Très écoutésLes épidémiologistes et les virologues sortent de l'ombre
cz, ats
14.2.2021 - 13:05
Peu de gens dans ce pays s'intéressaient aux travaux des épidémiologistes et des virologues avant l'apparition du coronavirus. Aujourd'hui, leur expertise et leur jargon figurent au coeur des discussions.
Les épidémiologistes sont presque tous les jours au front depuis une année. Leurs termes sont sur toutes les lèvres. Presque personne ne savait auparavant ce qu'était un taux de reproduction, une incidence ou un événement superpropagateur.
«Pour moi, en tant qu'épidémiologiste, c'est très excitant de vivre de l'intérieur la pandémie de coronavirus», déclare Jürg Utzinger, directeur de l'Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH), dans un entretien accordé à Keystone-ATS.
La pandémie offre des opportunités à son institution, qui aurait pu connaitre une année 2020 difficile. En effet, les revenus provenant des voyages et de la médecine tropicale (vaccinations, conseils de voyage et diagnostic des voyageurs de retour) se sont presque totalement effondrés, alors que 18'000 consultations avaient été effectuées en 2019. Cependant, l'omniprésence du virus a permis à l'institut d'obtenir de nouveaux fonds de recherche et un soutien accru de la part des cantons de Bâle et de la Confédération.
Le Swiss TPH bénéficie aussi de fonds de recherche du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS). Pour faire face à la pandémie de Covid 19, le FNS a lancé deux programmes au printemps 2020. L'un est le programme national de recherche «Covid-19» (PNR 78), qui consacre 18,6 millions de francs à 28 projets de recherche. Le FNS indique financer des projets qui contribuent à une meilleure compréhension du virus et à l'amélioration des mesures et de la politique sanitaire dans un délai de deux ans.
Expertise recherchée
Ce soutien est le bienvenu pour l'institut, car ses employés jouent un rôle important dans la lutte contre la pandémie depuis mars 2020. Certains sont experts dans la Task force scientifique de la Confédération, d'autres au centre de dépistage de l'hôpital universitaire de Bâle et d'autres encore à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Et la pandémie renforce l'attrait pour cette profession dont les perspectives de carrière étaient déjà brillantes avant la pandémie de coronavirus Des dizaines d'épidémiologistes sont formés chaque année en Suisse.
Les virologues ont tendance à être considérés comme des «découvreurs». Ils caractérisent et classifient les virus en laboratoire et effectuent des recherches sur leurs propriétés ainsi que sur la prévention et le traitement des infections virales.
Les épidémiologistes, poursuit M. Utzinger, ont tendance à être des «praticiens». Ils ont généralement une expérience dans les régions épidémiques d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie. Ils traitent de la propagation, des causes, des facteurs de risque et des conséquences d'une pandémie pour la population.
Vaste domaine professionnel
La Suisse dispose d'un vaste réseau d'épidémiologistes. Selon M. Utzinger, il existe pour eux des possibilités d'emploi intéressantes en Suisse dans la recherche (universités, hautes écoles spécialisées, offices fédéraux (par exemple l'OFSP), dans les organisations internationales (par exemple à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève), dans les fondations ou dans le secteur privé (Novartis, Roche).
Chaque année, le Swiss TPH forme 15 à 25 étudiants en master et 40 à 50 doctorants de Suisse et de l'étranger pour devenir épidémiologistes. Il existe également des cursus correspondants à Berne et à Zurich.