Apollo 11, placés en quarantaine à bord du porte-avions USS Hornet, le 24 juillet 1969
A l'époque, les ingénieurs de la Nasa pensaient bien faire en choisissant leurs matériaux. Mais ils ne pouvaient que supposer de quoi était composé le sol lunaire. Celui-ci «est bien plus abrasif que ce que nous avions anticipé», dit Cathleen Lewis, la conservatrice responsable des combinaisons spatiales.
Elle montre les bottes en fibres d'acier et en semelles de silicone de Gene Cernan, le dernier homme à avoir marché sur la Lune en 1972, pour Apollo 17: elles gardent de son long séjour lunaire de trois jours un voile noir de saleté. Au microscope, «on voit les granules de poussière lunaire incrustées et en train d'éroder les fibres d'acier», dit Cathleen Lewis. «C'est une des leçons tirées» de l'ère Apollo.
La lune en vidéographie:
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