Les sanctions tombentUkraine: Londres promet de «frapper la Russie très fort»
ATS
22.2.2022 - 12:44
Le Royaume-Uni, centre financier essentiel aux milieux d'affaires russes, a promis de «frapper la Russie très fort» mardi avec «une première série» de sanctions économiques, après la reconnaissance de l'indépendance de régions séparatistes en Ukraine, qui seront suivies d'autres «en cas d'invasion».
22.02.2022, 12:44
22.02.2022, 15:38
ATS
Le gouvernement britannique a adopté une position dure face à Moscou dans la crise russo-occidentale autour de l'Ukraine, mais a été accusé dans le même temps de fermer les yeux depuis des années sur l'origine de l'argent russe affluant à Londres.
À l'issue d'une réunion de crise à Downing Street au petit matin, le Premier ministre britannique Boris Johnson a indiqué qu'il présenterait au Parlement dans la journée des sanctions qui ne se limiteront pas à des entités précises liées aux régions séparatistes prorusses de Donetsk et Lougansk, dont Vladimir Poutine a reconnu l'indépendance lundi soir.
Les sanctions s'attaqueront aussi aux «intérêts économiques russes qui soutiennent la machine de guerre russe». «Elles vont frapper la Russie très fort et nous ferons bien plus en cas d'invasion», a-t-il ajouté sur les télévisions britanniques, jugeant Vladimir Poutine «déterminé» à une intervention militaire «à grande échelle».
«Il ne s'agit que d'une première série de sanctions économiques britanniques contre la Russie car je crains qu'il faille s'attendre à davantage d'attitude irrationnelle de la part de la Russie», a-t-il déclaré.
Les relations entre Moscou et Londres sont tendues depuis des années. Elles n'ont cessé de se détériorer depuis la mort de l'ex-agent russe Alexandre Litvinenko, empoisonné au polonium en 2006 à Londres, se dégradant encore lors de l'empoisonnement de l'ex-agent russe Sergueï Skripal en 2018 en Angleterre.
Paradis fiscaux
Dans le même temps, les autorités britanniques se sont vu reprocher leur inaction depuis des années face aux flux d'argent russe, soupçonné de venir parfois de la corruption, d'activités criminelles et d'être utilisé à des fins d'influence. Des oligarques russes disposent d'importants avoirs et propriétés dans les quartiers huppés de la capitale britannique, parfois surnommée «Londongrad».
L'ONG Transparency International estime à 1,5 milliard de livres (1,8 milliard d'euros) la valeur des biens immobiliers détenus au Royaume-Uni par des Russes accusés de corruption ou liés au Kremlin, dont les deux tiers dans des paradis fiscaux dépendant de la Couronne britannique, comme les Iles Vierges Britanniques et l'Ile de Man.
Cela fait craindre que des sanctions soient moins efficaces, les entités visées ayant pu mettre leur argent à l'abri grâce au laisser-aller britannique, dans des paradis fiscaux ou des propriétés britanniques via des intermédiaires.
Sous pression, le gouvernement britannique a annoncé la semaine dernière l'arrêt immédiat de ses «visas en or» réservés aux riches investisseurs, utilisés en premier lieu selon la presse britannique par des hommes d'affaires russes et chinois.
«N'ayez pas de doute sur le fait que si des entreprises russes sont empêchées de lever du capital sur les marchés financiers britanniques (...) cela va commencer à faire mal», a assuré mardi Boris Johnson. Il a indiqué que Londres comptait aussi apporter à Kiev un soutien militaire «létal mais défensif», après avoir livré récemment à l'armée ukrainienne des missiles antichars.
Suspension de l'autorisation du gazoduc Nord Stream 2
De son côté, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré: «Je suis confiant dans le fait (...) que nous allons réussir» à faire adopter au sein des Vingt-Sept des sanctions lourdes, lors d'une conférence de presse. Il a notamment annoncé mardi suspendre l'autorisation du gazoduc controversé Nord Stream 2 reliant la Russie à l'Allemagne, après la reconnaissance par Moscou de l'indépendance de provinces ukrainiennes pro-russes.
«Sans cette certification, Nord Stream 2 ne peut pas être mis en service», a déclaré M. Scholz lors d'une conférence de presse avec le premier ministre irlandais Michael Martin, ajoutant que le dossier allait être «réexaminé» par le gouvernement allemand.
En parallèle, il a également appelé à de nouveaux efforts diplomatiques entre les Occidentaux et la Russie. «Il est important, en plus des premières sanctions, d'éviter une nouvelle escalade et donc une catastrophe», a assuré le dirigeant lors d'une conférence de presse. «C'est l'objectif de tous nos efforts diplomatiques», a-t-il ajouté soulignant que «80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, une guerre menace l'Europe de l'Est».
«Peur de rien»
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé mardi dans une adresse à la nation une violation de «la souveraineté et l'intégrité territoriale» de l'Ukraine après la reconnaissance l'indépendance des deux «républiques» séparatistes du Donbass par Moscou.
«Les Ukrainiens sont sur leurs terres», a-t-il ajouté. Ils n'ont «peur de rien, ni de personne» et ne céderont pas «une seule parcelle du pays». M. Zelensky a déclaré attendre des alliés occidentaux un soutien «clair» et «efficace» à son pays face à la Russie. «Il est très important de voir maintenant qui est notre vrai ami», a-t-il ajouté.
En outre, l'Ukraine a rappelé mardi pour «consultations» son chargé d'affaires à Moscou, après la décision de Vladimir Poutine. Le plus haut représentant diplomatique ukrainien en Russie, «le chargé d'affaires Vassyl Pokotylo a été rappelé en Ukraine pour mener des consultations», a indiqué la diplomatie ukrainienne dans un communiqué.
Peu avant, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait annoncé envisager la rupture des relations diplomatiques avec la Russie, l'accusant de préparer la poursuite de son «agression militaire contre l'Ukraine».
«J'ai reçu une requête du ministère des Affaires étrangères d'examiner la question de la rupture des relations diplomatiques entre l'Ukraine et la Russie», a indiqué M. Zelensky. «Je vais examiner cette question tout de suite, après notre conférence de presse», a-t-il ajouté.
En reconnaissant les territoires séparatistes et en annonçant un déploiement de ses troupes, «la Russie crée des (bases) légales pour la poursuite de son agression militaire contre l'Etat ukrainien», a poursuivi M. Zelensky.