Nutrition Pourquoi les bactéries seront nos meilleures alliées en 2022

Relax

20.1.2022 - 12:36

Elles sont aussi vieilles que le monde. Elles se nichent absolument partout dans notre vie. Et l'on a appris à les détester. Les bactéries nous font pourtant du bien et pourraient même sauver l'humanité ! Difficile d'y croire en temps de pandémie. Pourtant, en 2022, il sera temps de réhabiliter ces minuscules êtres vivants indispensables à notre quotidien. Voici l'épisode 5 du Calendrier de l'Après, notre cahier de tendances 2022.

Il existe mille milliards d'espèces de micro-organismes, mais tous ne sont pas de mauvais microbes
Il existe mille milliards d'espèces de micro-organismes, mais tous ne sont pas de mauvais microbes
Prrrettty / Shutterstock

20.1.2022 - 12:36

Honorer les bactéries en pleine crise sanitaire, cela pourrait paraître provocant. Pourtant, il ne faut surtout pas tout mettre dans le même panier. Il y a les mauvaises bactéries, celles qui vous donnent mal au ventre (voire pire) lorsqu'elles se sont infiltrées dans un aliment cru ou un œuf (salmonelle et listeria), ou provoquent angines, gastro-entérites ou pire, le choléra. Et puis, il y a les «bonnes» bactéries, celles qui nous font du bien parce qu'elles ne sont pas pathogènes.

Selon le bimestriel Socialter, il existe mille milliards d'espèces de micro-organismes quand on ne compte que dix millions d'espèces animales. Présentes depuis la nuit des temps, celles que l'on désigne à tort péjorativement comme des «microbes» sont absolument partout : dans l'air, dans la Terre, dans l'eau. Mesurant entre un et dix microns, ces organismes unicellulaires «régulent les écosystèmes, modulent les flux de carbone et d'azote, produisent la moitié de l'oxygène disponible, forment des symbioses avec tous les êtres vivants, protègent des microbes pathogènes, facilitent l'absorption des nutriments, instruisent le système immunitaire et régulent quantité de paramètres physiologiques», écrit le magazine. Bref, elles sont tout sauf des ennemies. Et depuis quelque temps, tout comme se développe le bio mimétisme, en espérant apprendre des processus naturels, se cultivent les bactéries comme des générateurs de vie.

C'est quoi une «bonne bactérie» ?

La réhabilitation a commencé par le microbiote. Soudain, il est devenu passionnant de s'intéresser à la vie intérieure de nos intestins et à ces micro-organismes sans qui nous aurions des ballonnements, des flatulences ou un transit sérieusement perturbé. Vous en ingérez lorsque vous mangez un yaourt, croquez dans un cornichon, servez de la choucroute ou encore buvez une bière. Les bactéries sont à la base du principe de fermentation, celui qui transforme par exemple le jus de raisin en vin. Lors de ce processus naturel, les micro-organismes consomment le sucre et l'eau contenus dans les aliments. En se multipliant, ces microscopiques êtres vivants vont changer le goût mais aussi la texture et même la couleur d'un produit alimentaire.

La fermentation n'est pas uniquement un bon moyen de conserver un aliment plus longtemps (elle ne sert pas à préparer que des pickles !). Ces micro-organismes sont aussi capables d'augmenter la teneur en vitamines B et C, mais aussi en zinc et en fer et de rendre même les protéines plus digestibles. L'exemple type, c'est le pain au levain. Cette fameuse potion grisâtre que nombre de confinés ont tenté de concocter présente la capacité de dévorer l'acide phytique présent dans les farines, responsable de cette sensation de lourdeur dans l'estomac. En fait, le pain «pré-mâche» cette substance naturelle. L'été dernier, des chercheurs américains de la Stanford School of Medecine ont découvert qu'un régime enrichi en aliments fermentés durant dix semaines augmentait la diversité du microbiome et qu'on pouvait même maintenir son poids, réduire les risques de diabète et de cancer ainsi que les maladies cardiovasculaires. Il faudrait ingérer jusqu'à six aliments du genre pour profiter des effets bénéfiques. Sans que nous nous en rendions compte, les bactéries sont devenues indispensables à notre alimentation car les produits fermentés composent désormais 5 à 40% de l'alimentation humaine, selon les cultures culinaires.

Il y a cinq ans, une étude de BIS Research estimait que le marché des ingrédients fermentés pèserait 888,76 milliards de dollars à l'horizon 2023. Les industriels travaillent depuis plusieurs années déjà sur des innovations alimentaires peuplées de «bonnes» bactéries. Prenez ce jus de cornichons développé spécifiquement pour les sportifs par la marque américaine Pickle Juice Company qu'elle a présentée lors du salon international des innovations alimentaires à Paris en 2018. De son côté, la marque coréenne Ligaro avait transformé son kimchi – une préparation iconique de la K-cuisine à base de chou et de piments, en... confiture !

Des bactéries pour nous rendre plus belles

Les microbes ne se nichent pas seulement dans nos assiettes à bon escient. Ils s'infiltrent aussi dans les crèmes anti-rides, les sérums hydratants et le reste de notre panoplie beauté. Les marques de cosmétiques se sont en effet rendu compte que le processus de fermentation pouvait aussi leur être utile : en laissant proliférer ces microscopiques champignons, on obtiendrait une meilleure concentration en nutriments et en antioxydants au sein même des tissus de l'épiderme. En fait, les actifs seraient boostés grâce à la détérioration des mauvais microbes et à la multiplication des bonnes bactéries. L'analyste américain WGSN a donc misé tout naturellement dans son rapport publié récemment sur la beauté fermentée comme tendance devant exploser en 2022.

... Mais aussi pour sauver l'humanité ?

En pleine pandémie, il est difficile d'envisager les microbes comme des organismes qui pourraient nous tracer un avenir meilleur. Pourtant, des chercheurs de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS) ont bel et bien travaillé sur des molécules produites par des bactéries capables de tuer... d'autres bactéries. Une découverte qui pourrait très bien prendre la forme d'un futur savon. Celui-ci remplacerait les actuels détergents que l'on a appris à utiliser avec la crise sanitaire, nocifs pour l'environnement compte tenu de leurs composants à base de dérivés du pétrole.

Les bactéries sont même capables d'absorber l'uranium et de le contenir dans des sortes de bulles. Cette trouvaille des chercheurs de l'université de l'Etat du Michigan, qui ne concerne que la famille des bactéries Geobacter, incarne un véritable espoir pour tenter de lutter contre les déchets radioactifs. Un autre micro-organisme, le Serratia ficaria SH7, a la capacité quant à lui d'absorber les polluants fixés sur les monuments ou les statues. L'information révélée par Le Figaro en juin dernier avait permis de comprendre comment des conservateurs et des scientifiques étaient parvenus à rénover la chapelle des Médicis de Florence.

Le Calendrier de l'Après :

Après le choc covid en 2020, on attendait le monde d'Après, aligné, apaisé. Finalement c'est la vie digitale, hybride qui s'est imposée, avec des écrans devenus indispensables à toutes nos activités, de l'éducation au travail, de l'amour aux achats. Cette virtualisation accélérée nous rend nostalgiques d'un Avant, d'un monde et d'une nature désormais idéalisés. C'est ainsi que cohabitent dans nos prévisions 2022, Netflix et la mode, la fin du like, la voiture du futur et notre glossaire des 22 mots qu'on se surprendra à utiliser en 2022... Retrouvez toutes les tendances dans le Calendrier de l'Après 2022... Bonne lecture

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