Irak – Syrie Washington frappe des pro-Iran, indignation

ATS

30.12.2019 - 18:43

Les Etats-Unis ont mené dimanche des raids aériens contre des bases des brigades du Hezbollah, une faction pro-Iran du Hachd al-Chaabi. Ces frappes, près de la Syrie, ont fait 25 morts.
Les Etats-Unis ont mené dimanche des raids aériens contre des bases des brigades du Hezbollah, une faction pro-Iran du Hachd al-Chaabi. Ces frappes, près de la Syrie, ont fait 25 morts.
Source: KEYSTONE/AP/KM

Bagdad menace de «revoir» ses relations avec Washington et des députés appellent à bouter les soldats américains hors d'Irak: la mort d'au moins 25 combattants pro-Iran dans des raids de représailles américains suscitaient lundi l'indignation en Irak.

Ces raids «poussent l'Irak à revoir ses relations et son cadre de travail sur les plans sécuritaire, politique et légal pour protéger sa souveraineté», a menacé lundi le gouvernement irakien, dans un communiqué.

Vendredi, 36 roquettes avaient frappé une base américaine dans le centre du pays, tuant un sous-traitant américain et blessant des soldats américains. En représailles, les Etats-Unis -qui avaient promis une réponse «ferme» face à la multiplication de ce type d'attaques qu'ils attribuent à des factions pro-Iran- ont mené dimanche des raids aériens contre des bases des brigades du Hezbollah, une faction pro-Iran du Hachd al-Chaabi.

Défilés conspuant Washington

Ces frappes, près de la Syrie, ont fait «25 morts et 51 blessés», combattants et commandants, selon le Hachd, une coalition de paramilitaires formée pour lutter contre le groupe Etat islamique (EI) et désormais intégrée aux forces irakiennes. «Les forces américaines ont agi en fonction de leurs priorités politiques et non de celles des Irakiens», a dénoncé le gouvernement irakien.

Les raids des Etats-Unis ont fait passer pour le moment au second plan la révolte inédite, car spontanée, contre le pouvoir à Bagdad et son parrain iranien. Dans la quasi-totalité des villes du sud du pays, les manifestations du jour se sont transformées en défilés conspuant Washington, des manifestants brûlant ou piétinant des drapeaux américains.

Pour Téhéran -grand ennemi de Washington mais, comme lui, allié de l'Irak- ces frappes montrent le «soutien au terrorisme» des Etats-Unis. Le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah -distinct des brigades du Hezbollah visées- a dénoncé une «violation flagrante de la souveraineté» de l'Irak, rappelant le rôle du Hachd dans la lutte contre l'EI.

«Dégager l'ennemi américain»

Le chef du Pentagone Mark Esper a, lui, parlé de «succès». Il a dit avoir discuté avec le président américain Donald Trump «des autres options sur la table».

Mais en Irak, les frappes américaines suscitent l'indignation. Des dizaines de députés au Parlement ont ainsi signé un appel pour que soit réexaminé l'accord de coopération américano-irakien encadrant la présence de 5200 soldats américains dans le pays.

Les brigades du Hezbollah ont appelé à «dégager l'ennemi américain» tandis qu'une autre faction pro-Iran, Assaïb Ahl al-Haq, a estimé que la présence militaire américaine était devenue «une source de menace». «Il est désormais impératif de tout faire pour les expulser par tous les moyens légitimes», juge-t-elle. Et même les partis d'opposition, réputés proches de Washington, ont dénoncé les frappes américaines.

Les attaques contre des intérêts américains ou des bases des pro-Iran font aussi redouter ce contre quoi les dirigeants irakiens mettent en garde depuis des mois: que leurs deux alliés américain et iranien utilisent l'Irak comme champ de bataille.

«Les autorités doivent empêcher que l'Irak ne devienne un espace où régler ses comptes», a estimé de son côté le bureau du grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire de la politique irakienne. De son côté, Moscou a mis en garde contre une escalade de frappes «inacceptables et contre-productives» qui «pourraient fortement déstabiliser» un Moyen-Orient en pleine tourmente.

Un américain tué en Irak

Révolte contre Bagdad et Téhéran

En deux mois, 11 attaques à la roquette ont visé des intérêts américains en Irak, pays en pleine révolte où Washington a perdu de son influence. Pour plusieurs d'entre elles, des sources américaines avaient pointé du doigt les brigades du Hezbollah, estimant que les pro-Iran sont désormais une menace plus importante que les cellules clandestines de l'EI.

Cette escalade survient alors qu'une grande partie de l'Irak est le théâtre d'une révolte depuis début octobre. Les manifestants appellent à mettre à bas un système politique installé par les Américains dans la foulée de leur invasion en 2003 et désormais noyauté par les Iraniens. Ce mouvement marqué par près de 460 morts et 25'000 blessés a entraîné une crise politique, dans laquelle l'Iran joue un rôle central.

De nouvelles manifestations

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