Coronavirus Le meilleur point de vue sur la crise

ATS

2.4.2020 - 18:42

Denis Froidevaux, chef de l'Etat-major cantonal de conduite, dirige le poste de commandement pour le canton de Vaud pendant la crise du coronavirus.
Denis Froidevaux, chef de l'Etat-major cantonal de conduite, dirige le poste de commandement pour le canton de Vaud pendant la crise du coronavirus.
Source: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

Le TOC – pour «tactical operations center» – de l'Etat-major cantonal de conduite (EMCC) doit avoir un œil sur tout ce qui se passe dans le canton de Vaud en lien avec la pandémie de Covid-19. Reportage dans l'un des centres névralgiques de la gestion de la crise.

Le TOC est logé au Centre de la police cantonale à la Blécherette sur les hauts de Lausanne dans une salle borgne, tapissée d'écrans. Au 26e jour d'opération, une dizaine de personnes s'y activent. «Nous sommes à la limite des règles sanitaires, note Denis Froidevaux, le chef de l'EMCC. Si le Conseil fédéral prend des mesures supplémentaires, nous devrons déménager.»

Denis Froidevaux est le seul de la pièce à ne pas porter l'uniforme (hormis les journalistes présents). Il y a le bleu de la police, dont un agent assure le lien entre les activités de la Grande Maison et le TOC, le bleu marine des membres de l'EMCC et le vert de la protection civile (PCi) qui est là en renfort.

M. Froidevaux salue au passage la qualité du personnel de la PCi: «Ce sont des gens qui sont parfois plus importants que nous.»

Données multiples

Toutes les informations du terrain remontent au centre opérationnel. Sur les écrans s'affichent l'évolution des hospitalisations par établissement, les hommes de la PCi engagés sur terrain, la carte des EMS ou encore l'état d'approvisionnement de la grande distribution. Et bien sûr, l'évolution du nombre de décès. Même l'état de la situation dans les centres funéraires est surveillé de près.

Ces données permettent d'ajuster le dispositif et, si possible, d'anticiper lorsque les signaux commencent à tourner à l'orange dans un secteur.

«S'adapter en face d'un adversaire que l'on ne voit pas.»

«Il faut constamment s'adapter, nous sommes en face d'un adversaire que l'on ne voit pas et qui fait évoluer la situation d'heure en heure», relève Patrick Lampert qui gère ce dispositif. Il dirige l'opérationnel, alors que son supérieur, Denis Froidevaux, est à l'échelon «stratégique». Il n'est pas évident de s'y retrouver dans l'organigramme de l'état de nécessité décrété par le gouvernement.

Cette nouvelle organisation se décompose en trois couches bien distinctes: politique, stratégique et opérationnel. Au sommet, le Conseil fédéral gouverne par ordonnances et le Conseil d'État avec des arrêtés. «Le politique décide et nous exécutons», clarifie Denis Froidevaux. La mission de l'EMCC est «d'assurer au Conseil d'État la capacité de prendre des décisions.»

Organigramme complexe

En dessous, l'échelon stratégique est composé du médecin cantonal, Karim Boubaker, et du chef de l'État-major cantonal de conduite. Ils chapeautent l'opérationnel avec principalement la cellule de crise de la Direction générale de la santé, qui se concentre sur les questions sanitaires, et l'EMCC qui s'occupe du reste.

«Notre mission est de créer des conditions favorables pour soutenir le dispositif sanitaire qui est la clé du succès contre la pandémie», précise le chef de l'EMCC. Denis Froidevaux répète souvent à ses interlocuteurs que l'on est en terra incognita. Il faut trouver des solutions à des problèmes auxquels personne n'a jamais été confronté auparavant.

«Nous estimons que l'on est parti pour au minimum 80 jours de crise», lâche-t-il. «Après, il faudra imaginer la désescalade de la crise, comment remettre la machine en route. Cela n'a également jamais été fait.»

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