La «personnalité» des fourmis conditionne celle de leur colonie, selon une étude publiée mercredi, qui soutient l'hypothèse que le petit hyménoptère est rétif à tout «conformisme social» au sein même du groupe auquel il appartient.
Les colonies de fourmis sont à l'image de leurs membres
Loin d'être un groupe homogène de bons petits soldats ou ouvrières, les colonies de fourmis montrent une variété de comportements
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Les colonies de fourmis sont à l'image de leurs membres
Loin d'être un groupe homogène de bons petits soldats ou ouvrières, les colonies de fourmis montrent une variété de comportements
Loin d'être un groupe homogène de bons petits soldats ou ouvrières, les colonies de fourmis montrent une variété de comportements. Tout comme bon nombre de groupes d'animaux dits sociaux.
Mais la compréhension de l'interaction entre «les comportements individuel et collectif reste un enjeu majeur en biologie du comportement et de l'évolution», remarque l'étude publiée dans les Biology Letters de la Royal Society.
Et ce, parce qu'il n'y a pas de «réponse claire à la question de savoir si le comportement d'un individu change quand il se retrouve dans un groupe», explique à l'AFP la professeure d'éthologie Patrizia d'Ettorre, spécialiste des insectes dits sociaux.
L'équipe de cette co-autrice de l'étude et chercheuse au laboratoire d'éthologie expérimentale et comparée de l'Université Sorbonne Paris Nord a cherché une réponse avec des fourmis de l'espèce Aphaenogaster senilis.
Elle a d'abord soumis une centaine d'ouvrières à deux tests montrant «l'existence de traits de personnalité».
Ces tests, très classiques, ont mesuré la propension de chaque insecte à se risquer en dehors du nid – en l’occurrence un tube à essai – et ensuite à s'aventurer plus ou moins loin dans une enceinte.
Les chercheurs ont ensuite constitué des groupes de fourmis homogènes en fonction de leur personnalité plus ou moins exploratrice, avec l'idée de «voir si leur comportement allait changer selon leur groupe d'appartenance».
Tâches de survie
Ils ont alors soumis ces groupes à des tests les confrontant à des tâches de survie importantes.
Par exemple, savoir utiliser un outil – imbiber une petite éponge d'une solution sucrée pour le rapporter au nid. Reconnaître et attaquer un ennemi. Collecter des minuscules mouches mortes pour ravitailler le nid. Transporter les larves de fourmi dans un nouveau nid quand l'ancien n'est plus disponible.
Sans surprise, l'équipe a constaté que «les groupes constitués de fourmis exploratrices étaient meilleurs dans toutes les taches», selon le Pr d'Ettorre.
En revanche, dans les groupes de fourmis les moins aventureuses, «on pouvait s'attendre à ce que certains individus se bougent, changent de comportement, mais ça n'a pas été le cas».
Autrement dit, et en accord avec l'hypothèse du «type comportemental», l'expérience a montré que «la personnalité de la fourmi ne change pas quand elle se retrouve dans un groupe», explique la Pr d'Ettorre.
Pour autant, dans une colonie, ces fourmis peu aventureuses doivent bien avoir une utilité, souligne la chercheuse qui étudie les insectes sociaux depuis 30 ans.
Si la fourmi peu aventureuse n'a pas une si grande utilité pour les taches critiques, elle doit bien en avoir une pour d'autres labeurs aussi essentiels à la vie de la colonie.
C'est pourquoi il serait «intéressant à l'avenir de constituer des groupes hétérogènes pour tester leurs performances» par rapport à des groupes homogènes, avance la Pr d'Ettorre.
Car chaque fourmi excelle au moins à une tache et bien peu sont douées pour en assurer plusieurs.
Ainsi, dans son étude, l'équipe du LEEC n'a identifié que cinq «ouvrières d'élite» sur 280, capables de participer à au moins trois des quatre taches des tests.